[6,4] Μήποτε οὖν αἴσθησις μὲν καὶ πεῖρα οὐκ ἀνθρώπινον,
λόγος δὲ ἀνθρώπου ἴδιον· καὶ οὐδὲν ἂν εἴη
ἄλλο ἐπιστήμη πλὴν βεβαιότης λόγου, ὁδεύοντος κατὰ
τὰ αὐτά, ἐκθηρωμένου τὰ συγγενῆ τῶν πραγμάτων,
καὶ διακρίνοντος τὰ ἀνόμοια, καὶ τὰ ὅμοια συγκρίνοντος,
καὶ τὰ οἰκεῖα συντιθέντος, καὶ τὰ συγκεχυμένα
διαιροῦντος, καὶ τὰ ἀλλότρια χωρίζοντος, καὶ τὰ ἄτακτα
συντάττοντος, καὶ τὰ ἀνάρμοστα ἁρμοζομένου. Τοιοῦτον
γὰρ ἀμέλει καὶ ἀριθμητική, καὶ γεωμετρία, καὶ
μουσική, καὶ ὅσαι ἄλλαι χειρουργίας ἀδεεῖς τῇ τοῦ
λόγου ῥώμῃ ἐπεξῆλθον τοῖς αὐτῶν νοήμασιν καὶ ἐξειργάσαντο.
Καὶ μὴν Ὅμηρος οὐ ταύτας πρεσβυτάτας ἐπιστημῶν
λέγει, παλαιὸς ἀνήρ, καὶ ἀξιόχρεως δήπου πιστεύεσθαι,
ἀλλὰ θαυμάζει τούτους μόνους, ὡς σοφούς,
μάντιν, ἢ ἰητῆρα κακῶν, ἢ τέκτονα δούρων,
καὶ ‘θέσπιν ἀοιδόν.’ Ὢ τῆς ἰσοτιμίας. Ὁ μάντις σοφός,
καὶ ὁ τέκτων σοφός, καὶ ὁ Ἀπόλλων δήπου, καὶ ὁ
ἰατρός, καὶ ὁ Ἀσκληπιὸς δήπου ὁμοίως τίμιος, καὶ ὁ
Φήμιος. Μήποτ´ οὖν Ὅμηρος μὲν ταῖς ἐπιστήμαις τὰς
τιμὰς νέμει κατὰ τὴν εὕρεσιν μᾶλλον ἢ κατὰ τὴν
χρείαν αὐτῶν, ἡμῖν δὲ οὐ ταύτῃ θηρατέον, ἀλλὰ ὡδὶ
λέγωμεν· ὅτι ἡ τοῦ ἀνθρώπου ψυχὴ τὸ εὐκινητότατον
οὖσα τῶν ὄντων καὶ ὀξύτατον, κεκραμένη ἐκ θνητῆς
καὶ ἀθανάτου φύσεως, κατὰ μὲν τὸ θνητὸν αὐτῆς
ξυντάττεται τῇ θηριώδει φύσει, καὶ γὰρ τρέφει, καὶ
αὔξει, καὶ κινεῖ, καὶ αἰσθάνεται· κατὰ δὲ τὸ ἀθάνατον
τῷ θείῳ καὶ ξυνάπτει, καὶ γὰρ νοεῖ, καὶ λογίζεται,
καὶ μανθάνει, καὶ ἐπίσταται· καθὸ δὲ ξυμβάλλουσιν
αὐτῆς αἱ θνηταὶ φύσεις τῷ ἀθανάτῳ, τοῦτο πᾶν καλεῖται
φρόνησις, διὰ μέσου οὖσα ἐπιστήμης πρὸς αἴσθησιν.
