[12,5] Τί δὲ τῷ κρείττονι δραστέον; ἢ ἀνταδικητέον τὸν μοχθηρόν;
καὶ μὴν εἰς ὅ,τι ἀδικεῖ, οὐκ ἀδικεῖ, ὅτι οὐκ ἔχει·
ἀπουσίᾳ γὰρ ἀγαθοῦ μοχθηρὸς 〈ὁ μοχθηρ〉ὸς ἦν.
Οὔτ´ οὖν κατὰ τὸ ἔργον ἀνταδικήσει ὁ νοῦν ἔχων τὸν
μοχθηρόν, οὐ γὰρ ἔχει εἰς ὅ,τι ἀδικηθήσεται· οὔτε κατὰ
τὴν βούλησιν, οὐ γὰρ ἐθέλει ἀδικεῖν χρηστὸς ὢν οὐ
μᾶλλον, ἢ αὐλητικὸς παρὰ μέρος αὐλεῖν. Καθόλου
δέ, εἰ τὸ ἀδικεῖν πονηρόν, καὶ τὸ ἀνταδικεῖν ὅμοιον·
οὐ γὰρ τῷ ὑπάρξαι πλεονεκτεῖ κατὰ πονηρίαν ὁ ἀδικῶν,
ἀλλὰ τῷ ἀμύνασθαι ἐξισοῦται κατὰ μοχθηρίαν
ὁ ἀνταδικῶν. Καὶ μήν, εἰ ὁ ἀδικῶν κακῶς ποιεῖ, ὁ
ἀντιποιῶν κακῶς οὐδὲν ἧττον ποιεῖ κακῶς, κἂν ἀμύνηται.
Ὥσπερ γὰρ ἀποδιδοὺς χάριν τῷ προϋπάρξαντι
οὐδὲν ἧττον εὖ ποιεῖ, κἂν προπεπονθὼς ᾖ· οὕτως ὁ
μετατιθεὶς τὴν ἀμοιβὴν εἰς κάκωσιν οὐδὲν ἧττον κακῶς
δρᾷ, κἂν προπεπονθὼς ᾖ.
| [12,5] V. Je dirai donc maintenant du méchant, qu'il a l'intention de commettre l'injustice,
et qu'il n'en a pas le pouvoir. Or, lorsque l'intention lui en vient, c'est, ou envers son
semblable qu'il veut la commettre, ou envers l'homme de bien. Que fera donc ce
dernier? Rendra-t-il au méchant injustice pour injustice? Mais le méchant n'a point la
chose dans laquelle seule il pourrait l'éprouver. Car il est méchant, en ce qu'il ne
possède pas cette chose. L'homme de bien ne rendra donc point au méchant injustice
pour injustice, quant à l'acte effectif, car le méchant n'a pas la chose dans laquelle il
pourrait éprouver l'injustice; il ne la lui rendra pas, non plus, quant à l'intention, car
l'homme de bien n'a pas plus l'intention de commettre l'injustice, qu'un musicien n'a
l'intention de jouer faux. En général, si c'est une méchanceté de commettre l'injustice,
c'en est une aussi de la rendre. Car on n'est pas plus méchant en ce que l'on est le
premier à commettre l'injustice. La rendre, c'est être méchant avec une égale
mesure de méchanceté. En effet, si c'est une méchanceté de commettre une
injustice, ce n'est pas une moindre méchanceté de la rendre, quoique ce ne soit que
représailles. Car, de même qu'un bienfait envers un bienfaiteur n'en est pas moins un
bienfait, quoiqu'il ne soit qu'un acte de reconnaissance; de même, une méchanceté,
en retour d'une méchanceté, n'en est pas moins une méchanceté, quoique l'une ait
provoqué l'autre.
|