[8,7] Καὶ τοῦτο μέν σοι παρ´ ἐμοῦ καὶ αὖθις λελέξεται·
νῦν δὲ ἴθι αὐτὸς πρὸς αὑτὸν ἑκκαθηράμενος
ταυτηνὶ τὴν δόξαν, ἵνα σοι καὶ προτέλεια γένηται ταῦτα
τοῦ μέλλοντος λόγου· ὅτι θεοὶ ἀνθρώποις ἀρετὴν καὶ
κακίαν ἔνειμαν, ὥσπερ ἐν σταδίῳ ἀγωνισταῖς, τὴν μὲν
ἆθλον μοχθηρίας φύσεως καὶ γνώμης πονηρᾶς, τὴν
δὲ ἐπινίκιον γνώμης ἀγαθῆς καὶ φύσεως ἐρρωμένης,
ὅταν κρατῶσιν καλοκαγαθίᾳ. Τούτοις καὶ τὸ θεῖον
ἐθέλει ξυνίστασθαί τε καὶ συνεπιλαμβάνειν τοῦ βίου,
ὑπερέχον χεῖρα καὶ κηδόμενον· τὸν μὲν φήμαις σώζει,
τὸν δὲ οἰωνοῖς, τὸν δὲ ὀνείρασιν, τὸν δὲ φωναῖς, τὸν
δὲ θυσίαις. Ἀσθενὴς γὰρ ἡ ἀνθρωπίνη ψυχὴ πρὸς
πάντα ἐξικνεῖσθαι τοῖς λογισμοῖς, ἅτε περιβεβλημένη
ἐν τῷ δευτέρῳ βίῳ πολλὴν καὶ σκοτεινὴν ἀχλύν, καὶ
ἐν πολλῷ ψόφῳ καὶ θορύβῳ τῶν δεῦρο κακῶν διατρίβουσα,
καὶ ταραττομένη ὑπ´ αὐτῶν. Τίς γὰρ οὕτω
ταχὺς καὶ ἀσφαλὴς ὁδοιπόρων, ὡς μὴ ἐντυχεῖν βαδίζων
χαράδρᾳ ἀφανεῖ, ἢ χάρακι ἀδήλῳ, ἢ κρημνῷ, ἢ τάφρῳ;
τίς δὲ οὕτω κυβερνήτης ἀγαθὸς καὶ εὔστοχος, ὡς ἀπείρατος
διελθεῖν κλύδωνος, καὶ ζάλης, καὶ πνευμάτων
ἐμβολῆς, καὶ ἀέρος τεταραγμένου; τίς δὲ οὕτω ἰατρὸς
τεχνικός, ὡς μὴ ἐπιταραχθῆναι ἀφανεῖ καὶ ἀνελπίστῳ
νοσήματι, ἄλλου ἄλλοθεν ὑποφυομένου καὶ ὑποτεμνομένου
τοὺς τῆς τέχνης λόγους; τίς δὲ ἀνὴρ ἀγαθός,
ὡς διελθεῖν βίον ἀπταίστως καὶ ἀσφαλῶς, ὡς σῶμα
νοσερόν, ὡς πλοῦν ἄδηλον, ὡς ὁδὸν διεσκαμμένην,
καὶ μὴ δεηθῆναι ἐν τούτοις, κυβερνήτου καὶ ἰατροῦ
καὶ χειραγωγοῦ θεοῦ; Καλὸν μὲν γὰρ ἡ ἀρετή, καὶ
εὐπορώτατον, καὶ δραστικώτατον· ἀλλ´ ἀνακέκραται
ὕλῃ πονηρᾷ, καὶ ἀσαφεῖ, καὶ μεστῇ πολλοῦ τοῦ ἀδήλου,
ἣν δὴ καλοῦσιν οἱ ἄνθρωποι τύχην, χρῆμα τυφλὸν
καὶ ἀστάθμητον. Ἀντιφιλοτιμεῖται τῇ ἀρετῇ, καὶ
ἀντιστατεῖ, καὶ ἀνταγωνίζεται, καὶ πολλάκις αὐτὴν
ἀντιταράττει, ὡς νέφη αἰθέρι ὑποδραμόντα τὴν ἡλίου
ἀκτῖνα ἀπέκρυψεν αὐτοῦ τὸ φῶς, καὶ ἐστὶν μὲν καὶ
τότε ἥλιος καλός, ἀλλὰ ἡμῖν ἄδηλος· οὕτω καὶ ἀρετὴν
ὑποτέμνεται τύχης ἐμβολή· καὶ καλὴ μὲν ἡ ἀρετὴ
τά τε ἄλλα, ἐμπεσοῦσα δὲ εἰς νεφέλην ἄδηλον, ἐπισκιάζεται
καὶ διατειχίζεται. Ἔνθα δὴ αὐτῇ θεοῦ δεῖ
συλλήπτορος, καὶ συναγωνιστοῦ, καὶ παραστάτου.
