[8,3] Ὅτι δὲ ταῦτα ἀληθῆ, ὥσπέρ ἐστιν (καὶ σώζεται καὶ
νῦν τὰ μὲν αὐτὰ ἐκεῖνα οἷα ἦν, τῶν δὲ ἴχνη σαφῆ
ἐκλέλειπται τῆς περὶ αὐτὸ θεραπείας τὲ καὶ κομιδῆς),
θαυμαστὸν εἰ ταῦτα μὲν οὐδεὶς ἡγεῖται ἄτοπά τε εἶναι
καὶ ἔξω τρόπου, οὐδὲ ἀμφισβητεῖ περὶ αὐτῶν, ἀλλὰ
τὴν πίστιν παραδοὺς τῷ χρόνῳ εἴσεισιν ἕκαστος μαντευσόμενος,
καὶ ἀκούσας διαπιστεύει, καὶ πιστεύσας
χρῆται, καὶ χρησάμενος τιμᾷ· εἰ δὲ ἀνὴρ φύσει τὲ
κεχρημένος γενναιοτάτῃ, καὶ παιδείᾳ σωφρονεστάτῃ,
καὶ φιλοσοφίᾳ ἀληθεστάτῃ, καὶ τύχῃ δεξιωτάτῃ, συγγίγνεσθαι τῷ δαιμονίῳ ἠξιώθη πρὸς τοῦ θεοῦ, θαυμαστὸν δοκεῖ καὶ ἄπιστον, καὶ τοῦτο, ὅσον αὐτῷ ἱκανὸν εἶναι, χρησμῳδεῖν οὐκ Ἀθηναίοις, μὰ Δία, περὶ τῶν Ἑλληνικῶν κακῶν βουλευομένοις, οὐδὲ Λακεδαιμονίοις περὶ στρατείας μαντευομένοις, οὐδὲ εἴ τις
Ὀλυμπίαζε ἀγωνιούμενος περὶ νίκης ἠρώτα, οὐδ´ εἴ
τις εἰς δικαστήριον καθιστάμενος, εἰ αἱρήσει, διεπυνθάνετο, οὐδ´ εἴ τις ἤρα χρημάτων, εἰ πλουτήσει, οὐδὲ
ἄλλό τι τῶν ἐπὶ μηδεμιᾷ προφάσει ἀξιόχρεῳ πραγματευομένων,
ὑπὲρ ὧν ὁσημέραι ἐνοχλοῦσιν οἱ
ἄνθρωποι τοὺς θεούς· τάχα μὲν γὰρ καὶ ταῦτα ἦν ἱκανὸν
καὶ τὸ Σωκράτους δαιμόνιον διειδέναι, εἴπερ ἦν
μαντικόν· καὶ γὰρ ἰατρῶν, ὅστις αὐτῷ ἱκανὸς καὶ ἄλλῳ,
ὁ αὐτὸς, καὶ τεκτόνων καὶ σκυτοτόμων καὶ τῶν ἄλλων
ἑξῆς καὶ ἐπιστημῶν καὶ δυνάμεων· ἀλλὰ ταύτῃ γε ὁ
Σωκράτης ἐπλεονέκτει (τῷ νῷ ταῖς τῶν θεῶν φωναῖς
συγγιγνόμενός τε), ὅτι τὰ αὑτοῦ ἐν καλῷ διατιθέμενος
τῇ πρὸς τὸ δαιμόνιον συνουσίᾳ τοῖς ἄλλοις ἀνεπιφθόνως
τὲ καὶ ὅσα ἀνάγκη προσεφέρετο.
| [8,3] III. Si tout ce que nous venons de dire de ces divers oracles est vrai, comme cela
l'est réellement, (car certains d'entr'eux sont encore aujourd'hui ce qu'ils étaient
autrefois ; et des autres, il nous en reste des monuments non équivoques, qui
attestent la réputation et la vogue dont ils jouissaient); il est étonnant que
personne n'ait songé à regarder ce qu'on en raconte, comme des absurdités et des
inepties, qu'on n'ait point élevé le moindre doute à cet égard; que fidèle, au contraire, à
l'opinion reçue de son temps, chacun soit venu consulter les oracles ; qu'après avoir
entendu leur réponse; on y ait ajouté foi; qu'après y avoir ajouté foi, on ait exécuté ce
qu'ils prescrivaient; qu'après avoir exécuté ce qu'ils prescrivaient, on leur ait donné des
témoignages de vénération : et que, s'il s'agit d'un homme doué du plus heureux
naturel, dont la conduite ait été dirigée par la moralité la mieux ordonnée, par la
philosophie la plus vraie, par une âme parfaitement organisée, et que les Dieux
aient jugée digne d'être en commerce avec un Esprit familier, on regarde cela comme
un prodige, et l'on refuse de croire que cet Esprit familier ait servi d'oracle à cet
homme dans tout ce qui pouvait l'intéresser personnellement; tandis qu'on ne voit
point qu'un Esprit familier du même genre ait été l'oracle, ni des Athéniens
délibérants sur les affaires générales de la Grèce, ni des Lacédémoniens impatients
de connaître le sort d'une expédition militaire; ni des Athlètes allant combattre aux
Jeux Olympiques, curieux de savoir qui remporterait la victoire ; ni des Plaideurs en
instance devant les tribunaux, empressés d'être instruits s'ils gagneraient leur procès;
ni des Spéculateurs avides de s'enrichir, et d'être informés d'avance du succès de
leurs spéculations; ni de tous ceux qui se livrent à toutes sortes d'entreprises, sans nul
motif raisonnable de confiance, et qui, chaque jour, viennent là-dessus fatiguer les
Dieux. Peut-être, aussi, l'Esprit familier de Socrate, était-il capable de répondre à tant
de questions, s'il avait le don de lire dans l'avenir. Car le plus habile médecin est, sans
doute, celui qui n'est pas moins propre à traiter les maladies des autres, qu'à traiter les
siennes. Il en est de même des constructeurs de bâtiments, des faiseurs de boucliers,
et de tous ceux qui exercent les autres arts ou professions. Mais l'avantage de Socrate
consistait en ce qu'associé par son intelligence aux pensées des Dieux, et ayant placé,
par une conséquence de ses relations de son commerce avec eux, ce qui le regardait
personnellement dans la sphère du Beau moral, il ne montrait aux autres hommes
aucun sentiment de jalousie, et leur prêtait son secours, lorsqu'il leur était nécessaire.
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