[9,6] Τοιοῦτον ἡ ψυχή· σῶμα ἐν σάλῳ ἀεὶ καὶ κλύδωνι
νηχόμενον καὶ κραδαινόμενον καὶ σειόμενον συνέχει
αὐτή, καὶ καθορμίζει, καὶ ἵστησιν· ἐπειδὰν δὲ ἀποκάμῃ
τὰ νεῦρα ταυτί, καὶ τὸ πνεῦμα, καὶ τὰ ἄλλα τὰ ὥσπερ
καλώδια, ἐξ ὧν τέως προσώρμιστο τῇ ψυχῇ τὸ σῶμα,
τὸ μὲν ἐφθάρη καὶ κατὰ βυθοῦ ᾤχετο, αὐτὴ δὲ ἐφ´
ἑαυτῆς ἐκνηξαμένη συνέχει τε αὑτὴν καὶ ἵδρυται. Καὶ
καλεῖται ἡ τοιαύτη ψυχὴ δαίμων ἤδη, θρέμμα αἰθέριον,
μετοικισθὲν ἐκ γῆς ἐκεῖ· ὥσπερ ἐκ βαρβάρων
εἰς Ἕλληνας, καὶ ἐξ ἀνόμου καὶ τυραννουμένης καὶ
στασιωτικῆς πόλεως εἰς εὐνομουμένην καὶ βασιλευομένην
καὶ εἰρηνικὴν πόλιν. Ἐγγύτατα γάρ μοι δοκεῖ
ἔχειν τὸ γιγνόμενον Ὁμηρικῇ εἰκόνι· οἷον φασὶν ἐκείνῳ
χαλκεῦσαι τὸν Ἥφαιστον ἐπὶ χρυσῆς ἀσπίδος πόλεις δύο·
- - - ἐν τῇ μέν ῥα γάμοι τ´ ἔσαν, εἰλαπίναι τε,
καὶ χοροί, καὶ παιᾶνες, καὶ δᾳδουχίαι· ἐν δὲ τῇ πόλεμοι,
καὶ στάσεις, καὶ ἁρπαγαί, καὶ μάχαι, καὶ ὀλολυγαί,
καὶ οἰμωγαί, καὶ στόνοι. Τοῦτο δύναται καὶ
γῆ πρὸς αἰθέρα· ὁ μὲν γὰρ εἰρηναῖόν τι χρῆμα, καὶ
παιάνων μεστὸν καὶ θείων χορῶν, ἡ δὲ πολυφωνίας
καὶ πολυεργίας καὶ διαφωνίας. Ἐπειδὰν γὰρ ἀπαλλαγῇ
ψυχὴ ἐνθένδε ἐκεῖσε, ἀποδυσαμένη τὸ σῶμα, καὶ καταλιποῦσα
αὐτὸ τῇ γῆ φθαρησόμενον τῷ αὐτοῦ χρόνῳ
καὶ νόμῳ, δαίμων τ´ ἀνθρώπου, ἐποπτεύει μὲν αὕτη
τὰ οἰκεῖα θεάματα καθαροῖς τοῖς ὀφθαλμοῖς, μήτε ὑπὸ
σαρκῶν ἐπιπροσθουμένη, μήτε ὑπὸ χρωμάτων ἐπιταραττομένη,
μήτε ὑπὸ σχημάτων παντοδαπῶν συγχεομένη,
μήτε ὑπὸ ἀέρος θολεροῦ διατειχιζομένη, ἀλλὰ
αὐτὸ κάλλος, αὐτοῖς ὀφθαλμοῖς ὁρῶσα καὶ γανυμένη·
οἰκτείρουσα μὲν αὑτὴν τοῦ πρόσθεν βίου, μακαρίζουσα
δὲ τοῦ παρόντος· οἰκτείρουσα δὲ καὶ τὰς συγγενεῖς
ψυχάς, αἳ περὶ γῆν στρέφονται ἔτι, καὶ ὑπὸ φιλανθρωπίας
ἐθέλουσα αὐταῖς συναγελάζεσθαι, καὶ ἐπανορθοῦν
σφαλλομένας. Προστέτακται δὲ αὐτῇ ὑπὸ
τοῦ θεοῦ ἐπιφοιτᾶν τὴν γῆν, καὶ ἀναμίγνυσθαι πάσῃ
μὲν ἀνδρῶν φύσει, πάσῃ δὲ ἀνθρώπων τύχῃ καὶ
γνώμῃ καὶ τέχνῃ· καὶ τοῖς μὲν χρηστοῖς συνεπιλαμβάνειν,
τοῖς δὲ ἀδικουμένοις τιμωρεῖν, τοῖς δὲ ἀδικοῦσιν
προστιθέναι τὴν δίκην.
