[10,8] Ἅτε οὖν ἐν προθύροις τῆς ψυχῆς αἱ αἰσθήσεις
ἱδρυμέναι, ἐπειδάν τινος ἐφάψωνται ἀρχῆς, καὶ παραδῶσιν
τῷ νῷ, ἐπιλαβόμενος ταύτης, διορᾷ τὰ λοιπά,
καὶ διεξέρχεται ἐπὶ τὰ ἀκόλουθα, ἢ χρόνῳ, ἢ φύσει,
ἢ νόμῳ, ἢ τόπῳ, ἢ τιμῇ, ἢ δυνάμει. Ὥσπερ γὰρ ἐπὶ
τῶν μακρῶν καὶ λεπτῶν δοράτων, ὁ τὸν στύρακα κλονήσας,
παρέπεμψε τὴν κίνησιν διὰ παντὸς τοῦ δόρατος
μέχρι τῆς αἰχμῆς· καὶ ὥσπερ τῶν μακρῶν καὶ διατεταμένων
κάλων ὁ διασείσας τὴν ἀρχήν, παραδίδωσιν
τὴν κίνησιν τῷ ὅλῳ, βαδίζουσαν ἐπὶ τὸ πέρας· οὕτω
καὶ τῷ νῷ βραχείας ἀρχῆς δεῖ πρὸς ἔννοιαν τῶν πραγμάτων
ὅλων. Ὁ μὲν δὴ εὖ πεφυκὼς ἀνήρ, καὶ πρὸς
ἀρετὴν εὐδρομώτατος, αὐτὸς παρ´ αὐτοῦ τὴν ἀρχὴν
λαβών, πορεύεται, καὶ ἐφοδεύει, καὶ ξυλλαμβάνει, καὶ
ἀναπεμπάζεται τῇ μνήμῃ τὰ τοῦ νοῦ θεάματα· ὁ δὲ
ἧττον δεινός, δεῖται τοῦ Σωκράτους, αὐτοῦ μὲν διδάσκοντος
οὐδέν, διερωτῶντος δὲ καὶ διαπυνθανομένου·
ὁ δὲ ἀποκρίνεται τἀληθῆ αὐτά. Τίς ἂν οὖν ἀποκρίνεται,
ἃ μήπω οἶδεν; πλὴν εἰ μὴ καὶ τὸν βαδίζοντα,
χειραγωγοῦντος ἑτέρου, φήσει τὶς μὴ βαδίζειν αὐτόν.
Τί τοίνυν διαφέρει ὁ χειραγωγῶν τοῦ ἀνερωτῶντος,
καὶ τί διαφέρει ὁ βαδίζων τοῦ ἀποκρινομένου; ὁ μὲν
γὰρ ἑαυτῷ παρέχει τὴν ἐνέργειαν, ὁ δὲ ἐκείνῳ τὴν
ἀσφάλειαν. Ἀλλ´ οὔτε ὁ χειραγωγούμενος μανθάνει
βαδίζειν, οὔτε ὁ ἀνερωτώμενος ἀποκρίνεσθαι μανθάνει·
ἀλλ´ ἑκάτερος, ὁ μὲν βαδίζει, δύναται γάρ· ὁ δὲ ἀποκρίνεται,
οἶδε γάρ· ξυνεπιλαμβάνουσιν δὲ πρὸς ἀσφάλειαν
ἑκατέρῳ ἑκάτερος.
| [10,8] VIII. De la même manière donc que si les sens étaient placés dans le vestibule de
l'âme, aussitôt qu'ils ont commencé à recevoir quelque impression, et qu'ils l'ont
transmise à l'entendement, celui-ci, en la recevant, promène ses yeux, passe en revue
les autres objets qui ont avec celui dont I'impression le frappe, quelque relation,
quelque affinité, ou sous un rapport de temps, ou sous un rapport de manière d'être,
ou sous un rapport politique, ou sous un rapport de localité, ou sous un rapport
d'autorité, ou sous un rapport de talents. Car, de même que celui qui donne un coup à
l'extrémité inférieure d'une lance longue et déliée, fait passer l'impression de ce coup
dans toute la longueur de la lance, jusqu'au fer tranchant qui la termine ; et que celui
qui ébranle le bout de plusieurs cordages tendus dans une grande longueur, transmet
l'ébranlement, d'un bout à l'autre, de manière que toute la longueur s'en ressent; de
même l'entendement n'a besoin que d'une légère vibration pour s'étendre à tout ce qui
constitue les rapports d'une même chose. Or, l'homme bien né, celui qui a reçu de la
Nature les qualités nécessaires pour marcher avec gloire dans la carrière de la vertu, a
en lui-même les moyens d'exciter dans son entendement cette première vibration, de
le mettre en mouvement, de le faire promener d'objets en objets, de lui en faire
embrasser plusieurs à la fois, et de faire répéter à la mémoire ce qui a fait la matière,
ou ce qui a été le résultat, de ses contemplations. Mais celui qui a moins de
dispositions naturelles a besoin de Socrate, non pour qu'il lui apprenne quoi que ce
soit, mais pour l'interroger, pour lui faire des questions auxquelles il répondra de
lui-même selon la vérité. Qui donc répondra ce qu'il n'a jamais su? À moins qu'on ne dise
que celui qui marche avec celui qui le conduit par la main, ne marche pas lui-même.
Quelle est donc la différence entre celui qui conduit par la main, et celui qui interroge,
entre celui qui marche de lui-même, et celui qui répond? Celui qui interroge aide celui
qui est interrogé, à développer son entendement; et celui qui donne la main pour
marcher, aide à ne pas tomber. Mais, ni celui qui est conduit par la main n'apprend à
marcher, ni celui qui est interrogé n'apprend à répondre. Néanmoins l'un marche,
parce qu'il peut marcher, l'autre répond, parce qu'il peut répondre. Mais ils prennent
l'un et l'autre un auxiliaire, pour éviter les faux pas.
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