[12,4] Μήποτε οὖν οὐ κατὰ τὴν ἀφαίρεσιν τοῦ πάσχοντος
ἡ ἀδικία τέτακται, ἀλλὰ κατὰ τὴν γνώμην τοῦ δράσαντος·
καὶ ὁ μοχθηρὸς ὑπὸ τοῦ μοχθηροῦ ἀδικεῖται,
κἂν μὴ ἔχῃ τὸ ἀγαθόν· καὶ ὁ χρηστὸς ὑπὸ μοχθηροῦ,
ἂν ἔχῃ δὴ 〈ἀν〉αφαίρετον τὸ ἀγαθόν. Ἀποδέχομαι τοῦ
λόγου τῆς γνώμης τῷ ἡμαρτημένῳ προστιθέντος τὴν
ἀδικίαν μᾶλλον ἢ τῷ ἐπιτυχεῖ τοῦ ἔργου· καὶ γὰρ
μοιχὸν κολάζει ὁ νόμος, οὐ τὸν δράσαντα μόνον, ἀλλὰ
καὶ τὸν βουληθέντα· καὶ τοιχώρυχον τὸν ἐπιχειρήσαντα,
κἂν μὴ λάθῃ· καὶ προδότην τὸν μελλήσαντα,
κἂν μὴ πράξῃ. Ἥξει τοίνυν ὁ σύμπας λόγος εἴς τι
δέον. Ὁ μὲν γὰρ ἀγαθὸς οὔτε ἀδικεῖ, οὔτε ἀδικεῖται·
οὐκ ἀδικεῖ μὲν διὰ τὴν βούλησιν, οὐκ ἀδικεῖται δὲ
διὰ τὴν ἀρετήν. Ὁ δὲ μοχθηρὸς ἀδικεῖ μέν, οὐκ ἀδικεῖται
δέ· ἀδικεῖ μὲν διὰ μοχθηρίαν, 〈οὐκ ἀδικεῖται
δέ, δι´ ἀπουσίαν〉 ἀγαθοῦ. Ἔτι τοίνυν, εἰ μὲν ἀγαθὸν
ἡ ἀρετὴ μόνον καὶ οὐκ ἄλλό τι, ὁ μοχθηρὸς τὴν
ἀρετὴν οὐκ ἔχων οὐδ´ εἰς ὅ,τι ἀδικηθῇ ἔχει· εἰ δὲ
πρὸς τῇ ἀρετῇ καὶ ταυτὶ ἀγαθὰ τὰ περὶ σῶμα, καὶ
τὴν ἐκτὸς τύχην καὶ περιβολήν, ἀρετῆς μὴ παρούσης,
βέλτιον ἀπεῖναι ταῦτα, ἢ μή· ὥστε οὐδ´ ὣς ἀδικηθείη
ἂν ὁ μοχθηρός, ἀφαιρούμενός τι τούτων, οἷς χρῆται
κακῶς. Οὐκοῦν ἀδικεῖ μέν, οὐκ ἀδικεῖται δέ, προστιθέντων
ἡμῖν τῇ βουλήσει τὸ ἄδικον, οὐ τῷ ἔργῳ.
Πονηρῶν νῦν βούλεται μὲν ὁ μοχθηρὸς ἀδικεῖν,
οὐ μὴν δυνατός· βουλόμενος δέ, ἢ πρὸς τὸν
ὅμοιον ἀποτείνεται, ἢ πρὸς τὸν κρείττονα.
| [12,4] IV. Si ce n'est peut-être que l'injustice consiste moins en ce que quelque chose
soit réellement enlevé à celui qui l'éprouve, qu'elle ne consiste dans l'intention de celui
qui la commet; et qu'à ce compte le méchant puisse éprouver une injustice de la part
du méchant, quoiqu'il n'ait rien de bien qu'on puisse lui enlever; et que, de son côté,
l'homme de bien puisse éprouver une injustice de la part du méchant, quoique ce qui
constitue le bien ne puisse lui être enlevé. J'approuve cette opinion, de faire consister
l'injustice plutôt dans l'intention de celui qui la commet, que dans ce qu'éprouve
réellement celui envers qui elle est commise. Car la loi punit non seulement celui qui a
commis l'adultère, mais encore celui qui l'a médité ; non seulement le voleur qui a
pénétré dans une maison, mais encore celui qui a fait ses préparatifs pour s'y
introduire; non seulement celui qui a trahi sa patrie, mais encore celui qui a
conspiré contre elle. Nous voilà donc au point où nous voulions arriver, savoir, que
l'homme de bien ne peut, ni commettre, ni éprouver d'injustice. Il n'en peut commettre,
parce qu'il n'en a pas la volonté ; il n'en peut éprouver, parce que sa vertu est au-dessus
de toutes les atteintes. Tandis, au contraire, que le méchant commet l'injustice,
sans être susceptible de l'éprouver. Il la commet, par l'effet de sa méchanceté : il ne
peut l'éprouver, parce que ce qui constitue le bien est hors de lui. En effet, si ce qui
constitue le bien n'est autre chose que la vertu, le méchant, ne possédant point la
vertu, n'a rien en quoi il puisse éprouver d'injustice. Et quand même, outre la vertu, on
regarderait comme bien les commodités du corps et les avantages extérieurs de la
fortune, (il vaut mieux ne pas les posséder, que les avoir, lorsque la vertu ne les
accompagne pas) le méchant n'en serait pas moins insusceptible d'éprouver l'injustice,
quoiqu'on lui ôtât quelqu'une de ces choses dont il fait un mauvais usage. Le méchant
peut donc commettre l'injustice sans être capable de éprouver, puisque nous la faisons
consister dans l'intention de la commettre.
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