[13,3] Καὶ περὶ μὲν τοῦ ἀνθρωπίνου νόμου καὶ αὖθις
ῥητέον· τὸ δὲ θεῖον δοκεῖ σοι γινώσκειν πάντα ἑξῆς,
καὶ τὰ καλὰ καὶ τὰ αἰσχρά, καὶ τὰ τίμια καὶ τὰ ἄτιμα;
φείδομαι τῶν ῥημάτων, καὶ αἰδώς με τοῦ θεοῦ ἔχει·
σεμνὸν γάρ τι τὸ πάντα εἰδέναι, καὶ ἀριθμὸν ψάμμων,
καὶ θαλάττης μέτρα, καὶ ξυνιέναι ἀτόπου λέβητος ἑψομένου
ἐν Λυδοῖς. Καὶ δηλαδὴ πᾶσι τοῖς δεομένοις
θεσπίζει ὁ θεὸς τὸ ἀληθὲς μαθεῖν, καὶ συμφέρει, κἂν
μέλλῃ ὁ μαθών, ἄδικος ὤν, πλεονεκτήσειν. Δεινῶς
τινα πολυπράγμονα ἡγεῖ τὸν θεόν, καὶ περίεργον, καὶ
εὐήθη, καὶ μηδὲν τῶν ἐν τοῖς κύκλοις ἀγειρόντων
διαφέροντα, οἳ δυοῖν ὀβολοῖν τῷ προστυχόντι ἀποθεσπίζουσιν·
ἐγὼ δὲ μὴ ὅτι θεόν, ἀλλ´ οὐδὲ ἄνδρα
ἀγαθόν, ἀξίως ἐπιπηδᾶν τῷ ἀληθεῖ· οὐδὲν γὰρ σεμνὸν
τὸ τἀληθῆ λέγειν, εἰ μὴ γίγνοιτο ἐπ´ ἀγαθῷ τοῦ μαθόντος.
Οὕτω καὶ ἰατρὸς νοσοῦντα ἐξαπατᾷ, καὶ στρατηγὸς
στρατόπεδον, καὶ κυβερνήτης ναύτας, καὶ δεινὸν
οὐδέν· ἀλλὰ ἤδη καὶ ψεῦδος ὤνησεν ἀνθρώπους, καὶ
τἀληθὲς ἔβλαψεν. Εἰ μὲν οὖν ἄλλό τι ἡγεῖ εἶναι τὴν
μαντικήν, ἢ νοῦν θεῖον, διαφέροντα τοῦ ἀνθρωπίνου
ἀκριβείᾳ καὶ βεβαιότητι, νόμιζε πολεμεῖν λόγον λόγῳ·
εἰ δέ ἐστιν οὐδὲν ἀλλοιότερον, ἢ ὅσον τὸ ἐξ ἡλίου
φῶς τοῦ ἐκ πυρός, φῶς δὲ ἑκάτερον, ἀγάπα μὲν τὸ
λαμπρότερον, μὴ ἀτίμαζε δὲ τῇ διαιρέσει τὸ ἀμαυρότερον.
Ἀλλ´ ἡγοῦ τὸ πᾶν τοῦτο ἁρμονίαν τινὰ εἶναι
ὀργάνου μουσικοῦ, καὶ τεχνίτην μὲν τὸν θεόν, τὴν δὲ
ἁρμονίαν αὐτὴν ἀρξαμένην παρ´ αὐτοῦ, δι´ ἀέρος ἰοῦσαν,
καὶ γῆς καὶ θαλάττης, καὶ ζῴων, καὶ φυτῶν, ἐμπεσοῦσαν
μετὰ τοῦτο εἰς πολλὰς καὶ ἀνομοίους φύσεις,
συντάττειν τὸν ἐν αὐταῖς πόλεμον· ὡς κορυφαία ἁρμονία,
ἐμπεσοῦσα εἰς πολυφωνίαν χοροῦ, συντάττει
τὸν ἐν αὐτῇ θόρυβον.
| [13,3] III. Ni les Oracles des Dieux ne frappent toujours au but, ni l'intelligence
humaine ne le manque toujours. Je parlerai, ci-dessous, de ce qui regarde l'homme,
sous ce rapport. Quant aux Dieux, pensez-vous qu'ils connaissent toutes choses en
détail, ce qui est beau, ce qui est honteux, ce qui est honnête, ce qui est déshonnête?
Je ménage les termes, par respect pour eux. Sans doute, c'est quelque chose
d'important que de savoir, et le nombre des grains de sable, et les distances
maritimes, ainsi que de connaître le bizarre secret du vase qui bout en Lydie.
Sans doute, dans leurs Oracles, les Dieux enseignent la vérité à ceux qui en ont
besoin, et il importe de la connaître, quand même le méchant, qui l'apprend, devrait la
tourner à son avantage. Mais c'est faire de Dieu un jongleur qui se donne de
l'importance, qui montre de la fatuité; c'est le rendre semblable à ces bateleurs qui font
faire cercle autour d'eux, et qui disent pour deux oboles la bonne aventure au
premier venu. Quant à moi, je ne pense pas qu'il convienne non seulement à Dieu,
mais même à un homme de bien, de s'ingérer, avec un certain empressement, de dire
la vérité. Car, à quoi bon la manifester, si ce n'est pour l'avantage de celui qui a intérêt
à l'apprendre? C'est ainsi que le médecin trompe son malade, le Général ses soldats,
le pilote son équipage. Et il n'y a pas de mal à cela. Car il est des circonstances, où le
mensonge est utile et la vérité nuisible. Si donc vous pensez que la science des
Oracles est autre chose que l'intelligence divine, supérieure à celle de l'homme en
justesse et en solidité, c'est tout comme si vous pensiez que la raison est en conflit
avec la raison. Si, au contraire, il n'y a pas plus de différence entre l'une et l'autre,
qu'entre la lumière du soleil et celle du feu, qui sont chacune de la lumière ; admirez la
plus brillante, à la bonne heure; mais n'avilissez point, sous prétexte de la différence,
celle qui a moins d'éclat. Pensez, au contraire, que cet Univers est comme l'ensemble
d'un instrument de musique : que Dieu est le facteur de cet instrument : qu'il est le
premier terme de cette harmonie, dont l'échelle embrasse les airs, la terre, la mer, les
animaux, les plantes; laquelle s'étend ensuite à une infinité d'êtres de diverse nature,
afin de faire cesser la discordance qui existe entr'eux; semblable à l'harmonie
musicale (proprement dite), qui, dans un choeur nombreux, prend la place de la
polyphonie, et fait succéder l'ordre à la confusion.
|