[9,5] Πῶς οὖν καὶ ἐμπαθὲς καὶ ἀθάνατον τὸ δαιμόνιον
γένος, ὥρα λέγειν· καὶ πρῶτον γε περὶ τοῦ ἀθανάτου.
Τὸ φθειρόμενον πᾶν ἢ τρέπεται, ἢ διαλύεται, ἢ τήκεται,
ἢ κόπτεται, ἢ ῥήγνυται, ἢ μεταβάλλει· ἢ διαλύεται,
ὡς πηλὸς ὑπὸ ὕδατος· ἢ ῥήγνυται, ὡς ὑπὸ
ἀρότρου γῆ· ἢ τήκεται, ὡς ὑπὸ ἡλίου κηρός· ἢ κόπτεται,
ὡς ὑπὸ σιδήρου φυτόν· ἢ μεταβάλλει καὶ τρέπεται,
ὡς ὕδωρ εἰς ἀέρα, καὶ ἀὴρ εἰς πῦρ. Δεῖ
δὴ τὴν οὐσίαν τοῦ δαιμονίου, εἰ μέλλει ἔσεσθαι ἀθάνατος,
μὴ διαλύεσθαι, μὴ σκεδάννυσθαι, μὴ τρέπεσθαι,
μὴ ῥήγνυσθαι καὶ μεταβάλλειν, μὴ κόπτεσθαι· εἰ γὰρ
πείσεταί τι τούτων, ἀπολεῖ τὸ ἀθάνατον. Πῶς δ´ ἂν
καὶ πάθοι, εἴπέρ ἐστιν τὸ δαιμόνιον αὐτὸ ψυχὴ ἀποδυσαμένη τὸ σῶμα; ἣ γὰρ καὶ τῷ σώματι τῷ φύσει
φθειρομένῳ παρέχει τὸ μὴ φθείρεσθαι ἡνίκ´ ἂν αὐτῷ
συνῇ, πολλοῦ γε δεῖ φθαρῆναι αὐτῇ. Ἐν γοῦν τῇ
συστάσει τὸ μὲν σῶμα συνέχεται, ἡ δὲ ψυχὴ συνέχει·
εἰ δὲ καὶ τὴν ψυχὴν ἕτερόν τι συνέχει, ἀλλὰ μὴ αὐτὴ
αὑτήν, τί τοῦτο ἔσται, καὶ τίς ἂν ἐπινοήσαι ψυχὴν
ψυχῆς; Ὅταν γὰρ ἕτερον ὑφ´ ἑτέρου σώζηται συνεχόμενον,
ἀνάγκη που παύσασθαι τὴν συνοχὴν ἐπὶ πρᾶγμα
προελθοῦσαν συνέχον μὲν ἄλλο, συνεχόμενον δὲ ὑφ´
ἑαυτοῦ· εἰ δὲ μή, ποῖ στήσεται ὁ λογισμὸς προϊὼν εἰς
ἄπειρον; οἷον εἰ ξυνείη τις ὁλκάδα ἐν κλύδωνι ἐκ πέτρας
ποθὲν καθωρμισμένην διὰ πολλῶν κάλων, ὧν ἕτερον
ἐξ ἑτέρου συνεχόμενον τῇ ξυνδέσει τελευτᾷ ἐπὶ τὴν
πέτραν, χρῆμα ἑστὸς καὶ ἑδραῖον.
| [9,5] V. Voici le moment de dire comment les Dieux du second ordre sont passibles et
immortels à la fois. Commençons par l'immortalité. Tout ce qui périt, est ou dissous, ou
fondu, ou coupé, ou rompu, ou transformé : ou dissous, comme le limon par l'eau; ou
rompu, comme les champs par la charrue ; ou fondu, comme la cire par le soleil ; ou
coupé, comme une plante par un fer tranchant ; ou transformé, comme l'eau en air et
l'air en feu. Or, il faut que la substance des Dieux du second ordre, si'elle doit être
immortelle, ne puisse être ni dissoute, ni fondue, ni coupée, ni rompue, ni transformée.
Car si elle éprouvait quelqu'un de ces accidents, adieu son immortalité : or, comment
les éprouverait-elle, si la substance d'un Dieu de ce genre n'est autre chose qu'une
âme dépouillée de corps? Car, si le corps, périssable de sa nature, ne périt point tant
qu'elle reste avec lui, il s'en faut beaucoup qu'elle soit susceptible de périr elle-même.
Pendant que leur union dure, c'est le corps qui est soutenu, et c'est l'âme qui soutient.
Car, si l'âme soutenait autre chose, et qu'elle ne se soutint pas elle-même, que serait
la chose qui la soutiendrait, et comment concevoir que l'âme eût une âme? Pendant
que l'un est conservé par l'autre, tant qu'il en est soutenu, il faut, de toute nécessité,
que cette action de soutenir cesse, lorsqu'elle est arrivée à une chose qui en soutient
une autre, et qui se soutient elle-même. Sinon, où s'arrêterait le raisonnement dans
une progression qui irait à l'infini ? C'est tout comme si l'on conçoit un vaisseau lancé
au milieu des flots, de manière qu'il soit néanmoins attaché à quelque roche, à l'aide
de plusieurs cordages, dont l'un tient à l'autre, jusqu'à la roche, point fixe et solide, où
se termine leur connexion.
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