[7,5] Φαίην δ´ ἂν ἔγωγε, οὐδὲ ἀκούσῃ εἶναι τῇ γενναίᾳ
ψυχῇ φθορὰν σώματος· οἷον εἰ καὶ δεσμώτην ἐννοήσαις
ὁρῶντα σηπόμενον καὶ διαρρέον τὸ τειχίον τοῦ
δεσμωτηρίου, ἀναμένοντα τὴν ἔκδυσιν καὶ τὴν ἐλευθερίαν
τοῦ Ἑρμοῦ, ἵνα ἐκ πολλοῦ καὶ ἀφεγγοῦς
ζόφου, οὗ τέως κατορώρυκτο, ἀναβλέψῃ πρὸς τὸν αἰθέρα,
καὶ ἐμπλησθῇ λαμπροῦ φωτός· ἢ οἴει ἄνδρα
ἠσκημένον καλῶς καὶ διαπεπονημένον τῷ σώματι ταραχθῆναι ἂν τῶν χλανιδίων αὐτῷ διαρρηγνυμένων·
ἀλλ´ οὐκ ἂν ἀπορρίψαι αὐτὰ ἄσμενον, καὶ παραδοῦναι
τὸ σῶμα τῷ ἀέρι, γυμνὸν γυμνῷ, φίλον φίλῳ, ἐλεύθερον
ἐλευθέρῳ; Τί οὖν ἄλλο ἡγεῖ τῇ ψυχῇ εἶναι τὸ
δέρμα τοῦτο καὶ τὰ ὀστᾶ καὶ τὰς σάρκας; χλανίδια
ἐφήμερα, καὶ ῥακία ἀσθενῆ καὶ τρύχινα· ταῦτα καὶ σίδηρος
διαρρήγνυσιν, καὶ πῦρ τήκει, καὶ ἕλκη ἐπινέμεται.
Ἡ μὲν οὖν ἀγαθὴ ψυχὴ καὶ διαπεπονημένη καὶ ἠσκημένη
ἀμελεῖ, καὶ ὡς τάχιστα ἐφίεται γυμνωθῆναι· ὥστε κἂν
ἐπιφθέγξαιτό τις τῷ γενναίῳ ἀνδρί, νοσοῦντα τῷ σώματι
θεασάμενος, τὸ τοὐ Ὀδυσσέως ἐκεῖνο,
οἵην ἐκ ῥακέων ὁ γέρων ἐπιγουνίδα φαίνει·
Ἡ δὲ δειλὴ ψυχὴ κατορωρυγμένη ἐν σώματι, ὡς ἑρπετὸν
νωθὲς εἰς φωλεόν, φιλεῖ τὸν φωλεόν, καὶ οὐδεπώποτε
θέλει ἀπαλλαγῆναι αὐτοῦ, οὐδὲ ἐξερπύσαι, ἀλλὰ
καιομένῳ συγκάεται, καὶ σπαραττομένῳ συσπαράττεται,
καὶ ἀλγοῦντι τῷ σώματι συναλγεῖ, καὶ βοῶντι συμβοᾷ.
Ὦ ποῦς, ἀφήσω σε;
ὁ Φιλοκτήτης λέγει. Ἄνθρωπε, ἄφες, καὶ μὴ βόα,
μηδὲ λοιδοροῦ τοῖς φιλτάτοις, μηδὲ ἐνόχλει τὴν Λημνίων γῆν.
Ὦ θάνατε παιάν·
εἰ μὲν ταῦτα λέγεις ἀλλαττόμενος κακὸν κακοῦ, οὐκ
ἀποδέχομαι τῆς εὐχῆς· εἰ δὲ ἡγεῖ τῷ ὄντι τὸν θάνατον
παιᾶνα εἶναι καὶ ἀπαλλακτὴν κακοῦ καὶ ἀπλήστου καὶ
νοσεροῦ θρέμματος, ἡγεῖ καλῶς· εὔχου, καὶ κάλει τὸν παιᾶνα.
| [7,5] V. J'oserai même dire que c'est sans répugnance qu'une grande âme voit la
dissolution du corps. Qu'on se figure un prisonnier qui voit crouler et tomber en ruine
les murs pourris de sa prison, dans l'impatience où il est d'être dégagé de sa gêne, de
recouvrer sa liberté, et de passer des épaisses et profondes ténèbres, où il a été
plongé jusqu'alors, au grand air, et à la brillante contemplation de la lumière.
Pensera-t- on qu'un homme qui se serait parfaitement exercé, et dont le corps aurait acquis l'habitude des plus pénibles fatigues, trouvât mauvais de voir tomber ses vêtements en lambeaux; et qu'au contraire, il ne se fît pas un plaisir de les mettre à bas, et de présenter son corps nu et libre à un air libre aussi, au milieu duquel il n'éprouverait
aucun obstacle, aucune contrainte, dans ses mouvements ? Que croira-t-on donc
que soient, à l'égard de l'âme, cette peau, ces os, ces chairs, qui la recèlent, sinon un
vêtement éphémère, un faible tissu de guenilles et de haillons? Le fer les met en
pièces, le feu les consume, les plaies les dévorent. Une grande âme qui a su se
donner de l'énergie et de la vigueur, méprise un pareil vêtement. Elle désire d'en être
au plutôt dépouillée. C'est à l'homme qui possède une âme de cette trempe, que l'on
peut appliquer, lorsqu'on voit son corps attaqué d'une maladie, ces paroles de
l'Odyssée : « O le vigoureux genou que montre ce vieillard, au travers de ces haillons » ! Une âme lâche, au contraire, est enterrée dans le corps, ainsi qu'un paresseux
reptile est enterré dans son trou. Elle s'y complaît. Elle ne veut point qu'on l'en fasse
sortir. Elle n'en sort jamais d'elle-même. Qu'on applique au corps le fer et le feu, elle
supporte le fer et le feu. Qu'il soit en proie à la douleur, elle la partage. Qu'il pousse
des cris, elle en pousse avec lui. « O mon pied, me séparerai-je de toi» ! s'écrie
Philoctète. Homme! sépare-toi de ton pied, et ne crie point. N'invective point
contre tes amis. Ne tourmente point l'île de Lemnos. « O mort, médecin de nos maux» ! si tu n'entends par-là que passer d'un mal à un autre, je n'admets point le vœu
que tu fais. Mais si tu penses que la mort est vraiment notre médecin, qu'elle nous
délivre de cette malheureuse hospitalité, où nous sommes perpétuellement assaillis
par les besoins et les maladies, à la bonne heure. Invoque la mort : appelle ton
médecin.
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