[8,8] Θεὸς μὲν οὖν αὐτὸς κατὰ χώραν ἱδρυμένος οἰκονομεῖ
τὸν οὐρανὸν καὶ τὴν ἐν οὐρανῷ τάξιν· εἰσὶ δ´
αὐτῷ φύσεις, ἀθάνατοι δεύτεροι, οἱ καλούμενοι δεύτεροι
ἐν μεθορίᾳ γῆς καὶ οὐρανοῦ τεταγμένοι· θεοῦ
μὲν ἀσθενέστεροι, ἀνθρώπου δ´ ἰσχυρότεροι· θεῶν μὲν
ὑπηρέται, ἀνθρώπων δὲ ἐπιστάται· θεῶν μὲν πλησιαίτατοι,
ἀνθρώπων δὲ ἐπιμελέστατοι. Ἦ γὰρ ἂν τὸ
διὰ μέσου πολλῷ τῷ θνητῷ πρὸς τὸ ἀθάνατον διετειχίσθη
τῆς οὐρανίου ἐπόψεώς τε καὶ ὁμιλίας, ὅτι μὴ
τῆς δαιμονίου ταύτης φύσεως, οἷον ἁρμονίας, κατὰ τὴν
πρὸς ἑκάτερον συγγένειαν καταλαβούσης δεσμῷ τὴν
ἀνθρωπίνην ἀσθένειαν πρὸς τὸ θεῖον κάλλος. Καθάπερ
γάρ, οἶμαι, τὸ βαρβαρικὸν τοῦ Ἑλληνικοῦ διῄρηται
φωνῆς συνέσει, ἀλλὰ τὸ τῶν ἑρμηνέων γένος τὰς
παρ´ ἑκατέρων φωνὰς ὑποδεχόμενον καὶ διαπορθμεῦον‘
πρὸς ἑκατέρους, συνῆψεν αὐτῶν καὶ συνεκέρασεν
τὰς ὁμιλίας· οὕτω δ´ ἂν καὶ τὸ δαιμόνων γένος
ἐπίμικτον νοεῖται καὶ θεοῖς τε καὶ ἀνθρώποις. Τοῦτο
γάρ ἐστιν τὸ ἀνθρώποις προσφθεγγόμενον, καὶ φανταζόμενον,
καὶ εἱλούμενον ἐν μέσῃ τῇ θνητῇ φύσει, καὶ
ἀπωφελοῦν ὅσα ἀνάγκη δεῖσθαι θεῶν τὸ θνητῶν γένος.
Πολλὴ δὲ ἡ δαιμόνων ἀγέλη·
τρὶς γὰρ μύριοί εἰσιν ἐπὶ χθονὶ πουλυβοτείρῃ,
ἀθάνατοι, Ζηνὸς πρόπολοι·
οἱ μὲν ἰατροὶ νοσημάτων, οἱ δὲ τῶν ἀπόρων σύμβουλοι,
οἱ δὲ τῶν ἀφανῶν ἄγγελοι, οἱ δὲ τέχνης συνεργάται,
οἱ δὲ ὁδοῦ συνέμποροι· οἱ μὲν ἀστικοί, οἱ δὲ ἀγροικικοί,
οἱ δὲ θαλάττιοι, οἱ δὲ ἠπειρωτικοί· εἴληχεν δὲ
ἄλλος ἄλλην ἑστίαν σώματος, ὁ μὲν Σωκράτην, ὁ δὲ
Πλάτωνα, ὁ δὲ Πυθαγόραν, ὁ δὲ Ζήνωνα, ὁ δὲ Διογένην·
ὁ μὲν φοβερός, ὁ δὲ φιλάνθρωπος, ὁ δὲ πολιτικός,
ὁ δὲ τακτικός· ὅσαι φύσεις ἀνδρῶν, τοσαῦται
καὶ δαιμόνων·
καί τε θεοὶ ξείνοισιν ἐοικότες ἀλλοδαποῖσιν,
παντοῖοι τελέθοντες, ἐπιστρωφῶσι πόληας·
ἐὰν δέ που μοχθηρὰν δείξεις ψυχήν, ἀνέστιος αὕτη
καὶ ἀνεπιστάτητος.
| [8,8] VIII. Or, DIEU, celui qui est proprement ainsi nommé, et qui est vraiment tel,
ne change jamais de place. Il gouverne les Cieux et tout ce qui en compose
l'ordonnance. Il existe une seconde espèce de substances immortelles,
auxquelles il a donné l'être, qu'on appelle Dieux du second ordre, et qui sont placés
dans l'intervalle qui sépare la terre des cieux : substances, inférieures à DIEU, mais
supérieures à l'homme; ministres des volontés de DIEU, mais qui commandent aux
volontés de l'homme; placées très proche de DIEU, mais veillant sur l'homme avec le
plus grand soin. Car l'être mortel aurait été éloigné de la contemplation et du
commerce des choses célestes, de tout l'intervalle qui le sépare de l'être immortel, si
ces substances du second ordre, comme un intermédiaire harmonique, ne
s'interposaient par des rapports qui les attachent à l'un et à l'autre, et ne servaient
comme de point de contact des deux côtés, pour faire arriver la faiblesse humaine
jusqu'au Beau divin. Il en est, je pense, comme des Barbares, qui sont séparés des
Grecs, par le non usage de la langue. Mais les interprètes, en apprenant la langue des
uns et des autres, leur servent tour-à-tour à se faire entendre, et établissent entr'eux
les plus familières communications. De même les Dieux du second ordre s'interposent
entre Dieu et l'homme, et sont entendus de l'un et de l'autre. Tels sont les Dieux qui se
présentent à l'homme, qui conversent avec lui, qui ne se séparent point de lui, au
milieu des vicissitudes de sa carrière mortelle, et qui lui administrent des Secours,
selon qu'il est nécessaire qu'ils interviennent dans les affaires humaines. Au reste, ces
Dieux sont en très grand nombre. « Il est sur la terre un nombre infini d'immortels
ministres de Jupiter ». Les uns servent à la guérison des malades, les autres à
fixer l'incertitude de ceux qui sont en perplexité, ceux-ci font connaître les choses
cachées, ceux-là aident les hommes dans leurs travaux, ou les accompagnent dans
leurs voyages. Il en est pour les Cités, il en est pour les campagnes. Il en est pour la
mer, il en est pour le continent. Ceux-ci sont logés, l'un dans un corps, l'autre dans un
autre corps; celui-ci chez Socrate, celui-là chez Platon; Celui-ci chez Pythagore, celui-
là chez Zénon, et ce dernier chez Diogène. L'un est pusillanime, l'autre est
philanthrope, l'un est politique, l'autre est militaire. Telles sont les inclinations
naturelles des hommes, telles sont celles de ces Dieux : « Semblables à des étrangers
tantôt sous un extérieur, tantôt sous un autre, ils parcourent les Cités, pour inspecter
les bonnes et les mauvaises actions des hommes (35). Mais quand on a une âme où
habitent le vice et la méchanceté, aucun de ces Dieux n'y vient établir son domicile
pour la diriger (36).
|