[12,3] Ἐπεὶ τοίνυν οὐ τοῦ αὐτοῦ, ἀλλ´ ἑτέρου, ὁ δὲ
χρηστὸς τῷ πονηρῷ οὐχ ὁ αὐτός, ποτέρῳ πότερον
προσθήσομεν; ἆρα τὸ μὲν ἀδικεῖν τῷ πονηρῷ, τὸ δὲ
ἀδικεῖσθαι τῷ χρηστῷ; ἢ τὸ μὲν ἀδικεῖν τοῦ μοχθηροῦ,
τὸ δὲ ἀδικεῖσθαι οὔπω δῆλον ὁποτέρου αὐτοῖν, οὑτωσὶ
δὲ θεασώμεθα. Ἀδικία ἐστὶν ἀφαίρεσις ἀγαθοῦ· τὸ
δὲ ἀγαθὸν τί ἂν εἴη ἄλλο, ἢ ἀρετή; ἡ δὲ ἀρετὴ ἀναφαίρετον.
Οὐκ ἀδικηθήσεται τοίνυν ὁ τὴν ἀρετὴν
ἔχων, ἢ οὐκ ἔστιν ἀδικία ἀφαίρεσις ἀγαθοῦ· οὐδὲν
γὰρ ἀγαθὸν ἀφαιρετόν, οὐδὲ ἀποβλητόν,
οὐδὲ ἑλετόν, οὐδὲ ληϊστόν.
Εἶεν· οὐκ ἀδικεῖται ὁ χρηστὸς 〈οὔτε ὑπὸ τοῦ χρηστοῦ,
ἀνεπιβούλευτος γὰρ αὐτοῦ ἀρετή,〉 οὔτε ὑπὸ τοῦ μοχθηροῦ,
ἀναφαίρετος γάρ· λείπεται τοίνυν ἢ μηδὲν
ἀδικεῖσθαι καθάπαξ, ἢ τὸν μοχθηρὸν ὑπὸ τοῦ ὁμοίου·
ἀλλὰ τῷ μοχθηρῷ οὐδενὸς μέτεστιν ἀγαθοῦ, ἡ δὲ ἀδικία
ἦν ἀγαθοῦ ἀφαίρεσις· ὁ δὲ μὴ ἔχων ὅ,τι, ἂν ᾖ,
ἀφαιρεθῇ, οὐδὲ εἰς ὅ,τι ἀδικηθῇ ἔχει.
| [12,3] III. Puis donc que faire et recevoir une injustice n'appartient point à la même
personne, et que l'homme de bien n'est pas une même personne avec le méchant,
auquel des deux attribuerons-nous l'une et l'autre de ces deux choses? Dirons-nous
que le méchant commet l'injustice, et que l'homme de bien la souffre ? ou bien, dirons-nous
que le méchant commet, à la vérité, l'injustice, mais qu'il n'est pas clair auquel
des deux, du méchant ou de l'homme de bien, il appartient de la souffrir? Partons de
ce point de vue. Commettre une injustice envers quelqu'un, c'est lui ôter ce qui
constitue son bien. Or, ce qui constitue le bien de quelqu'un, qu'est-ce autre chose
que la vertu ? Mais la vertu ne saurait être enlevée. Celui donc qui possède la vertu ne
pourra souffrir d'injustice, ou bien, commettre une injustice envers quelqu'un, n'est pas
lui enlever ce qui constitue son bien. Car le bien ne peut être ni enlevé, ni arraché, ni
ravi, ni volé. À la bonne heure : l'homme de bien ne peut donc recevoir d'injustice de la
part du méchant, puisque celui-ci ne peut lui rien enlever. Reste donc, ou que
personne ne puisse éprouver d'injustice, ou que le méchant seul puisse l'éprouver de
la part de son semblable. Mais le méchant n'a rien de ce qui constitue le bien; et
l'injustice consiste à enlever ce qui constitue le bien. Celui qui n'a rien qu'on puisse lui
enlever, ne peut, sous ce rapport, éprouver aucune injustice.
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