[2,6] Τὰ μὲν Αἰγυπτίων τοιαῦτα. Ἀλέξανδρος δὲ ἐκεῖνος,
Πέρσας ἑλών, καὶ Βαβυλῶνος κρατήσας, καὶ Δαρεῖον
χειρωσάμενος, ἦλθεν εἰς τὴν Ἰνδῶν γῆν ἄβατον οὖσαν
τέως στρατιᾷ ξένῃ, ὡς Ἰνδοὶ ἔλεγον, πλήν γε Διονύσου
καὶ Ἀλεξάνδρου. Ἐστασίαζον Ἰνδοὶ βασιλεῖς Πῶρος
καὶ Ταξίλης. Πῶρον μὲν λαμβάνει ὁ Ἀλέξανδρος,
Ταξίλην δὲ κατὰ φιλίαν παρεστήσατο. Ἐπεδείκνυεν
Ἀλεξάνδρῳ Ταξίλης τὰ θαυμαστὰ τῆς Ἰνδῶν γῆς, ποταμοὺς
μεγίστους, καὶ ὄρνιθας ποικίλους, καὶ εὐώδη
φυτά, καὶ εἴ τι ἄλλο ξένον ὀφθαλμοῖς Ἑλληνικοῖς· ἐν
δὲ τοῖς ἔδειξε καὶ ζῷον ὑπερφυές, Διονύσου ἄγαλμα,
ᾧ Ἰνδοὶ ἔθυον· δράκων ἦν μῆκος πεντάπλεθρον, ἐτρέφετο
δὲ ἐν χωρίῳ κοίλῳ, ἐν κρημνῷ βαθεῖ, τείχει
ὑψηλῷ ὑπὲρ τῶν ἄκρων περιβεβλημένος· καὶ ἀνήλισκεν
τὰς Ἰνδῶν ἀγέλας, χορηγούντων αὐτῷ τροφὴν βοῦς
καὶ ὄϊς, καθάπερ τυράννῳ μᾶλλον ἢ θεῷ.
| [2,6] VI. Le célèbre Alexandre, après s'être rendu maître de la Perse, s'être emparé de
Babylone, et avoir fait Darius prisonnier, poussa jusqu'aux Indes, où jusqu'alors nulle
autre armée étrangère, d'après ce que disent les Indiens, n'avait pénétré, à l'exception
de celle de Bacchus. Porrus et Taxile, Rois de cette contrée, prirent les armes. Porus
fut fait prisonnier, et Taxile rechercha la bienveillance d'Alexandre. Il lui fit parcourir
toutes les merveilles de l'Inde. Il lui fit admirer la grandeur des fleuves, la variété des
oiseaux, les parfums des plantes, et tout ce qui pouvait piquer la curiosité d'un Grec.
Entre autres choses prodigieuses, il lui montra un animal d'une grandeur au-dessus de
toutes les proportions de la nature, que les Indiens regardaient comme la
représentation de Bacchus, et auquel ils offraient des sacrifices. C'était un dragon
d'une longueur et d'une grosseur monstrueuse.
On le nourrissait dans un lieu creux, profond, et entouré de murailles qui
dominaient toutes les hauteurs d'alentour. Il absorbait les troupeaux de l'Inde. On lui
amenait des bœufs et des moutons à manger, plutôt comme à un tyran que comme à
un Dieu.
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