[9,3] Οἷον τὸ τοιόνδε λέγω· καλοῦμέν τι πῦρ ξηρόν
τε καὶ θερμόν· ἐναντίον δὲ θερμῷ μὲν ψυχρόν,
ξηρῷ δὲ ὑγρόν· ἀλλὰ μὴν καὶ ὕδωρ καλοῦμεν ψυχρὸν
καὶ ὑγρόν· ἀδύνατον δὴ μεταβάλλειν πῦρ εἰς ὕδωρ,
καὶ ὕδωρ εἰς πῦρ· οὔτε γὰρ ψυχρὸν εἰς θερμότητα,
οὔτε ὑγρὸν εἰς ξηρότητα μεταβάλοι ἄν. Οὕτω δὴ τὸν
τούτων πόλεμον μετεχειρίσατο ἡ φύσις· ἔδωκεν αὐτοῖς
ὥσπερ ἐκεχειροφόρον τὸν ἀέρα, ὃς λαβὼν παρὰ μὲν
τοῦ πυρὸς τὴν θερμότητα, παρὰ δὲ τοῦ ὕδατος τὴν
ὑγρότητα, συνεκέρασεν αὐτῶν καὶ συνῆψεν τὰς ὁμιλίας,
καὶ γίνεται μεταβολὴ καὶ πρόσβασίς ποτε μὲν τοῦ
πυρὸς εἰς ἀέρα, κατὰ θερμότητα· ἀπὸ δὲ τοῦ ἀέρος
εἰς ὕδωρ, κατὰ ὑγρότητα. Πάλιν αὖ ἀὴρ θερμόν τε
καὶ ὑγρόν, γῆ δὲ ψυχρόν τε καὶ ξηρόν· ἐναντίον δὲ
ξηρότης μὲν ὑγρότητι, ψυχρότης δὲ θερμότητι· οὐκ ἂν
οὖν μετέβαλέν ποτε ἀὴρ εἰς γῆν, ὅτι μὴ τῆς φύσεως
καὶ τούτοις δούσης τὴν τοῦ ὕδατος οὐσίαν, διαιτῶσάν
τε αὐτὰ καὶ ξυνάγουσαν, παρὰ μὲν ἀέρος λαβοῦσαν
τὴν ὑγρότητα, παρὰ δὲ γῆς τὴν ψυχρότητα. Σκόπει
δὴ τὸ πᾶν οὕτως συγκεφαλαιωσάμενος βραχεῖ λόγῳ·
ἐπειδὴ ἕκαστον τούτων ἀνὰ δύο συνέστηκεν φύσεων
ἐναντίων, ὧν ἀεὶ τὴν ἑτέραν ἀφαιρῶν μοῖραν, προστιθεὶς
τῶν ἔπειτα τῇ ἑτέρᾳ, καθ´ ἥμισυ μὲν χωρίζεις
ἑκατέρου ἑκάτερον, καθ´ ἥμισυ δὲ συντάττεις ἑκατέρῳ
ἑκάτερον, τοῦτον τὸν τρόπον τὰ ἐναντία ἀλλήλοις
ἄμικτα ὄντα κοινωνεῖ ὅμως, καὶ ἀνακίρνανται καὶ πῦρ
ἀέρι κατὰ θερμότητα, καὶ ἀὴρ ὕδατι κατὰ ὑγρότητα,
καὶ ὕδωρ γῇ κατὰ ψυχρότητα, καὶ γῆ πυρὶ κατὰ ξηρότητα·
οὕτω κἀνταῦθα κοινωνεῖ θεὸς μὲν δαίμονι κατὰ
τὸ ἀθάνατον, δαίμων δὲ ἀνθρώπῳ κατὰ τὸ ἐμπαθές,
ἄνθρωπος θηρίῳ κατὰ τὸ αἰσθητικόν, θηρίον φυτῷ
κατὰ τὸ ἔμψυχον.
| [9,3] III. C'est comme si je disais : il existe une substance que nous appelons feu, et qui
est à la fois chaude et sèche. Le froid est le contraire du chaud. L'humide est le
contraire du sec. Il est donc impossible de changer du feu en eau, ou de l'eau en feu. Il
ne serait pas plus aisé de changer le froid en chaud, ni l'humide en sec. Telle est
la contrariété que la Nature a établie elle-même entre ces choses. Mais elle leur a
donné l'air, comme pour servir entr'elles de conciliateur. Il emprunte du feu la chaleur,
de l'eau l'humidité; par-là s'opère le rapprochement et la communication : par-là
s'effectue la transition, le passage, du feu à l'air par la chaleur, et de l'air à l'eau par
l'humidité. D'un autre côté, l'air est chaud et humide, et la terre est froide et sèche. Or
la sécheresse est le contraire de l'humidité, comme la froideur est le contraire de la
chaleur. L'air ne se changerait donc jamais en terre, si la nature n'eût placé, entre
l'un et l'autre, l'eau qui leur sert comme d'arbitre, qui les concilie, qui les unit, en
recevant, de la part de l'air, l'humidité, de la part de la terre la froideur. Voici le succinct
abrégé de tous les rapports du même genre. Chacune de ces choses étant composée
de deux éléments contraires, on prend toujours de l'un une de ses parties, et l'on
l'ajoute ensuite à l'autre: l'on sépare l'un de l'autre à moitié, et l'on rapproche l'un de
l'autre dans la même proportion. C'est ainsi que les choses contraires entr'elles, et
inalliables, se rapprochent néanmoins, se combinent ensemble, comme le feu avec
l'air sous le rapport de la chaleur, comme l'air avec l'eau sous le rapport de l'humidité,
comme l'eau avec la terre sous le rapport de la froideur, comme la terre avec le feu
sous le rapport de la sécheresse. De même ici DIEU est en contact avec les Dieux du
second ordre, sous le rapport de l'immortalité; les Dieux du second ordre sont en
contact avec l'homme, parce qu'ils sont passibles, comme lui. L'homme est en contact
avec la brute, parce que la brute est sensible comme l'homme; la brute est en contact
avec la plante, parce que la plante a une âme, comme la brute.
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