HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, VI

Chapitre 6

  Chapitre 6

[6,6] νόμοι νόμων πρεσβύτεροι, καὶ νομοθέται νομοθετῶν ἡμερώτεροι· οἷς μὲν ἑκὼν ὑπορρίψας ἑαυτόν, ἐλεύθερος, καὶ εὔπορος, καὶ ἀδεὴς ἐφημέρων νόμων καὶ ἀνοήτων δικαστῶν· εἰ δέ τινες παράνομοι ἐν τούτοις καὶ ὑβρισταὶ ἄνδρες, ἔχουσιν τὴν δίκην, οὐκ Ἀθηναίων καταψηφιζομένων, οὐδὲ τῶν ἕνδεκα ἀπαγόντων, οὐδὲ τοῦ δημίου προσφέροντος τὸ φάρμακον, ἀλλ´ αὐτόθεν ἐξ αὐτοφυοῦς καὶ ἑκουσίου μοχθηρίας· αὐτῶν γὰρ σφετέρῃσιν ἀτασθαλίῃσιν ὄλοντο. Τοῦτον παραβὰς τὸν νόμον Ἀλκιβιάδης ἐδυστύχει, οὐχ ὁπότε αὐτὸν Ἀθηναῖοι ἐκ Σικελίας ἐκάλουν, οὐδ´ ὁπότε ἐπηράσαντο αὐτῷ κήρυκες καὶ Εὐμολπίδαι, οὐδ´ ὁπότε ἔφευγεν ἔξω τῆς Ἀττικῆς· μικρὰ ταῦτα, καὶ καταδίκη εὐκαταφρόνητος· κρείττων γὰρ ἦν καὶ φεύγων Ἀλκιβιάδης τῶν οἴκοι μενόντων· οὗτος παρὰ Λακεδαιμονίοις φεύγων εὐδοκίμει, οὗτος Δεκέλειαν ἐπετείχισεν, οὗτος Τισσαφέρνῃ φίλος, καὶ Πελοποννησίων ἡγεῖτο· ἀλλ´ ἀληθὴς Ἀλκιβιάδου δίκη πρεσβυτέρα μακρῷ, πρεσβυτέρου νόμου καὶ πρεσβυτέρων δικαστῶν. Ἡνίκα ἐξῆλθεν Λυκείου, καὶ ὑπὸ Σωκράτους κατεγινώσκετο, καὶ ὑπὸ φιλοσοφίας ἐξεκηρύττετο· τότε φεύγει Ἀλκιβιάδης, τότε ἁλίσκεται. καταδίκης πικρᾶς, καὶ ἀμειλίκτου ἀρᾶς, καὶ ἐλεεινῆς πλάνης. Τοιγαροῦν Ἀθηναῖοι μὲν αὐτὸν καὶ δεηθέντες κατεδέξαντο· φιλοσοφία δέ, καὶ ἐπιστήμη, καὶ ἀρετὴ τοῖς ἅπαξ φεύγουσιν ἄβατος μένει καὶ ἀδιάλλακτος. Τοιοῦτον ἐπιστήμη, τοιοῦτον ἀμαθία. [6,6] VI. Ô Loi, plus ancienne que les autres Lois ! Ô Législateur, plus pacifique que les autres Législateurs ! Celui qui s'abandonne spontanément à vous, conserve sa liberté, reste à son aise, sans avoir aucun besoin, ni de ces lois éphémères, ni de leurs insensés ministres. S'il est des hommes capables de vous offenser, de commettre contre vous quelques attentats, ils sont punis ; non qu'ils soient traduits devant les tribunaux des Athéniens, non que les onze les conduisent en prison, non que le bourreau leur présente la ciguë, mais ils trouvent leur châtiment en eux-mêmes, dans leurs vices innés, dans leur méchanceté spontanée; « Car les malheurs qu'ils éprouvent, ils les doivent à leurs propres forfaits ». Ce fut à la transgression de cette loi qu'Alcibiade dut ses malheurs, non point lorsque les Athéniens le rappelèrent de la Sicile, ni lorsqu'il fut dévoué aux Dieux infernaux par les hérauts et les Eumolpides, ni lorsqu'il se sauva de l'Attique. Tout cela était peu de chose ; un jugement et une condamnation assez méprisables. Car Alcibiade fugitif joua un plus grand rôle que ceux de ses concitoyens qui restaient à Athènes ; il fut accueilli avec distinction par les Lacédémoniens : il fortifia Dékélie; il devint l'ami de Tissapherne, et obtint le commandement d'une année de Péloponnésiens. Mais le châtiment d'Alcibiade remontait bien plus haut. Il était l'œuvre d'une bien plus ancienne loi, de juges bien plus anciens. Ce fut lorsqu'il abandonna le Lycée, lorsqu'il fut condamné par Socrate, lorsqu'il fut éconduit par la philosophie. C'est de là que date son bannissement. C'est là que remonte sa condamnation. Ô le cruel anathème ! Ô les irrévocables imprécations ! Ô l'erreur digne de commisération ! Que les Athéniens aient dans la suite sollicité le retour d'Alcibiade. Mais la Philosophie ! mais la Science ! mais la Vertu ! Elles demeurent à jamais implacables et inaccessibles, vis-à-vis de ceux qu'elles ont une fois réprouvés. Telle est la science. Telle est l'ignorance.


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Dernière mise à jour : 20/12/2007