[10,3] Τί δήποτ´ οὖν Ἐπιμενίδης καὶ Πυθαγόρας καὶ
Ἀριστέας ἐθέλουσιν αἰνίττεσθαι; ἄλλό τι ἢ τὴν σχολὴν
τῆς ψυχῆς τοῦ ἀγαθοῦ ἀνδρὸς ἀπὸ τῶν τοῦ σώματος
ἡδονῶν καὶ παθημάτων, ὅταν ἀπαλλαγεῖσα τοῦ περὶ
ἐκεῖνο ταράχου, καὶ ἐπιστρέψασα εἰς ἑαυτὴν τὸν νοῦν,
ἔμπαλιν ἐντυγχάνει τῷ ἀληθεῖ αὐτῷ, ἀφεμένη τῶν
εἰδώλων; Τοῦτο ἔοικεν μὲν ὕπνῳ καλῷ καὶ μεστῷ
ἐναργῶν ὀνειράτων· ἔοικεν δὲ ψυχῆς πτήσει μεταρσίῳ,
οὐχ ὑπὲρ ἄκρων φερομένης τῶν ὀρῶν ἐν ἀχλυώδει καὶ
ταραττομένῳ τῷ ἀέρι, ἀλλ´ ὑπὲρ τοῦτον ὑψοῦ ἐν σταθερῷ
αἰθέρι, γαλήνης καὶ ἠρεμίας αὐτὴν παραπεμπούσης
ἀλύπως ἐπὶ τὸ ἀληθές, ἐπὶ τὴν ὄψιν. Τίς δὲ
ὁ τῆς παραπομπῆς τρόπος, καὶ τί ἂν αὐτὴν ἐμμελῶς
ὀνομάζομεν; ἆρα γε μάθησιν, ἢ Πλάτωνι ὁμοφώνως
ἀνάμνησιν; ἢ δύο θησόμεθα ὀνόματα πράγματι ἑνί,
μάθησιν καὶ ἀνάμνησιν; Τὸ δέ ἐστιν τοιοῦτον, οἷον
τὸ περὶ τὸν ὀφθαλμὸν πάθος· σύνεστιν μὲν γὰρ αὐτῷ
ἡ ὄψις ἀεί, ἤδη δέ που ὑπὸ συμφορᾶς ἐπιχυθεῖσα
ἀχλύς, καὶ ἀμφιέσασα τὸ ὄργανον, διετείχισεν αὐτοῦ
τὴν πρὸς τὰ ὁρώμενα ὁμιλίαν· ἡ δὲ τέχνη παρελθοῦσα
ὄψιν μὲν οὐκ ἐνεποίησε τῷ ὀφθαλμῷ, τὸ δὲ ἐνοχλοῦν
παραναγαγοῦσα ἀπεκάλυψεν αὐτοῦ τὸν ἔξω δρόμον.
Νόμιζε δὴ καὶ τὴν ψυχὴν ὄψιν τινὰ εἶναι διορατικὴν
τῶν ὄντων φύσει καὶ ἐπιστήμονα· ὑπὸ δὲ τῆς τῶν
σωμάτων συμφορᾶς ὑποκεχύσθαι αὐτῇ πολλὴν ἀχλύν,
καὶ συγχεῖν τὴν θέαν, καὶ ἀφαιρεῖσθαι τὴν ἀκρίβειαν,
καὶ ἀποσβεννύναι τὸ οἰκεῖον φῶς· προσιόντα δὲ αὐτῇ
τεχνίτην λόγον, ὥσπερ ἰατρόν, εὐπροστιθέναι αὐτῇ
φέροντα ἐπιστήμην, πρᾶγμα ὃ μήπως ἔχει, ἀλλ´ ἐπεγείρειν
ἣν ἔχει μέν, ἀμυδρὰν δὲ καὶ ξυνδεδεμένην
καὶ καρηβαροῦσαν.
| [10,3] III. Que veulent donc dire Épiménide, Pythagore, et Aristéas avec de semblables
énigmes ? Désignent-ils autre chose que cet état de repos où est l'âme de l'homme de
bien, lorsque supérieure à toutes les affections, à toutes les passions du corps,
lorsque affranchie de toutes les tribulations dont il est l'objet, elle dirige sur elle-même
l'action de l'entendement, et qu'écartant les illusions et les prestiges, elle contemple de
nouveau la vérité dans sa source? Voilà l'emblème d'un beau songe, d'un songe où
les objets se montrent sous des apparences réelles et manifestes. Voilà l'emblème
d'une âme qui prend l'essor, qui s'envole dans les régions intermédiaires, non pas
au-dessus des sommités des montagnes, dans une atmosphère ténébreuse et agitée,
mais encore au-dessus, dans cette région de l'Éther, séjour invariable de la sérénité et
du calme, où tout invite à la contemplation de la vérité. Mais quel est le mode de ce
genre d'essor, de cette sorte d'exaltation de l'âme, et quel nom lui donnerons-nous, qui
puisse lui convenir? Dirons-nous qu'elle est l'action d'apprendre, ou, selon la doctrine
de Platon, l'appellerons-nous l'action de se ressouvenir? Ou bien, donnerons-nous ces
deux dénominations, l'action d'apprendre et l'action de se ressouvenir à une seule et
même chose? Or, il en est ici comme de certaines maladies que l'oeil éprouve. Il
conserve toujours la faculté de la vision, mais une humeur nébuleuse, s'étant
accidentellement répandue autour de son organe, et l'ayant enveloppé, intercepte
toute communication entre elle et les objets visibles. Que !'art vienne au secours de
l'oeil, et le guérisse, il ne lui rend pas la vision, il écarte l'obstacle qui empêchait son
exercice, et il rouvre le champ à son expansion. Regardez de même l'âme comme un
organe visuel, dont la fonction est de contempler, de scruter, et de connaître la nature
des choses. Les divers accidents, auxquels les corps sont sujets, produisent une
épaisse obscurité qui se répand autour d'elle, qui intercepte toute action de sa part, en
lui ôtant sa perspicacité, en éteignant la lumière qui lui est propre; et lorsque la raison
vient à elle, comme un médecin, elle ne lui apporte point la science, qu'elle ne
possède point elle-même; mais elle excite, elle réveille une faculté que l'âme possède,
et qui était offusquée, entravée, et engourdie chez elle.
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