[10,4] Ὅνπερ οὖν τρόπον καὶ ταῖς κυούσαις προσάγουσα
ἡ μαιευτικὴ τὰς χεῖρας σὺν τῇ τέχνῃ ὑποδέχεται τὸ
κυούμενον, καὶ θεραπεύει τὰς ὠδῖνας, καὶ ἐξάγει τὸ
τελεσφορηθὲν εἰς φῶς, καὶ ἀπαλλάττει τῆς ὀδύνης τὴν
φέρουσαν· τοῦτον τὸν τρόπον καὶ λόγος μαιεύεται
ψυχὴν κύουσαν καὶ ὠδίνων μεστήν· ἀλλὰ πολλαὶ ἀμβλισκάνουσιν,
ἢ δι´ ἀτεχνίαν τῶν μαιουμένων, ἢ διὰ
σφοδρότητα τῶν ὠδίνων, ἢ διὰ ἀμβλύτητα τῶν σπερμάτων·
ὀλίγαι δέ που καὶ σπάνιοι ψυχαὶ τελεσφόροι,
ὧν τὰ ἔκγονα σαφῆ καὶ διηρθρωμένα καὶ γνήσια τῶν
πρώτων πατέρων· ὄνομα δὲ τῇ μὲν ψυχῆς κυήσει
νοῦς, τῇ δὲ ὠδῖνι αἴσθησις, τῇ δὲ ἀποτέξει ἀνάμνησις·
κύουσιν δὲ πᾶσαι μὲν ψυχαὶ φύσει, ὠδίνουσιν δὲ ἔθει,
τίκτουσιν δὲ λόγῳ. Ὥσπερ οὖν ἀδύνατον φῦναί τι
ἄνευ σπέρματος καὶ ἀλλοῖον, ἢ οἷα τὰ σπέρματα, ἄνθρωπον
μὲν ἐξ ἀνθρώπου, βοῦν δὲ ἐκ βοός, καὶ ἐξ
ἐλαίας ἐλαίαν, καὶ ἐξ ἀμπέλου ἄμπελον· οὕτω καὶ εἴ
τι ἀληθὲς ἡ ψυχὴ ξυνίησιν, ἀνάγκη ἀληθῆ εἶναι ταυτὶ
τὰ σπέρματα ἐμπεφυτευμένα τῇ ψυχῇ· εἰ δὲ ἦν, καὶ
ἀεὶ ἦν· ἀεὶ δὲ ὄντα, καὶ ἀθάνατα ἦν. Καὶ τοῦτό
ἐστιν ἀμέλει τὸ περὶ τὰς ἐπιστήμας γιγνόμενον, σπερμάτων
ψυχῆς ἄνθος, καὶ τελεσφόρησις· ὃ δὲ καλοῦσιν
οἱ ἄνθρωποι ἄγνοιαν, τί ἂν εἴη ἄλλο ἢ ἀργία τῶν σπερμάτων;
| [10,4] IV. De la même manière donc que les sage-femmes prêtent leurs bons offices aux
femmes enceintes, qu'elles leur administrent les secours de l'art, qu'elles aident à
l'enfantement, lorsque le moment en est arrivé, et qu'elles font cesser les douleurs; de
la même manière la raison remplit auprès de l'âme, dans un état tout pareil à celui
d'une femme enceinte, les fonctions que nous venons de décrire. Mais la plupart
des âmes ne produisent que des avortons, soit à cause de l'impéritie avec laquelle
sont exercées, à leur égard, les fonctions dont nous venons de parler, soit à cause de
la violence des douleurs qui accompagnent pour elles ce genre d'enfantement, soit à
cause de l'insuffisance des efforts que fait ce qui doit éclore, pour se faire jour. Elles
sont d'ailleurs rares, et en petit nombre, les âmes qui arrivent à terme, et dont la
progéniture bien conformée bien conditionnée, ne dégénère point de son extraction.
Cette sorte de grossesse, de la part de l'âme, s'appelle intelligence : les douleurs qui
l'accompagnent s'appellent sensation : l'enfantement s'appelle réminiscence. Or, c'est
la Nature qui met toutes les âmes dans le premier état, c'est l'habitude qui leur aide à
en supporter les douleurs, c'est la raison qui leur sert comme de sage-femme. De
même donc qu'il est impossible que rien vienne au monde sans germe, ou qu'il y
vienne d'une nature différente de son germe, car un homme vient d'un homme, un
boeuf vient d'un boeuf, un olivier vient d'un olivier, un cep de vigne vient d'un cep de
vigne; de même, si l'âme a quelque perception, quelque notion de vérité, il faut
nécessairement que ces germes de vérité soient comme implantés en elle. Or, s'ils y
sont implantés, c'est de tous les temps.. Or, s'ils y sont implantés de tous les temps, ils
sont immortels. Lorsque les germes implantés dans l'âme fleurissent et parviennent à
leur maturité, voilà sans doute ce qui constitue la science. Et ce que les hommes
appellent ignorance, qu'est- ce autre chose que la stérilisation de ces germes ?
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