[8,2] Ἐν Τροφωνίου τε μὴν (καὶ γὰρ τοῦτο μαντεῖόν
ἐστιν ἐν Βοιωτίᾳ ἥρωος Τροφωνίου περὶ Λεβαδίαν
πόλιν) ὁ δεόμενος συγγενέσθαι τῷ δαιμονίῳ, ἐνσκευασάμενος
ὀθόνῃ ποδήρει καὶ φοινικίδι, μάζας τε ἐν
χεροῖν ἔχων, εἰσδύεται ὕπτιος κατὰ στομίου στενοῦ·
καὶ τὰ μὲν ἰδών, τὰ δὲ ἀκούσας, ἄνεισιν αὖθις ὑποφήτης
αὐτάγγελος. Ἦν δέ που τῆς Ἰταλίας κατὰ τὴν
μεγάλην Ἑλλάδα περὶ λίμνην Ἄορνον οὕτω καλουμένην μαντεῖον ἄντρον, καὶ θεραπευτῆρες τοῦ ἄντρου
ἄνδρες ψυχαγωγοί, οὕτως ὀνομαζόμενοι ἐκ τοῦ ἔργου.
Ἐνταῦθα ὁ δεόμενος ἀφικόμενος, εὐξάμενος, ἐντεμὼν
σφάγια, χεάμενος χοάς, ἀνεκαλεῖτο ψυχὴν ὅτου δὴ τῶν
πατέρων ἢ φίλων· καὶ αὐτῷ ἀπήντα εἴδωλον, ἀμυδρὸν
μὲν ἰδεῖν καὶ ἀμφισβητήσιμον, φθεγκτικὸν δὲ καὶ μαντικόν· καὶ συγγενόμενον ὑπὲρ ὧν ἐδεῖτο, ἀπηλλάττετο.
Τοῦτό μοι δοκεῖ τὸ μαντεῖον καὶ Ὅμηρος γνούς, προσθεὶς
τῷ Ὀδυσσεῖ τὴν ἐπ´ αὐτῷ ὁδόν, ἐκτοπίσαι τὸ
χωρίον ποιητικῶς μάλα τῆς καθ´ ἡμᾶς θαλάττης.
| [8,2] II. Dans l'antre de Trophonius, (car le demi-Dieu de ce nom avait aussi son
oracle, dans la Béotie, auprès de la ville de Lébadie) dans cet antre, celui qui avait
besoin de consulter le Dieu était revêtu d'une espèce de grande robe de pourpre, qui
lui descendait jusqu'aux pieds. Il prenait des gâteaux dans ses deux mains : il était
introduit, ventre à terre, au travers d'une fort étroite ouverture : après qu'il avait vu
certains objets, et qu'il avait entendu certaines paroles, on le retirait de l'antre ; et il
était lui-même son propre oracle. Dans cette contrée de l'Italie, qu'on appelait la
Grande-Grèce, auprès d'un lac nommé Aorne, était un antre fatidique; et les
prêtres de cet antre empruntaient de leurs fonctions le nom d'évocateurs des âmes,
sous lequel ils étaient connus. Là, aussitôt que celui qui venait consulter l'oracle était
arrivé, il se mettait en oraison, il égorgeait des victimes, il faisait des libations, et
évoquait l'âme quelconque d'un de ses parents ou de ses amis. Alors paraissait dans
l'obscurité un spectre, difficile à distinguer, mais ayant le don de la parole et celui de
prédire l'avenir. Aussitôt qu'il avait répandu à la question qui lui était adressée, il
disparaissait. Homère semble avoir connu cet antre, et y avoir conduit Ulysse,
mais, par une licence poétique, il a transporté le lieu de la scène loin de la mer qui
nous environne.
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