[5,4] Καὶ μὴν τῶν ὅσα οἱ ἄνθρωποι εὔχονται γενέσθαι,
φησί, τὰ μὲν ἡ πρόνοια ἐφορᾷ· τὰ δὲ εἱμαρμένη καταναγκάζει,
τὰ δὲ μεταβάλλει ἡ τύχη, τὰ δὲ οἰκονομεῖ
ἡ τέχνη. Καὶ ἡ μὲν πρόνοια θεοῦ ἔργον, ἡ δὲ εἱμαρμένη
ἀνάγκης, ἡ δὲ τέχνη ἀνθρώπου, ἡ δὲ τύχη
τοῦ αὐτομάτου. Διακεκλήρωνται δὲ τούτων ἑκάστων
αἱ ὕλαι τοῦ βίου· ἃ τοίνυν εὐχόμεθα, ἢ εἰς πρόνοιαν
συντελεῖ θεοῦ, ἢ εἰς εἱμαρμένης ἀνάγκην, ἢ
εἰς ἀνθρώπου τέχνην, ἢ εἰς τύχης φοράν. Καὶ εἰ
μὲν εἰς πρόνοιαν συντελεῖ, τί δεῖ εὐχῆς; εἰ γάρ τοι
προνοεῖ ὁ θεὸς (ἤτοι προνοεῖ τοῦ ὅλου, τῶν δὲ κατὰ
μέρος οὐ φροντίζει, ὥσπερ οἱ βασιλεῖς σώζουσι τὰς
πόλεις νόμῳ καὶ δίκῃ, οὐ διατείνοντες ἐφ´ ἕκαστον τῇ
φροντίδι), κἀν τοῖς ἐπὶ μέρους ἡ πρόνοια ἐξετάζεται.
Τί δὴ φῶμεν; βούλει τοῦ ὅλου προνοεῖν τὸν θεόν;
οὐκ ἐνοχλητέον ἄρα τῷ θεῷ· οὐ γὰρ πείσεται, ἤν τι
παρὰ τὴν σωτηρίαν αἰτῇς τοῦ ὅλου. Τί γὰρ εἰ καὶ
τὰ μόρια τοῦ σώματος φωνὴν λαβόντα, ἐπειδὰν κάμνῃ
τὶ αὐτῶν ὑπὸ τοῦ ἰατροῦ τεμνόμενον ἐπὶ σωτηρίᾳ τοῦ
ὅλου, εὔξαιτο τῇ τέχνῃ μὴ φθαρῆναι; οὐκ ἀποκρινεῖται
ὁ Ἀσκληπιὸς αὐτοῖς, ὡς· ‘Οὐχ ὑμῶν ἕνεκα, ὦ δείλαια,
χρὴ οἴχεσθαι τὸ πᾶν σῶμα, ἀλλὰ ἐκεῖνο σωζέσθω,
ὑμῶν ἀπολλυμένων.’ Τοῦτο καὶ τῷ σύμπαντι τούτῳ
γίγνεσθαι φιλεῖ. Ἀθηναῖοι λοιμώττουσιν, σείονται
Λακεδαιμόνιοι, ἡ Θετταλία ἐπικλύζεται, ἡ Αἴτνη φλέγεται·
ὧν σὺ μὲν τὴν διάλυσιν φθορὰν καλεῖς· ὁ δὲ
ἰατρὸς οἶδεν τὴν αἰτίαν, καὶ ἀμελεῖ εὐχομένων τῶν
μερῶν, σώζει δὲ τὸ πᾶν· φροντίζει γὰρ τοῦ ὅλου.
Ἀλλὰ καὶ τῶν κατὰ μέρος προνοεῖ ὁ θεός. Οὐδὲ
ἐνταῦθα τοίνυν εὐκτέον; Ὅμοιον ὡς εἰ καὶ ἰατρὸν
ᾔτει ὁ κάμνων φάρμακον ἤ σιτίον· τοῦτο γὰρ εἰ μὲν
ἀνύτει τι, καὶ μὴ αἰτοῦντι δώσει· εἰ δὲ ἐπισφαλές, οὐδὲ
αἰτοῦντι δώσει. Τῶν μὲν δὴ κατὰ τὴν πρόνοιαν,
οὐδὲν οὔτε αἰτητέον, οὔτε εὐκτέον.
| [5,4] IV. Mais parmi les choses que les hommes demandent aux dieux, les unes
émanent de leur providence, les autres sont nécessairement produites par le sort ;
celles-ci dépendent des vicissitudes de la fortune ; celles-là sont l'effet de l'industrie
des humains. Or la providence est l'œuvre des dieux; le sort est l'œuvre de la
nécessité; l'industrie est l'œuvre de l'homme; et la fortune l'œuvre du hasard. Les
parties intégrantes de la vie de l'homme sont, par l'effet du destin, pour chacune de
ces choses, l'objet de leur activité, de leurs résultats respectifs. Tout ce que nous
demandons se rapporte donc ou à la providence des dieux, ou à la nécessité du sort,
ou à l'industrie de l'homme, ou au cours de la fortune. Si ce que nous demandons
regarde la providence, qu'avons-nous besoin de le demander ? Car si dieu agit par sa
providence, ou bien il l'étend sur l'univers entier, sans s'occuper de ses différentes
parties, (ainsi que les Rois de la terre régissent les peuples par les lois et par la
justice, sans entrer dans les détails relatifs aux individus) ou bien sa providence en
surveille jusqu'aux plus petites parties. Que dirons-nous donc ? Veut-on que DIEU
n'embrasse que le tout ? Il est donc inutile de l'importuner par des vœux. Il ne les
écoutera point, si l'on demande quelque chose de contraire à la conservation du tout.
Quoi donc ! si les membres du corps recevaient le don de la parole, lorsque, dans une
maladie, le médecin veut faire amputer l'un d'entre eux, pour la conservation du
malade, ce membre-là demanderait-il au médecin de ne point le faire amputer ? Le
disciple d'Esculape ne lui répondrait-il point : « Malheureux, ce n'est point sur ton
intérêt que celui du corps doit être réglé. Il faut qu'il se sauve, même à tes dépens ». Il
en est de même de cet univers. Les Athéniens éprouvent la famine; les
Lacédémoniens sont ébranlés par un tremblement de terre; la Thessalie est
submergée par des inondations ; l'Etna vomit ses torrents de flamme. On crie à la
destruction, à l'anéantissement. Mais le médecin sait bien pourquoi tout cela. II ne
s'arrête point aux vœux particuliers, aux supplications individuelles. Il ne voit que la
conservation du tout. Il ne songe qu'à l'opérer. Dira-t-on, au contraire, que DIEU étend
sa providence, jusque dans les détails ? Il est donc inutile encore ici de rien demander.
Il en est comme d'un médecin à qui un malade demanderait, ou un médicament, ou
quelque chose à manger. Selon que l'un ou l'autre conviendra, ou ne conviendra pas
au malade, il l'ordonnera sans qu'on le demande, ou ne l'ordonnera pas, quand même
on le demanderait. En ce qui concerne la providence de DIEU, on n'a donc rien à lui
demander, ni aucune prière à lui adresser.
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