[7,4] Θέασαι τὸ λεγόμενον ὡδὶ σαφέστερον ἐπὶ πολιτικῆς
εἰκόνος. Ἀθήνησιν ἐν δημοκρατουμένῃ πόλει, καὶ
ἀκμαζούσῃ πλήθει ἀνδρῶν καὶ μεγέθει ἀρχῆς καὶ δυνάμει
χρημάτων καὶ εὐπορίᾳ στρατηγῶν, ὑπὸ Περικλεῖ
δυναστεύοντι, λοιμὸς ἐμπεσών, ἐξ Αἰθιοπίας ἀρξάμενος,
καὶ καταβὰς διὰ τῆς βασιλέως γῆς, καὶ τελευτήσας
ἐκεῖ, καὶ ἱδρυθεὶς αὐτόθι, ἔφθειρε τὴν πόλιν. συνεπελάμβανεν
δὲ τῇ τοῦ κακοῦ ἐπιδημίᾳ καὶ ἐκ Πελοποννήσου
πόλεμος. Δῃουμένης δὲ τῆς γῆς, καὶ φθειρομένης
τῆς πόλεως, καὶ ἀναλισκομένων τῶν σωμάτων,
καὶ μαραινομένης τῆς δυνάμεως, καὶ ἀπαγορεύοντος
τῇ πόλει τοῦ σώματος, εἷς ἀνήρ, οἷον ψυχὴ πόλεως, ὁ
Περικλῆς ἐκεῖνος, ἄνοσος καὶ ὑγιὴς μένων, ἐξώρθου
τὴν πόλιν καὶ ἀνίστη, καὶ ἀνεζωπύρει, καὶ ἀντετάττετο
τῷ λοιμῷ καὶ τῷ πολέμῳ. Θέασαι δὴ καὶ τὴν δευτέραν
εἰκόνα. Ὅτε μὲν ὁ λοιμὸς ἐπέπαυτο, καὶ τὸ πλῆθος
ἔρρωτο, καὶ ἡ δύναμις ἤκμαζεν· τότε δὴ τὸ ἀρχικὸν
μέρος τῆς πόλεως ἐνόσει νόσον δεινὴν καὶ ἐγγύτατα
μανίᾳ, καὶ κατελάμβανεν τὸ πλῆθος, καὶ τὸν δῆμον
συννοσεῖν προσηνάγκαζεν. Ἦ γὰρ οὐχ οὗτος ὁ δῆμος
καὶ Κλέωνι συνεμαίνετο, καὶ Ὑπερβόλῳ συνενόσει, καὶ
Ἀλκιβιάδῃ συνεφλέγετο, καὶ τελευτῶν τοῖς δημαγωγοῖς
συνετήκετο, καὶ συνεσφάλλετο, καὶ συναπωλλύετο, ἄλλου
ἄλλοσε τὴν δειλαίαν καλοῦντος,
δεῦρ´ ἴθι, νύμφα φίλη, ἵνα θέσκελα ἔργα ἴδηαι;
Καὶ δείκνυσι μὲν Ἀλκιβιάδης Σικελίαν, δείκνυσι δὲ
Κλέων Σφακτηρίαν, καὶ ἄλλος ἄλλην γῆν ἢ θάλατταν, ὡς
πυρετιῶντι πηγὰς καὶ φρέατα. Ταῦτά ἐστιν ὑμῶν, ὦ
πονηροί, τὰ θέσκελα ἔργα; φθορὰ καὶ ἀνάστασις,
καὶ κακῶν ἀκμή, καὶ φλεγμονὴ νόσου; Τοῦτο δύναται
καὶ ψυχῆς νόσος πρὸς σώματος νόσον παραβαλλομένη.
Νοσεῖ σῶμα, καὶ ταράττεται, καὶ φθείρεται· ἀλλ´ ἐὰν
ἐπιστήσῃς αὐτῷ ψυχὴν ἐρρωμένην, ἀμελεῖ τῆς νόσου,
καὶ ὑπερφρονεῖ τοῦ κακοῦ· ὡς Φερεκύδης ὑπερεφρόνει
ἐν Σύρῳ κείμενος, τῶν μὲν σαρκῶν αὐτῷ φθειρομένων,
τῆς δὲ ψυχῆς ἑστώσης ὀρθῆς, καὶ παραδοκούσης
τὴν ἀπαλλαγὴν τοῦ δυσχρήστου τούτου περιβλήματος.
| [7,4] IV. Ce que nous venons de dire deviendra plus frappant dans un développement
politique. À Athènes, dans le temps que son Gouvernement avait les formes
démocratiques, dans le temps qu'elle avait une brillante population, que son empire
s'étendait au loin, qu'elle possédait beaucoup de richesses, qu'elle abondait en habiles
Généraux, et que Périclès la gouvernait, la peste survint. Née dans l'Éthiopie, elle
avait parcouru les états du grand Roi, elle avait fini par se jeter dans l'Attique, où elle
s'enracina. Elle fit un grand ravage à Athènes. À ce fléau vint se joindre la guerre du
Péloponnèse. Pendant que les campagnes étaient dévastées par le fer ennemi, que la
pestilence régnait dans la ville, que les citoyens y périssaient, que le marasme
attaquait l'empire extérieur de la république, et que le corps entier de la Cité paraissait
près de succomber, un seul homme, comme s'il eût été l'âme de la Cité, ce célèbre
Périclès, inaccessible à toute maladie, conservant sa pleine santé, soutint les forces
expirantes de la République, les lui fit recouvrer par degrés, lui rendit insensiblement
sa vigueur, et fit face à la peste et à la guerre. Remarquez un second exemple.
Lorsque la peste eut disparu, lorsque les pertes de la population eurent été réparées,
lorsque la République eut repris son éclat au dehors, une maladie grave attaqua la
partie qui avait le gouvernement de la Cité. Ce fut une maladie voisine de la démence.
Elle se répandit dans la multitude, et rendit nécessairement le peuple malade de la
maladie de ses chefs.
En effet, le peuple d'Athènes ne partagea-t-il point la frénésie de Cléon, la
démence d'Hyperbolus, l'exaltation d'Alcibiade ? Ne finit-il point par se dessécher, par
succomber, par périr avec ces insensés démagogues, qui entraînaient cette infortunée
République, les uns d'un côté, les autres de l'autre? « Venez, belle Nymphe, et vous
verrez des merveilles». Alcibiade lui montre la Sicile. Cléon lui montre Sphactérie.
Un troisième lui montre telle ou telle expédition sur mer ou sur terre, comme qui
montre des fontaines ou des bains à quelqu'un qui a la fièvre. Malheureux, telles sont
vos merveilles ! Des désastres, des renversements, le comble des calamités,
l'exaspération de la maladie. Tels sont les résultats des maladies de l'âme, mises en
parallèle avec les maladies du corps. Que le corps soit malade, qu'on le mutile, qu'on
le déchire : attachez-lui une âme vigoureuse et robuste ; il méprise la maladie, il brave
toutes les souffrances. C'est ainsi que les brava Phérécyde de Scyros. Tandis que les
chairs de son corps étaient déchirées, son âme conserva sa fermeté, son courage,
dans l'attente d'être délivrée de cette malheureuse enveloppe.
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