[2,10] Ὁ μὲν γὰρ θεός, ὁ τῶν ὄντων πατὴρ καὶ δημιουργός,
ὁ πρεσβύτερος μὲν ἡλίου, πρεσβύτερος δὲ οὐρανοῦ,
κρείττων δὲ χρόνου καὶ αἰῶνος καὶ πάσης ῥεούσης
φύσεως, ἀνώνυμος νομοθέτῃ, καὶ ἄρρητος φωνῇ, καὶ
ἀόρατος ὀφθαλμοῖς· οὐκ ἔχοντες δὲ αὐτοῦ λαβεῖν τὴν
οὐσίαν, ἐπερειδόμεθα φωναῖς, καὶ ὀνόμασιν, καὶ ζῴοις,
καὶ τύποις χρυσοῦ καὶ ἐλέφαντος καὶ ἀργύρου, καὶ
φυτοῖς, καὶ ποταμοῖς, καὶ κορυφαῖς, καὶ νάμασιν· ἐπιθυμοῦντες
μὲν αὐτοῦ τῆς νοήσεως, ὑπὸ δὲ ἀσθενείας
τὰ παρ´ ἡμῶν καλὰ τῇ ἐκείνου φύσει ἐπονομάζοντες·
αὐτὸ ἐκεῖνο τὸ τῶν ἐρώντων πάθος, οἷς ἥδιστον εἰς
μὲν θέαμα οἱ τῶν παιδικῶν τύποι, ἡδὺ δὲ εἰς ἀνάμνησιν
καὶ λύρα, καὶ ἀκόντιον, καὶ θῶκος που, καὶ δρόμος,
καὶ πᾶν ἁπλῶς τὸ ἐπεγεῖρον τὴν μνήμην τοῦ
ἐρωμένου. Τί μοι τὸ λοιπὸν ἐξετάζειν καὶ νομοθετεῖν
ὑπὲρ ἀγαλμάτων; Θεῖον ἴστω πᾶν γένος, ἴστω
μόνον. Εἰ δὲ Ἕλληνας μὲν ἐπεγείρει πρὸς τὴν μνήμην
τοῦ θεοῦ ἡ Φειδίου τέχνη, Αἰγυπτίους δὲ ἡ πρὸς
τὰ ζῷα τιμή, καὶ ποταμὸς ἄλλους, καὶ πῦρ ἄλλους, οὐ
νεμεσῶ τῆς διαφωνίας· ἴστωσαν μόνον, ἐράτωσαν μόνον,
μνημονευέτωσαν.
| [2,10] X. Car il est un DIEU, père et créateur de tout ce qui existe, plus ancien que le
soleil, plus ancien que le firmament, antérieur aux temps, aux âges, et à toutes les
générations qui en ont émané; législateur supérieur à toutes les lois, dont le langage
des mortels ne peut pas plus énoncer le nom, que leurs yeux n'en peuvent contempler
l'essence. Dans l'impuissance où nous sommes de nous faire une idée de sa nature,
nous cherchons un appui dans les mots, dans les dénominations, dans les animaux,
dans les images d'or, d'argent et d'ivoire, dans les plantes, dans les fleuves, dans les
hauteurs des montagnes, dans les fontaines. Nous sommes avides de le connaître,
mais la faiblesse de notre intelligence nous réduit à nous le représenter sous
l'emblème du beau à nos yeux. Il en est comme de ce qu'on éprouve en amour.
Ce qu'on voit avec le plus de plaisir est le portrait de l'objet qu'on aime. On se plaît
encore à fixer ses regards sur la lyre dont il tirait de si agréables sons, sur la lance
dont il s'armait avec tant de grâce, sur le siège où il venait se reposer, sur le lieu où il
jouissait de la promenade; en un mot, sur tout ce qui peut en rappeler le souvenir. Que
servirait donc d'aller plus avant et de nous ériger eu législateurs sur cette matière? Il
suffit que l'entendement humain ait l'idée de DIEU. D'ailleurs, que le ciseau de Phidias
soit employé chez les Grecs pour en retracer la mémoire, qu'en Égypte le culte qu'on
rend aux animaux soit chargé de la même fonction, que chez certains peuples on
adore un fleuve, chez d'autres le feu, qu'importe la différence ? Elle ne me choque
pas. C'est assez pour moi que les nations sachent qu'il est des Dieux. Il suffit qu'elles
les honorent. Il suffit qu'elles en conservent le souvenir.
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