[7,3] Πάλιν αὖ τὴν ὑγείαν ἐφ´ ἑκατέρου σκόπει. Ἡ μὲν
πάντων ἀδεής, ἡ δὲ πάντων ἐνδεής· ἡ μὲν εὐδαιμονίαν
χορηγεῖ, ἡ δὲ ποθίζεται· ἡ μὲν ἄμοιρος κακοῦ, ἡ δὲ
ἐπισφαλὴς εἰς μοχθηρίαν· τῇ μὲν ἀέναος ὑγεία, τῷ δὲ
ἐφήμερος· τῇ μὲν βέβαιος, τῷ δὲ ἄστατος· τῇ μὲν
ἀθάνατος, τῷ δὲ θνητή. Σκόπει καὶ τὰς νόσους· νόσος
σώματος εὐαπάλλακτος τῇ τέχνῃ, νόσος ψυχῆς δυσμετάβλητος
τῷ νόμῳ· ἡ μὲν τὸν ἔχοντα ἀνιῶσα ποιεῖ πρὸς
τὴν ἴασιν εἰκτικώτερον, ἡ δὲ ἐξαναλοῦσα τὸν ἔχοντα,
ὑπερορᾶν τῶν νόμων παρασκευάζει· τῇ μὲν βοηθοῦσιν
θεοί, τὴν δὲ μισοῦσιν· πόλεμον οὐ κινεῖς διὰ νόσον
σώματος, διὰ δὲ ψυχῆς νόσον οἱ πολλοὶ πόλεμοι· οὐδεὶς
νοσῶν τὸ σῶμα συκοφαντεῖ, ἢ τυμβωρυχεῖ, ἢ ληΐζεται,
ἤ τι ἄλλο δρᾷ κακὸν μέγα· νόσος σώματος ἀνιαρὸν
τῷ ἔχοντι· νόσος ψυχῆς ἀνιαρὸν καὶ τῷ πλησίον.
| [7,3] III. Considérons la santé de l'âme et la santé du corps sous un autre point de vue.
La santé de l'âme n'a besoin de rien ; la santé du corps a besoin de tout. La santé de
l'âme produit le bonheur; la santé du corps mène à l'infortune. La santé de l'âme ne
connaît peint les vices; la santé du corps en fraye le chemin. La santé de l'âme n'est
point périssable; la santé du corps ne dure qu'un jour. La santé de l'âme est ferme et
solide; la santé du corps n'a nulle stabilité. La santé de l'âme est immortelle ; la santé
du corps a son terme. Considérons à présent les maladies. Les maladies du corps
sont faciles à guérir avec les secours de l'art ; les maladies de l'âme cèdent
difficilement aux remèdes de la morale. Les maladies du corps, par la douleur qu'elles
causent, rendent les malades plus dociles à la guérison ; les maladies de l'âme, par la
satisfaction avec laquelle le malade s'y complaît, ne font que le disposer davantage à
braver les lois. Les Dieux viennent au secours des premières. Les autres sont l'objet
de leur haine. Les maladies du corps n'allument point le feu de la guerre ; les maladies
de l'âme l'ont très souvent allumé. Pendant qu'on est attaqué d'une maladie corporelle,
on ne fait point le métier de Sycophante, on ne fouille point les tombeaux, on ne
brigande point, on ne commet nul autre grand attentat de cette nature. Dans les
maladies du corps, le malade seul souffre de son mal; dans les maladies de l'âme, le
prochain souffre aussi du mal du malade.
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