HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, III

Chapitre 7

  Chapitre 7

[3,7] Ἀλλ´ εἰ τοῦτο ἐξ ἅπαντος ἠυλαβεῖτο ἓν τῷ ἀγαθῷ ἀνδρί, ὥρα ἦν Σωκράτει μὴ τοῖς Ἀθηναίων δικασταῖς ἀπολογεῖσθαι, ἀλλὰ μήτε Μελήτῳ ἀπεχθάνεσθαι, μήτε ἐλέγχειν Ἄνυτον, μήτε παρέχειν πράγματα τοῖς ἁμαρτάνουσιν Ἀθηναίων, μηδὲ περϊιέναι τὴν πόλιν, ἐντυγχάνοντα πάσαις ἀνδρῶν καὶ τύχαις καὶ τέχναις καὶ ἐπιτηδεύμασιν καὶ ἐπιθυμίαις, σωφρονιστὴν κοινὸν πικρὸν καὶ ἀπαραίτητον, μηδὲν ταπεινόν, μηδὲ θωπικόν, μηδὲ ἀνδραποδῶδες, μηδὲ ὑφειμένον πρὸς μηδένα λέγοντα. Εἰ δὲ θανάτου μὲν ἤδη τὶς καὶ ἐν πολέμῳ κατεφρόνησεν, καὶ κυβερνήτης ἐν θαλάττῃ, ὀρέγονται δὲ ἕκαστοι τῶν ἐν ταῖς τέχναις ἀποθνήσκειν καλῶς σὺν τῇ τέχνῃ· ἦπου τὸν φιλόσοφον ἔδει λιποτάκτην γενέσθαι καὶ λιπόνεων καὶ φιλόψυχον, ῥίψαντα τὴν ἀρετὴν ὡς ἐν πολέμῳ ἀσπίδα. Καὶ ταῦτα δρῶντα τίς ἂν αὐτὸν δικαστὴς ἐπῄνεσεν; τίς ἂν ἠνέσχετο τὸν Σωκράτην ἑστῶτα ἐν δικαστηρίῳ ταπεινὸν καὶ ἐπτηχότα, καὶ τὴν ἐλπίδα τοῦ ζῆν ἐρανιζόμενον παρ´ ἄλλων; τοῦτο γάρ που τῆς ἀπολογίας τὸ σχῆμα ἦν. λέγειν ἐχρῆν, ταπεινὸν δὲ οὐδέν, οὔτε ἐπτηχός, οὔτε ὑφειμένον, ἀλλ´ ἐλεύθερόν τι καὶ ἄξιον φιλοσοφίας; οὐκ ἀπολογίαν μοι λέγεις, ἀλλ´ ὀργῆς ζωπύρωσιν καὶ φλεγμονήν. Πῶς γὰρ ἂν ἤνεγκεν τοιαύτην ἀπολογίαν δικαστήριον πονηρὸν καὶ δημοκρατικόν, καὶ ἐκδεδιῃτημένον ὑπ´ ἐξουσίας, καὶ ἀνήκοον παρρησίας, καὶ κολακείᾳ διηνεκεῖ κεχρημένον; οὐ μᾶλλον ἀκόλαστον συμπόσιον νήφοντα ἄνδρα ἀφαιρούμενον μὲν τὸν κρατῆρα, ἀπάγοντα δὲ τὴν αὐλητρίδα, καθαιροῦντα δὲ τοὺς στεφάνους, παύοντα δὲ τὴν μέθην. Τοιγαροῦν ἐσιώπησεν Σωκράτης ἀσφαλῶς, ὅπου λέγειν οὐκ ἐξῆν καλῶς, φυλάξας μὲν τὴν ἀρετήν, φυλαξάμενος δὲ τὴν ὀργήν, καὶ παρασχὼν τοὔνειδος αὐτοῖς πικρόν, ὅτι καὶ σιωπῶντος αὐτοῦ κατεδίκασαν. [3,7] VII. Il devait dire du moins ce qu'il fallait pour éviter la mort. Mais, si mourir est un accident, dont l'homme de bien doive se garder sur toutes choses, non seulement Socrate aurait dû songer à se défendre devant le tribunal des Athéniens qui le jugeaient, mais il aurait antérieurement dû s'abstenir de montrer de l'animosité contre Mélitus, de démasquer Anytus, de dérouler le tableau du dérèglement et de l'inconduite de ses concitoyens, de passer en revue toute la ville d'Athènes, de scruter toutes les conditions, toutes les professions, toutes les occupations, toutes les ambitions, de se constituer l'amer et inexorable censeur de tout le monde, ne prononçant vis-à-vis de qui que ce soit aucun mot sentant la bassesse, la flagornerie, la servilité, l'humiliation. Le soldat bravera la mort au milieu des batailles, et le nautonier au milieu des flots ; l’un et l'autre désirera de mourir avec gloire pour l'honneur de sa profession, et le Philosophe sera un lâche qui désertera son poste, qui abandonnera son vaisseau, et pour sauver sa vie, il jettera sa vertu comme un bouclier à la guerre ? Et où serait le juge qui le louerait d'une semblable conduite ? Et qui supporterait de voir Socrate en présence d'un tribunal, dans la contenance de l'humiliation, de l'abattement, sollicitant, mendiant aux pieds de ses juges quelques jours de vie ? Était-ce là le genre dans lequel il devait diriger sa défense ; ou bien devait-il, dans son discours, écartant toute bassesse, toute crainte, toute défiance, prendre le ton de la liberté, et parler un langage digne de la philosophie? Mais ce n'eût point été répondre à ses accusateurs. Il n'eût fait qu'enflammer l'animosité, que l'exaspérer davantage. Et comment une défense de cette nature aurait-elle été reçue de la part d'un tribunal composé de pervers, insolents par la forme de leur gouvernement, capables de tous les excès de la licence par le sentiment de leur autorité, ennemis de cette intrépidité de pensée et de discours qui est l'apanage de la liberté, et accoutumés uniquement au langage d'une continuelle adulation ? Elle ne l'aurait pas été mieux que ne le serait dans une orgie de débauchés la conduite d'un ami de la tempérance, qui ferait emporter les coupes, qui ferait mettre à la porte la musicienne jouant de la flûte, qui ferait enlever les couronnes, et qui voudrait empêcher ses convives de s'enivrer. II n'y eut donc aucun danger pour Socrate de garder le silence dans une conjoncture, où il ne pouvait parler avec la dignité convenable. Il ne dégrada point sa vertu. Il n'irrita point les passions de ses juges, et il leur endossa la honte et l'infamie de l'avoir condamné sans l'entendre.


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Dernière mise à jour : 24/04/2008