[8,4] Εἶεν· τοῦτο μὲν, φήσει τὶς, πείθομαι, ὅτι κατ´
ἀρετὴν τρόπου καὶ φύσεως γενναιότητα ἠξιώθη ὁ Σωκράτης δαιμονίου συνουσίας· τί δὲ καὶ ἦν τὸ δαιμόνιον,
ποθῶ μαθεῖν. Ἐὰν πρῶτον, ὦ τάν, ἀποκρίνῃ
μοι, πότερον ἡγεῖ τι εἶναι δαιμονίων γένος ἐν τῇ
φύσει, ὡς θεῶν, ὡς ἀνθρώπων, ὡς θηρίων, ἢ μή· γελοῖον
γὰρ ἂν ἐρωτᾶν, τί ἦν τὸ δαιμόνιον Σωκράτους,
τὸ πᾶν ἀγνοοῦντα· οἷον εἰ καὶ νησιώτης ἀνήρ,
ἀθέατος τοῦ ἵππων γένους καὶ ἀμαθέστατος, ἀκούων
ὅτι ἦν Μακεδόνι βασιλεῖ κτῆμα ὁ Βουκεφάλας, ὄχημα
ἐκείνῳ μὲν τιθασόν, τοῖς δὲ ἄλλοις ἄβατον, ἔπειτα
ἀνερωτῴη, τί ἦν πρᾶγμα ὁ Βουκεφάλας· ἠπόρησεν γὰρ
ἂν ὁ διηγούμενος, πρὸς ἄνδρα ἀθέατον τῆς ἵππων
φύσεως, εἰκόνος σαφοῦς.
| [8,4] IV. Eh bien, dira-t-on, nous accordons que cela soit ainsi, que Socrate, par sa
vertu, par ses moeurs, par le mérite supérieur de ses qualités, ait été jugé digne d'être
en commerce avec un Esprit familier. Mais nous désirerions savoir quel était cet
Esprit-là. Vous le saurez : mais auparavant répondez-moi. Pensez-vous qu'il existe
dans la Nature des êtres de ce genre, comme il existe des Dieux, des hommes, et des
brutes; ou non? Car il serait ridicule de demander ce que c'était que l'Esprit familier de
Socrate, si vous n'admettiez point l'existence des êtres de cette nature. Ce serait
comme si un insulaire, qui n'aurait jamais vu de cheval, et qui ignorerait entièrement ce que c'est que ce quadrupède, entendant dire que le Roi de Macédoine avait
Bucéphale, qu'il le montait sans qu'il remuât, tandis qu'il ne se laissait monter par nul
autre, demandait ce que c'était que ce Bucéphale. Celui à qui une semblable
question serait adressée, ne saurait comment s'y prendre, pour peindre l'image d'un
cheval aux yeux de quelqu'un qui n'en aurait jamais vu.
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