[13,8] Ταῦτά μου τὰ μαντεύματα τὴν ψυχὴν ταράττει,
καὶ οὔτε καθαρῶς εἰς ὑπεροψίαν ἄγει τῆς μαντικῆς,
οὔτε καθαρῶς τοῖς λογισμοῖς διαπιστεύει· ἀλλ´ ὥσπερ
τῶν ἀμφιβίων ζῴων οἱ ὄρνιθες κοινωνοῦσιν τοῦ ἐν
ἀέρι δρόμου τοῖς μεταρσίοις, τοιαύτην ὁρῷ καὶ τῷ ἀνθρώπῳ
τὴν διαγωγὴν τοῦ βίου, ἀμφίβιον καὶ κεκραμένην
ὁμοῦ ἐξουσίᾳ καὶ ἀνάγκῃ· οἵα γένοιτ´ ἂν καὶ
δεσμώτῃ ἀνδρὶ ἐξουσία ἑπομένῳ αὐθαιρέτως τοῖς ἄγουσιν·
ὥστε ἐγὼ ὑποπτεύω μὲν τὴν ἀνάγκην, ὀνομάσαι
δὲ αὐτὴν εὐπόρως οὐκ ἔχω. Κἂν γὰρ πεπρωμένην
φῶ, ὄνομα λέγω πλανώμενον ἐν ἀνθρώπων δόξαις·
τίς γὰρ ἡ πεπρωμένη; ποίας φύσεως; τίνος οὐσίας;
Εἰ μέν τοι θεός ἐσσι, τοὶ οὐρανὸν εὐρὺν ἔχουσιν,
οὐδὲν τῶν δεινῶν σὸν ἔργον, οὐδὲ καθ´ εἱμαρμένην
αἱ ἀνθρώπιναι συμφοραί· οὐ γὰρ θέμις ἀνάπτειν
θεῶν αἰτίαν κακοῦ·
εἰ δέ τις ἐστὶ βροτῶν, τοὶ ἐπὶ χθονὶ ναιετάουσιν,
ψεύδεται μὲν ὁ Ἐλπήνωρ λέγων,
ἆσέ με δαίμονος αἶσα κακή·
ψεύδεται δὲ ὁ Ἀγαμέμνων λέγων,
ἐγὼ δ´ οὐκ αἴτιός εἰμι,
ἀλλὰ Ζεύς, καὶ Μοῖρα, καὶ ἠεροφοῖτις Ἐρινύς.
| [13,8] VIII. Cette matière de la divination jette mon âme dans l'embarras. Je ne peux me
décider, ni à la mépriser entièrement, ni à prendre dans la raison humaine une pleine
confiance. Mais, semblable à ces animaux amphibies, qui partagent avec les oiseaux
la faculté de s'élever et de planer dans les airs, le train de la vie de l'homme me paraît
être soumis à une double influence, et se partager entre le libre arbitre et la nécessité.
Tel serait le libre arbitre d'un homme chargé de chaînes, et qui suivrait néanmoins, de
lui-même, ses conducteurs. Cela me donne bien la notion de la nécessité; mais je n'ai
point de terme pour l'exprimer proprement. Car, si je l'appelle fatalité, j'emploie un mot
sur lequel les opinions des hommes ne sont point d'accord. Qu'est-ce, en effet, que la
fatalité? Quelle est sa nature, quelle est son essence? « Est-elle un des Dieux qui
habitent l'immensité des » cieux » ? Le mal n'est point son ouvrage. Les calamités
humaines ne tiennent point au destin. (Car il n'est pas permis d'imputer le mal aux
Dieux). « Si elle est un des hommes mortels qui habitent la terre», c'est un
mensonge de la part d'Elpénor, de dire, « Un funeste destin est la cause de ma
blessure» : C'est un mensonge, de la part d'Agamemnon, de dire, « Ce n'est pas
moi qui suis le coupable, c'est Jupiter, c'est le Destin, ce sont les Furies».
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