| [9,6] VI. C'est ainsi que l'âme soutient le corps, le fait surnager au milieu de la
tourmente, des flots irrités qui l'agitent, et qui le ballottent. C'est elle qui le maintient là
comme dans un port, et qui le conserve. Mais lorsque les nerfs sont fatigués, ainsi que
le souffle vital, et les autres choses qui lui servaient comme de cordages, à l'aide
desquels il avait jusqu'alors été soutenu par l'âme, il périt, il descend dans les abîmes;
tandis que l'âme se sauve comme à la nage, parce qu'elle se soutient et se conserve
elle-même. Dès-lors l'âme prend le nom de Dieu du second ordre, substance habitante
de l'éther; où elle est transplantée en quittant la terre, comme si elle se transplantait de
chez les Barbares, chez les Grecs, d'une Cité livrée à l'anarchie, à la tyrannie, à la
sédition, dans une autre Cité, où régneraient la paix, l'ordre et un gouvernement sage.
Il me paraît qu'il en est à peu près comme de cet emblème d'Homère, lorsqu'il dit que
Vulcain a fabriqué un bouclier d'or, sur lequel il a représenté deux Cités, dans l'une
desquelles ce ne sont que « noces, que festins, » que danses, que chants, que
fêtes; et dans l'autre on ne voit que guerres, que querelles, que ravages, que combats,
que tableaux de douleur, de gémissements, et de désespoir. Tel est le contraste entre
la terre et l'éther. Celui-ci est un lieu de paix, qui ne retentit que des cantiques des
Dieux du second ordre, et du bruit de leurs danses. La terre, au contraire, est un chaos
plein de tumulte, de fracas, et de dissensions. Lorsque l'âme a été transplantée de
celle-ci dans l'autre, qu'elle a été délivrée du corps, qu'elle l'a abandonné à la terre,
pour le dévorer, à l'époque qui lui a été assignée, et conformément à la loi qui l'avait
réglé, elle prend sa place parmi les Dieux du second ordre, après avoir quitté celle
qu'elle avait dans un corps humain ; elle contemple, dans toute la pureté de ses
yeux, le spectacle qui lui est approprié, sans être offusquée par nulle enveloppe
corporelle, sans être éblouie par les couleurs, sans être distraite par la variété des
formes, sans qu'aucun épais nuage vienne intercepter ses regards ; elle contemple le
beau proprement dit, de ses propres yeux; et nage dans la joie de cette contemplation.
La vie d'où elle y sort lui fait pitié à elle-même. Elle s'applaudit du bonheur de la vie où
elle entre. Elle éprouve le sentiment de la commisération pour les âmes de même
nature qu'elle, qui sont encore plongées dans le tourbillon sur la terre ; et ce
sentiment de philanthropie lui fait désirer de se réunir à elles, et de leur servir comme
de guide et de sauvegarde. D'ailleurs DIEU lui-même lui ordonne de se rendre sur la
terre, de s'y incorporer en quelque sorte avec les hommes, quelles que soient leurs
inclinations, leur condition, leurs opinions, et leur profession ; d'y être l'auxiliaire des
gens de bien; d'y venger les opprimés ; d'y punir les méchants.
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