[2,9] Ὢ πολλῶν καὶ παντοδαπῶν ἀγαλμάτων· ὧν τὰ
μὲν ὑπὸ τέχνης ἐγένετο, τὰ δὲ διὰ χρείαν ἠγαπήθη,
τὰ δὲ δι´ ὠφέλειαν ἐτιμήθη, τὰ δὲ δι´ ἔκπληξιν ἐθαυμάσθη,
τὰ δὲ διὰ μέγεθος ἐθειάσθη, τὰ δὲ διὰ κάλλος
ἐπῃνέθη. Πλὴν οὐδὲν γένος, οὐ βάρβαρον, οὐχ Ἑλληνικόν,
οὐ θαλάττιον, οὐκ ἠπειρωτικόν, οὐ νομαδικόν,
οὐκ ἀστυπολοῦν, ἀνέχεται τὸ μὴ καταστήσασθαι σύμβολα
ἄττα τῆς τῶν θεῶν τιμῆς. Πῶς ἂν οὖν τις διαιτήσαι
τὸν λόγον, εἴτε χρὴ ποιεῖσθαι ἀγάλματα θεῶν,
εἴτε μή; Εἰ μὲν γὰρ ἄλλοις τισὶν νομοθετοῦμεν ὑπερορίοις
ἀνθρώποις ἔξω τοῦ καθ´ ἡμᾶς αἰθέρος, ἄρτι ἐκ
γῆς ἀναφυομένοις, ἢ ὑπό τινος προμηθείας πλαττομένοις,
ἀπείροις βίου καὶ νόμου καὶ λόγου, δέοι ἂν
ἴσως τοῦ σκέμματος· πότερα ἐατέον τουτὶ τὸ γένος,
ἐπεὶ τῶν αὐτοφυῶν τούτων ἀγαλμάτων προσκυνεῖν
αἱροῦνται, οὐκ ἐλέφαντα, οὐδὲ χρυσόν, οὐδὲ δρῦν,
οὐδὲ κέδρον, οὐδὲ ποταμόν, οὐδὲ ὄρνιθα, ἀλλὰ τὸν
ἥλιον ἀνίσχοντα, καὶ τὴν σελήνην λάμπουσαν, καὶ τὸν
οὐρανὸν πεποικιλμένον, καὶ γῆν αὐτήν, καὶ ἀέρα αὐτόν,
καὶ πῦρ πᾶν, καὶ ὕδωρ πᾶν· 〈ἢ〉 καὶ τούτους καθείρξομεν
εἰς ἀνάγκην τιμῆς ξύλων ἢ λίθων ἢ τύπων;
εἰ δέ ἐστιν οὗτος ἱκανὸς ὁ πάντων νόμος, τὰ κείμενα
ἐῶμεν, τὰς φήμας τῶν θεῶν ἀποδεχόμενοι, καὶ φυλάττοντες
αὐτῶν τὰ σύμβολα, ὥσπερ καὶ τὰ ὀνόματα.
| [2,9] IX. O quelles différences, quelle variété dans les images des Dieux, dans les
signes qui les représentent ! Tantôt c'est la main des arts qui les a élaborés. Tantôt ce
sont les services du besoin qui ont déterminé les hommages. Les uns se sont conciliés
le respect des mortels par le bien réel qu'ils leur faisaient, les autres par des
impressions imposantes. Ici le culte a été commandé par l'énormité des formes; là, il a
été l'ouvrage de leur régularité, de la beauté de leur coup d'œil. D'ailleurs il n'est
aucun peuple, ni Grec, ni Barbare, ni placé sur les bords de la mer, ni reculé dans
l'intérieur des terres, ni nomade, ni civilisé, qui n'ait senti le besoin d'avoir sous les
yeux des symboles quelconques propres à rappeler l'idée des hommages que l'on doit
aux Dieux. A quoi bon mettre donc en question s'il faut représenter les Dieux sous des
emblèmes sensibles ? Si nous avions à donner des lois à des hommes qui nous
fussent totalement étrangers, qui vécussent dans une autre atmosphère que la nôtre;
qui fussent récemment sortis du sein de la terre, ou pétris par un nouveau
Prométhée, sans aucune expérience de notre manière de vivre, de nos habitudes, de
notre langage, peut-être aurions-nous besoin de nous livrer à cette recherche, et
d'examiner s'il conviendrait de permettre à une semblable génération de prendre pour
symboles de la Divinité ceux que la nature présente, et d'adorer non de l'ivoire, ni de
l'or, ni des chênes, ni des cèdres, ni des fleuves, ni des oiseaux, mais le soleil à son
lever, la lune dans son plein, le firmament dans sa variété brillante, ou même la terre,
l'air, ou le feu universel, ou les eaux en masse. Aimerions-nous mieux les réduire à la
nécessité d'adorer du bois, de la pierre, de la toile ? Mais si telle est la condition
commune de tous les peuples, laissons les choses comme elles sont; respectons les
opinions reçues sur le compte des Dieux, et conservons leurs symboles ainsi que leurs
noms.
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