[3,5] Ἀλλὰ νὴ Δία τούτων μὲν οὐδέν, ἀπολύεσθαι δ´
ἐχρῆν τὴν αἰτίαν, ὡς μήτε διέφθειρεν τοὺς νέους, μήτε
καινὰ δαιμόνια ἐπεισέφερεν. Καὶ τίς τεχνίτης τὸν
ἄτεχνον πείθει ὑπὲρ τῶν κατὰ τὴν τέχνην; ποῦ γὰρ
Ἀθηναίοις συνιέναι, τί μὲν διαφθορὰ νέων, τί δὲ
ἀρετή; καὶ τί μὲν τὸ δαιμόνιον, πῶς δὲ τιμητέον; οὐ
γὰρ τῷ κυάμῳ λαχόντες δικασταὶ χίλιοι ταῦτα ἐξετάζουσιν,
οὐδὲ Σόλων τὶ ὑπὲρ αὐτῶν γέγραφεν, οὐδὲ οἱ
Δράκοντος σεμνοὶ νόμοι· ἀλλὰ κλήσεις μέν, καὶ φάσεις,
καὶ γραφαί, καὶ εὐθύναι, καὶ ἀντωμοσίαι, καὶ πάντα
τὰ τοιαῦτα ἐν ἡλιαίᾳ εὐθύνεται, ὥσπερ ἐν ταῖς τῶν
παίδων ἀγέλαις αἱ περὶ τῶν ἀστραγάλων διαμάχαι καὶ
ῥητορικαί, ἀφαιρουμένων ἀλλήλους, καὶ ἀδικούντων,
καὶ ἀδικουμένων· ἀλήθεια δὲ καὶ ἀρετὴ καὶ βίος ὀρθὸς
ἑτέρων δικαστῶν δεῖ, καὶ νόμων ἑτέρων, καὶ ῥητόρων
ἑτέρων, ἐν οἷς Σωκράτης ἐκράτει, καὶ ἐστεφανοῦτο, καὶ
εὐδοκίμει.
| [3,5] V. A la bonne heure, qu'il n'eût rien dit de cela ; mais il devait repousser les chefs
de son accusation, se justifier d'avoir corrompu la jeunesse, et d'avoir introduit de
nouveaux dieux. Mais où est l'artiste qui, sur les matières qui appartiennent à son art,
portera la conviction dans l'esprit de celui qui n'en a pas les premiers principes ? Et
comment les Athéniens auraient- ils entendu en quoi consistait la corruption de la
jeunesse, en quoi consistait la vertu, quelles notions on devait avoir des Dieux, quel
culte on devait leur rendre ? Les milliers de juges que le sort des fèves appelle à
cette fonction, n'examinent point des questions de cette nature. On ne trouve rien de
réglé là-dessus dans les lois de Solon. Dracon n'en dit pas un mot dans son code. Il
n'y est question que de citations en justice, de défenses judiciaires, d'accusations, de
mise en jugement des comptables, de serments à prêter respectivement par les
parties, et de tous les détails de cette nature, qui composent la juridiction de
l'héliée. C'est comme dans les groupes d'enfants, lorsqu'ils prennent querelle
entre eux, et qu'ils se débattent au sujet de leurs osselets qu'ils s'enlèvent les uns aux
autres, et lorsqu'ils éprouvent des injustices dont ils sont réciproquement les
auteurs. Mais la vérité, mais la vertu, mais les bonnes mœurs, demandent d'autres
juges, d'autres lois, d'autres orateurs. Alors Socrate triomphera, alors la palme lui sera
décernée, alors il sera couvert de gloire.
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