[5,7] Εἶεν. Τί τοίνυν ἐστίν, ὑπὲρ ὅτου κἂν εὔξαιτο ἄν τις
τοῖς θεοῖς, ὃ μὴ προνοίας ἔχεται, ἢ εἱμαρμένης, ἢ
τέχνης, ἢ τύχης; Χρήματα αἰτεῖς; Μὴ ἐνόχλει θεοῖς,
οὐδὲν αἰτεῖς τῶν καλῶν· μὴ ἐνόχλει τῇ εἱμαρμένῃ,
οὐδὲν αἰτεῖς τῶν ἀναγκαίων· μὴ ἐνόχλει τῇ τύχῃ, οὐ
γὰρ τοῖς δεομένοις δίδωσιν· μὴ ἐνόχλει τῇ τέχνῃ,
ἀκούεις γὰρ Μενάνδρου λέγοντος,
οὐ πάνυ τι γηράσκουσιν αἱ τέχναι καλῶς,
ἐὰν μὴ λάβωσι προστάτην φιλάργυρον.
‘Ὁ δὲ χρηστὸς ἦν.’ Μετάθου τὸν τρόπον, εὔξαιο
μοχθηρίαις, ἐπιτήδευσον τὸ πρᾶγμα. Καὶ ἢ ‘πλοῦτον
καὶ πρᾶγμα λαμβάνεις’ πορνοβοσκῶν, ἢ καπηλεύων, ἢ
ληϊζόμενος, ἢ πανουργῶν, ἢ ψευδομαρτυρῶν, ἢ συκοφαντῶν,
ἢ δωροδοκῶν. Νίκην αἰτεῖς; ἣν δύνασαι
λαβεῖν ἐν πολέμῳ μὲν παρὰ μισθοφόρου, ἐν δικαστηρίῳ
δὲ παρὰ συκοφάντου. Ἐμπορίαν αἰτεῖς; ἣν δίδωσιν
ναῦς καὶ θάλαττα καὶ πνευμάτων φορά· ἀγορὰ
πρόκειται· ὤνιον τὸ χρῆμα. Τί τοῖς θεοῖς ἐνοχλεῖς;
μηδὲν τὸ παρὰ τὴν ἀξίαν φοβηθῇς· καὶ πλουτήσεις,
κἂν Ἱππόνικος ἦς· νικήσεις, κἂν Κλέων ᾖς· αἱρήσεις,
κἂν Μέλητος ᾖς. Ἐὰν δὲ εἰς τὰς πρὸς τοὺς θεοὺς
παρέλθῃς εὐχάς, εἰς δικαστήριον παρελήλυθας ἀκριβὲς
καὶ ἀπαραίτητον· οὐδεὶς ἀνέξεταί σου θεὸς εὐχομένου
τὰ μὴ εὐκτά, οὐδὲ δώσει τὰ μὴ σοὶ δοτά. Ἐξεταστὴς
καὶ λογιστὴς ἐφέστηκεν ταῖς ἑκάστου εὐχαῖς πικρός,
εὐθύνων τῷ τοῦ συμφέροντος μέτρῳ τὰ σά· οὐδὲ
αὐτὸν μεταχειριῇ ἀναβιβασάμενος ὥσπερ εἰς δικαστήριον
τὰς ὀρέξεις τὰς σὰς ἐλεεινὰ φθεγγομένας,
‘Οἴκτειρον’ βοώσας, πολλὴν τὴν κόνιν καταχεομένας
τῆς κεφαλῆς, εἰ δὲ οὕτω τύχοι, καὶ ὀνειδιζούσας τῷ θεῷ,
- - - εἴ ποτέ τοι χαρίεντ´ ἐπὶ νηὸν ἔρεψα.
Ἀλλ´ ὁ θεὸς λέγει, Ἐπὶ ἀγαθῷ αἰτεῖς; λάμβανε, εἰ
ἄξιος ὢν αἰτεῖς· ταῦτα ἔχοντί σοι οὐδὲν εὐχῆς δεῖ,
λήψῃ καὶ σιωπῶν.
| [5,7] VII. Que demander donc aux dieux qui ne dépende, ou de leur providence, ou du
sort, ou de la fortune, ou de l'industrie humaine ? Demandera-t-on de l'argent ? Mais
qu'on n'importune point les Dieux. Ce n'est rien demander de ce qui nous est bon.
Qu'on n'importune point le sort. Ce n'est rien demander de ce qui nous est nécessaire.
Qu'on ne fatigue point la fortune. Elle n'en donne point à ceux qui lui en demandent.
Qu'on ne fatigue point l'industrie humaine: Qu'on écoute Ménandre, qui dit : « Quand
on vit de sa profession, on n'a pas une belle vieillesse, si l'on n'a pas aimé l'argent.
N'est-ce pas le cours des choses humaines? Êtes-vous homme de bien?
changez de mœurs; commencez à devenir un méchant homme; mettez-y tous vos
soins, et amassez de l'argent à faire l'un de ces métiers, à servir de courtier d'amour, à
donner du vin frelaté, à détrousser sur les grands chemins, à commettre toute sorte de
mauvaises actions, à vendre un faux témoignage, à jouer le rôle de sycophante, à
laisser acheter votre conscience. Demandez-vous de vaincre vos adversaires ?
vous le pouvez, en achetant, pour faire la guerre, des mercenaires, pour parler devant
les tribunaux, des sycophantes. Demandez-vous quelque espèce de denrée ? Les
vaisseaux, la mer, les vents vous la fourniront. Les marchés vous sont ouverts. On en
vend partout. Pourquoi donc harceler les Dieux ? Bravez toute espèce d'infamie, et
vous vous enrichirez, fussiez-vous un Hipponicus; et la victoire sera pour vous,
fussiez-vous un Cléon; et vous gagnerez votre procès, fussiez-vous un Mélitus. Mais si
vous vous amusez à vous adresser aux dieux, c'est tout comme si vous vous
adressiez à un tribunal sévère et inexorable. Aucun des immortels ne supportera que
vous veniez lui demander des choses qui ne peuvent être demandées ; aucun ne vous
accordera ce qui ne peut vous être accordé. Toutes les demandes seront examinées,
contrôlées à la rigueur, et elles seront ramenées à la mesure de l'intérêt particulier. On
ne parviendra point à se concilier les dieux. On aura beau s'ouvrir un accès auprès
d'eux, comme ou le pratique dans nos tribunaux, on aura beau prendre le ton
suppliant, faire entendre les accents de la pitié, de la commisération, se couvrir la tête
de beaucoup de cendre, leur rappeler même, s'il en est besoin, « qu'on a
prodigué à leurs autels des sacrifices qui ont dû leur être » agréables» . Les
Dieux répondront ; « Si vous demandez de bonnes choses à bonne fin, et que vous
méritiez de les obtenir, les voilà ». Dès lors, vous n'avez pas besoin de les demander.
Vous les obtiendrez, quoique vous gardiez le silence.
|