[6,5] Διείληχε δὴ καὶ τὰς τῶν ἀνθρώπων δυνάμεις ἐπιστήμη,
καὶ φρόνησις, καὶ ἐμπειρία. Καὶ ἡ μὲν ἐμπειρία,
περὶ πῦρ καὶ σίδηρον καὶ ἄλλας ὕλας πραγματευομένη
παντοδαπάς, ἐρανίζει τὰς χρείας τοῦ βίου
ταῖς εὐπορίαις τῶν τεχνῶν. Ἡ δὲ φρόνησις ἐπιτεταγμένη
τοῖς τῆς ψυχῆς παθήμασιν, καὶ οἰκονομοῦσα
ταῦτα τῷ λογισμῷ, πρὸς μὲν ἐμπειρίαν ἐπιστήμης ἔχει
λόγον, ἀπολείπεται δὲ ἐπιστήμης, καθόσον περὶ πρᾶγμα
οὐχ ἑστὸς οὐδὲ ὡμολογημένον πραγματευομένη σχηματίζεται
τῇ τούτου φύσει. Ὁ δὲ νοῦς τὸ τιμιώτατον ἐν
ψυχῇ καὶ ἀρχικώτατον, καθάπερ ἐν πόλει νόμος, οὐκ
ἐπ´ ἀξόνων γεγραμμένος, οὐδὲ ἐπὶ στήλης ἐγκεχαραγμένος,
οὐδὲ ὑπὸ ψηφισμάτων κεκυρωμένος, οὐδ´ ὑπ´
ἐκκλησίας κεχειροτονημένος, οὐδ´ ὑπὸ δήμου ἐπῃνημένος,
οὐδ´ ὑπὸ δικαστηρίου δεδοκιμασμένος, οὐδ´ ὑπὸ
Σόλωνος ἢ Λυκούργου τεθείς· ἀλλὰ θεὸς μὲν ὁ νομοθέτης,
ἄγραφος δὲ ὁ νόμος, ἀχειροτόνητος δὲ ἡ τιμή,
ἀνυπεύθυνος δὲ ἡ ἐξουσία. Καὶ μόνος ἂν εἴη οὗτος
νόμος· οἱ δὲ ἄλλως, οἱ καλούμενοι, δόξαι ψευδεῖς καὶ
διημαρτημέναι καὶ σφαλλόμεναι. Κατ´ ἐκείνους τοὺς
νόμους καὶ Ἀριστείδης ἔφευγεν, καὶ Περικλῆς ἐζημιοῦτο,
καὶ Σωκράτης ἀπέθνησκεν· κατὰ δὲ τὸν θεῖον
τοῦτον νόμον καὶ Ἀριστείδης δίκαιος ἦν, καὶ Περικλῆς
ἀγαθὸς ἦν, καὶ Σωκράτης φιλόσοφος. Ἐκείνων
τῶν νόμων ἔργον δημοκρατία, καὶ δικαστήρια, καὶ ἐκκλησίαι,
καὶ δήμου ὁρμαί, καὶ δημαγωγῶν δωροδοκίαι,
καὶ τύχαι παντοδαπαί, καὶ συμφοραὶ ποικίλαι· τούτου
τοῦ νόμου ἔργον ἐλευθερία, καὶ ἀρετή, καὶ βίος ἄλυπος,
καὶ ἀσφαλὴς εὐδαιμονία. Ὑπ´ ἐκείνων τῶν νόμων
ἀθροίζεται μὲν τὰ δικαστήρια, πληροῦνται δὲ αἱ τριήρεις,
ἐκπέμπονται δὲ οἱ στόλοι, τέμνεται γῆ, πολεμεῖται θάλαττα,
Αἴγινα ἀνίσταται, Δεκέλεια τειχίζεται,
Μῆλος ἀπόλλυται, Πλαταιαὶ ἁλίσκονται, Σκιώνη ἀνδραποδίζεται,
Δῆλος καθαιρεῖται· ὑπὸ τούτων τῶν νόμων
ἀρετὴ ἀθροίζεται, πληροῦται ψυχὴ μαθημάτων,
οἰκεῖται οἶκος καλῶς, εὐνομεῖται πόλις, εἰρήνην ἄγει
γῆ καὶ θάλαττα, οὐδὲν σκαιόν, οὐδὲ ἀπάνθρωπον, οὐδὲ
βαρβαρικόν, πάντα εἰρήνης μεστά, καὶ ἐκεχειρίας, καὶ
ἐπιστήμης, καὶ φιλοσοφίας, καὶ λόγων μουσικῶν.
| [6,5] V. Or, les facultés de l'homme se partagent entre la science, la prudence, et
l'expérience. Cette dernière, en s'exerçant sur le feu, sur le fer, et sur tous les autres
objets physiques, les approprie à tous les besoins de la vie, à l'aide du parti que les
arts en tirent. La prudence a l'empire des passions de l'âme, et les gouverne, à l'aide
du raisonnement. Considérée dans son rapport avec l'expérience, elle tient lieu de
science, mais elle est inférieure à la science proprement dite, en tant que s'appliquant
à une nature d'objet, qui n'a ni consistance, ni uniformité ; elle prend, si l'on peut
s'exprimer ainsi, la forme de sa manière d'être. Quant à l'intelligence, elle est la
partie la plus importante de l'âme. C'est elle qui a le suprême droit à l'empire, ainsi que
la loi dans la Cité ; non pas la loi qui est écrite sur des tables, qui est imprimée sur des
colonnes, qui est votée par des suffrages, qui est délibérée dans des comices, qui est
sanctionnée par le peuple ; non pas celle qui est consacrée dans les tribunaux; non
pas celle qui est l'ouvrage de Solon ou de Lycurgue ; mais la loi que Dieu lui-même a
promulguée; loi, qui n'a jamais été écrite ; qui ne doit son autorité à aucun vote ; qui ne
doit aucun compte de son empire. Cette loi est la seule qui en mérite le nom. Celles
d'ailleurs qui le portent, ne sont que des opinions, fausses, erronées, trompeuses. Ce
furent ces lois qui condamnèrent Aristide au bannissement, Périclès à une amende,
Socrate à la mort. Et néanmoins, aux yeux de cette loi divine, Aristide était un homme
juste, Périclès un grand homme, et Socrate un philosophe. Les effets de ces lois sont
des Gouvernements démocratiques, des tribunaux, des comices, des fermentations
populaires, de la vénalité parmi les démagogues, des révolutions de toute espèce, des
calamités de tout genre. Les résultats de l'autre loi sont, au contraire, la liberté, la
vertu, une vie exempte de maux, une félicité immuable. Les premières lois assemblent
les tribunaux, équipent des galères, mettent des flottes à la voile, ravagent les terres,
portent la guerre sur mer, détruisent Aegine, entourent Dékélie de murailles, entraînent
la perte de Mélos, la prise de Platée, la servitude de Skione, et le
bouleversement de Délos. L'autre loi, au contraire, fait devenir vertueux ; elle remplit
l'âme d'instruction et de connaissances ; elle fait régner le bon ordre dans les familles,
l'harmonie dans les Cités; elle entretient la paix sur mer et sur terre; elle ne produit rien
de sinistre, rien de funeste à l'espèce humaine, rien qui appartienne aux Barbares. On
ne voit partout que les fruits de la paix, de la concorde, de la science, de la
philosophie, et des arts libéraux.
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