[10,6] Ἥκει τοίνυν ἡμᾶς ὁ λόγος φέρων ἐπὶ τὸ ζητούμενον.
Ἡ δὴ γὰρ ψυχῆς εὕρεσις, αὐτογενής τις οὖσα,
καὶ αὐτοφυής, καὶ ξύμφυτος· τί δ´ ἄλλό ἐστιν ἢ δόξαι
ἀληθεῖς ἐπεγειρόμεναι, ὧν τῇ ἐπεγέρσει τὲ καὶ συντάξει
ἐπιστήμη ὄνομα; Εἰ δὲ βούλει καὶ ταύτης, εἴκαζέ
μοι τὸ λεγόμενον στρατιώτῃ πλανωμένῳ καὶ διακεχυμένῳ·
ἢ καθ´ Ὅμηρον μᾶλλον, νὺξ μὲν ἔστω καὶ ἡσυχία
πολλὴ κατὰ τὸ στρατόπεδον, καὶ ὕπνος βαθὺς τῶν
ἄλλων ἁπάντων κειμένων ἑξῆς.
Ἀλλ´ οὐκ Ἀτρείδην Ἀγαμέμνονα, ποιμένα λαῶν, ὕπνος ἔχεν·
ἀλλ´ ἐπιὼν καὶ ἐξανιστὰς ἕκαστον καὶ συντάττων,
ἱππῆας μὲν πρῶτα, σὺν ἵπποισιν καὶ ὄχεσφιν·
πεζοὺς δ´ ἐξόπιθεν ἔστησεν πολέας τε καὶ ἐσθλούς,
ἕρκος ἔμεν πολέμοιο, κακοὺς δ´ ἐς μέσσον ἔλασσεν.
Τοιοῦτον ἡγοῦ καὶ περὶ τὴν ψυχὴν γίγνεσθαι· νύκτα
πολλὴν καὶ ὕπνον βαθὺν τῶν τῆς ψυχῆς νοημάτων·
τὸν δὲ λόγον αὐτόν, τὸν στρατηγὸν ὄντα, ἢ βασιλέα,
ἢ ὅ, τι περ ὀνομάζων χαίρεις, ἐπιόντα τοῦτον ἕκαστον
καὶ ἐπεγείροντα καὶ συντάττοντα. Κάλει δὲ τὸν μὲν
ὕπνον λήθην, τὴν δὲ ἀνάστασιν αὐτῶν ἀνάμνησιν,
μνήμην δὲ τὴν φυλακὴν καὶ τὴν σωτηρίαν τῶν συνταχθέντων.
Γίγνεται δὲ ἡ ἀνάμνησις, κατὰ βραχὺ
ἕτερον ἐξ ἑτέρου θηρευούσης τῆς ψυχῆς, καὶ χειραγωγουμένης
ὑπὸ τοῦ παρόντος ἐπὶ τὸ μέλλον· ὁποῖον ἀμέλει περὶ τὰς
τῶν δεῦρο πραγμάτων ἀναμνήσεις γίγνεται.
| [10,6] VI. Ce que nous venons de dire nous met sur la voie de l'objet de notre recherche.
Car cette faculté de l'âme qui trouve le savoir, étant implantée dans son essence,
enlacée dans sa nature, innée avec elle, qu'est-elle autre chose que les notions de la
vérité mises dans un mouvement, dans une activité, dans un ordre, auquel on donne
le nom de science? Veut-on s'aider ici d'une analogie empruntée de soldats qui
vaguent hors du camp, et qui se débandent? Ou plutôt, à l'exemple d'Homère,
supposons que la nuit règne, que l'armée est dans une pleine tranquillité, que tout le
monde y est couché chacun dans sa tente, et plongé dans le sommeil le plus profond,
« sauf Agamemnon, fils d'Atride, le suprême chef de l'armée, qui ne dort point». Il
veille, au contraire, il médite ses plans; il combine ses dispositions. « Il met la cavalerie
et les chars à l'avant-garde ; il place ensuite l'infanterie, et les phalanges les plus
braves, pour soutenir le choc du combat; les mauvais soldats, il leur fait occuper le
centre». Qu'on suppose qu'il en soit ainsi de l'âme. Qu'une nuit épaisse, qu'un
profond sommeil, laissent dans l'inertie ses facultés intellectuelles; tandis que la
raison, qui est pour elle comme un Général, comme un chef d'armée, quel que soit le
nom qu'on se plaise à lui donner, est en activité, tandis qu'elle réveille chacune de ces
facultés, et qu'elle leur assigne à chacune sa place et ses fonctions. Que ce sommeil
reçoive le nom d'oubli ; que ce réveil reçoive celui de réminiscence ; et qu'on donne le
nom de mémoire au maintien et à la conservation de l'ouvrage de la raison. D'ailleurs
la réminiscence s'opère d'une manière insensible. L'âme découvre les choses l'une par
l'autre ; et elle passe, comme si on la conduisait par la main, de ce qui est à ce qui doit
être. Telle est, sans doute, la marche de la réminiscence, en ce qui concerne les
choses humaines.
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