| [8,7] VII. Je dirai ci-après tout ce que je pense là-dessus. Quant à présent,
rentrons en nous-mêmes, et approfondissons ce point-ci, afin de mieux saisir ce qui
fera la matière de la Dissertation suivante, savoir, que les Dieux ont distribué aux
hommes le vice et la vertu, comme à des athlètes dans l'arène, l'un pour être le salaire
des penchants pervers, et des âmes adonnées à la méchanceté, l'autre pour être la
récompense des âmes honnêtes, des inclinations saines, lorsqu'elles se distinguent
par les bonnes moeurs et la probité. C'est aux hommes de cette dernière classe
que les Dieux veulent prêter leur assistance. C'est avec eux qu'ils veulent vivre dans
une sorte de communauté, étendant sur eux leur main protectrice et leur vigilance. Ils
conservent l'un par des présages, l'autre par des augures, celui-ci par des songes,
celui-là par des vaticinations, cet autre par des sacrifices. Car il est impossible à
l'âme humaine de tout soumettre au creuset de la raison, enveloppée, comme elle est,
dans cette seconde vie, de nombreux, d'épais nuages, plongée dans l'abîme,
dans le gouffre des maux d'ici-bas, par lesquels elle est incessamment tourmentée.
Quel est le coureur assez leste et assez sûr de ses pieds, pour ne pas tomber, en
courant, dans une excavation masquée, dans une fosse cachée, dans une tranchée,
dans un précipice ? Quel est le pilote assez habile, assez confiant dans son art, pour
faire une traversée sans éprouver ni tourmente, ni tempête, ni bourrasque, ni coup de
vent? Où est le médecin assez profond dans la médecine, pour rassurer contre des
maladies inapparentes et inattendues, lorsqu'en naissant l'une de l'autre, comme elles
le font quelquefois, elles déconcertent toutes les combinaisons, tous les
raisonnements de l'art? Où est l'homme assez vertueux, pour faire, sans nul faux pas,
sans nulle chute, le trajet de la vie, sujette à mille accidents, comme le corps, livrée à
mille incertitudes, comme la navigation., encombrée d'obstacles, comme les chemins,
sans avoir besoin, au milieu de tout cela, ni de médecin, ni de pilote, ni d'un Dieu qui
lui serve de guide? La vertu est sans doute une fort belle chose, très facile à acquérir,
d'une très grande efficace. Mais elle se mélange avec un élément mauvais en
soi, vague d'ailleurs, et dénué de consistance; élément auquel les hommes donnent le
nom de fortune, chose également aveugle et fugitive, qui rivalise avec la vertu, qui
entre en concurrence avec elle, qui est son antagoniste, et qui souvent même l'agite et
la tourmente. De même que dans les airs un nuage, qui se place au-dessous des
rayons du soleil, nous en dérobe la lumière, et que tout invisible qu'est alors le soleil à
nos yeux ; il ne laisse pas de conserver son éclat ; de même la vertu, lorsqu'elle est
traversée par les coups de la fortune, conserve bien d'ailleurs toute sa beauté, mais le
nuage ténébreux qui se répand autour d'elle l'obscurcit et la masque. C'est alors
qu'elle a besoin qu'un Dieu vienne à son secours, combatte pour elle, et se constitue
son champion et son auxiliaire.
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