[3,6] Πῶς οὖν οὐκ ἂν ἦν καταγέλαστος γέρων ἀνὴρ καὶ
φιλόσοφος συναστραγαλίζων τοῖς παισίν; ἢ τίς πώποτε
ἰατρὸς ἔπεισεν τοὺς πυρέττοντας, ὅτι ἀγαθὸν τὸ διψῆν
καὶ λιμώττειν; ἢ τίς τὸν ἀκόλαστον, ὅτι πονηρὸν
ἡδονή; ἢ τίς τὸν χρηματιστήν, ὅτι οὐδενὸς ἀγαθοῦ
ἐφίεται; ἦ γὰρ ἂν καὶ τοῦτο Σωκράτης οὐ χαλεπῶς
ἔπεισεν τοὺς Ἀθηναίους, ὡς οὐκ ἔστιν διαφθορὰ νέων
ἀρετῆς ἐπιτήδευσις, οὐδὲ ἡ τοῦ θείου γνῶσις περὶ δαίμονας
παρανομία. Καὶ γὰρ ἤτοι συνηπίσταντο ταῦτα
τῷ Σωκράτει, ἢ ὁ μὲν ἠπίστατο, οἱ δὲ ἠγνόουν. Καὶ
εἰ μὲν ἠπίσταντο, τί ἔδει λόγων πρὸς τοὺς εἰδότας; εἰ
δὲ ἠγνόουν, οὐκ ἀπολογίας αὐτοῖς, ἀλλ´ ἐπιστήμης
ἔδει. Τὰς μὲν γὰρ ἄλλας ἀπολογίας μάρτυρες ἀποφαίνουσιν,
καὶ πίστις, καὶ ἔλεγχοι, καὶ τεκμήρια, καὶ
βάσανοι, καὶ ἄλλα τοιαῦτα, ἵνα τὸ ἀφανὲς τέως ἐπὶ
δικαστηρίου φωραθῇ· ἀρετῆς δὲ καὶ καλοκαγαθίας ὁ
ἔλεγχος εἷς, ἡ πρὸς ταῦτα αἰδώς, ἧς ἐξεληλαμένης τότε
Ἀθήνηθεν, τί ἔδει τῷ Σωκράτει λόγου; Νὴ Δία, ἵνα
μὴ ἀποθάνῃ.
| [3,6] VI. Et combien ne serait-il donc point ridicule de voir un homme avancé en âge,
un philosophe, jouer avec des enfants ? Et quel est le médecin qui a jamais persuadé
à des malades ayant la fièvre, que la faim et la soif sont un bien ? Et qui a jamais
persuadé à un homme livré à la débauche, que ce genre de volupté est un mal ? Qui a
jamais persuadé à celui qui est adonné aux opérations mercantiles, qu'il n'y a nul bien
dans le but qu'il se propose ? Certes, Socrate n'aurait pas eu beaucoup de peine à
persuader aux Athéniens, que ce n'est pas pervertir les jeunes gens, de les dresser à
la vertu, et que ce n'est point pécher contre les dieux, de propager les lumières en ce
qui les concerne. Ils en savaient là-dessus autant que Socrate ; ou bien, tandis que
Socrate avait là-dessus les plus saines notions, les Athéniens étaient à cet égard dans
une pleine ignorance. Or, s'ils étaient aussi savants que lui, qu'avait-il à leur apprendre ?
S'ils étaient, au contraire, dans une profonde ignorance, ce n'était pas de plaidoyer,
mais de leçons qu'il devait s'agir auprès d'eux. Dans les débats judiciaires, c'est des
témoignages, des ouï-dire, des preuves, des pièces de conviction, des épreuves que
l'on fait subir à l'accusé, et d'autres semblables détails, que dépend devant les
tribunaux la manifestation de la vérité. Mais lorsqu'il s'agit des principes de la vertu et
de la morale, il n'est qu'une source de preuves, c'est le respect qu'on a pour l'une et
pour l'autre. Or, ce respect étant alors banni d'Athènes, que pouvait avoir à dire Socrate ?
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