Καὶ ἐστὶν ἔργον ψυχῆς, ὡς μὲν ἀλόγου, αἴσθησις·
ὡς δὲ θείας, νοῦς· ὡς δὲ ἀνθρωπίνης, φρόνησις·
ἀθροίζει δὲ αἴσθησις μὲν ἐμπειρίαν, φρόνησις δὲ λόγον,
νοῦς δὲ βεβαιότητα· τὴν δὲ ἐξ ἁπάντων ἁρμονίαν ἐπιστήμην
καλῶ· εἰ δέ τοι δεῖ καὶ εἰκόνος τῷ λόγῳ, ἔστω
ἡ μὲν αἴσθησις κατὰ τὴν ἐν τεκτονικῇ χειρουργίαν, ὁ
δὲ νοῦς κατὰ γεωμετρίαν, ἡ δὲ φρόνησις οἵα καὶ τῶν
ἀρχιτεκτόνων ἤδη τέχνη, διὰ μέσου οὖσα γεωμετρίας
καὶ τεκτονικῆς, πρὸς μὲν τὴν χειρουργίαν ἐπιστήμη τὶς
οὖσα, πρὸς δὲ γεωμετρίαν ἐλλαττουμένη κατὰ τὴν βεβαιότητα.
| [6,4] IV. Que le sens interne donc, et que l'expérience ne soient pas exclusivement
propres à l'homme, l'homme a du moins cet avantage, en ce qui concerne la raison ;
et, sous ce point de vue, la science n'est autre chose que la raison qui soumet,
longtemps, et sans distraction, les mêmes objets à ses opérations; qui cherche dans
les choses les rapprochements divers, qui sépare ce qu'elles ont de dissemblable, qui
réunit ce qu'elles ont d'identique, qui met ensemble celles qui ont de l'affinité, qui
distingue celles qui sont confondues, qui divise celles qui sont hétérogènes, qui met en
ordre celles qui sont désordonnées, qui fait concorder celles qui n'ont entre elles
aucune harmonie. Telles sont, sans doute, l'Arithmétique, la Géométrie, la Musique, et
toutes les autres parties des connaissances humaines, étrangères à toute action
mécanique, et qui, enfantées par la force de la raison, n'ont eu d'autre berceau, d'autre
moule, que l'intelligence humaine. Et cependant, ces sciences ne passent pas pour les
plus anciennes aux yeux d'Homère, cet homme recommandable par son antiquité, et
qui d'ailleurs mérite pleine confiance. Il admire uniquement, il regarde comme seuls
Sages, « Les Devins, les Médecins, les Charpentiers, ou les divins Chanteurs ».
Ô quel parallèle ! Un devin, un médecin, un charpentier, un chanteur, dans le nombre
des Sages ! Apollon et Esculape sur la même ligne d'honneur et de recommandation,
qu'Epéus et que Phémius ! Mais Homère, dans ce passage, ne dispense-t-il point
l'éloge aux sciences dont il parle, - plutôt en considérant l'époque de leur origine, que
leur utilité réelle? Quant à nous, nous ne prendrons point cette route. Mais nous dirons :
l'âme de l'homme est de tous les êtres celle qui se meut avec le plus de facilité, et le
plus de vélocité. Elle est un mélange de substance mortelle et de substance
immortelle. Sous le rapport de la première substance, elle tient de la brute. Car
elle se nourrit, elle croît, elle se meut, elle a de l'instinct. Sous le rapport de la
substance immortelle, elle tient de la Divinité. Car elle est intelligente, raisonnable,
susceptible d'apprendre, de savoir. Lorsque chez elle la substance mortelle s'accorde
avec la substance immortelle, cet accord s'appelle prudence, et il tient le milieu entre
la science et l'instinct. En tant que l'âme est dénuée de raison, elle agit par instinct. En
tant que la substance divine la dirige, son action est de l'intelligence. En tant que ces
deux mobiles sont combinés comme ils le sont dans la nature humaine, l'action de
l'âme est de la prudence. L'instinct recueille l'expérience; la prudence recueillie la
raison; l'intelligence recueille l'évidence immuable ; et j'appelle science, la combinaison
harmonique de ces trois éléments. S'il faut une comparaison pour nous faire mieux
entendre ; que l'on considère l'instinct comme la partie mécanique dans l'art de la
construction, l'intelligence comme la géométrie ou la partie ordonnatrice, la prudence
comme la personne même des architectes. La partie qui tient le milieu entre la partie
géométrique et la partie mécanique est une sorte de science, eu égard à cette
dernière ; mais eu égard à la partie géométrique, elle lui est inférieure sous le rapport
de l'évidence immuable.
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