[2,3] Ἀγαλμάτων δὲ οὐχ εἷς νόμος, οὐδὲ εἷς τρόπος,
οὐδὲ τέχνη μία, οὐδὲ ὕλη μία· ἀλλὰ τὸ μὲν Ἑλληνικόν,
τιμᾶν τοὺς θεοὺς ἐνόμισαν τῶν ἐν γῇ τοῖς
καλλίστοις, ὕλῃ μὲν καθαρᾷ, μορφῇ δὲ ἀνθρωπίνῃ,
τέχνῃ δὲ ἀκριβεῖ. Καὶ οὐκ ἄλογος ἡ ἀξίωσις τῶν τὰ
ἀγάλματα εἰς ἀνθρωπίνην ὁμοιότητα καταστησαμένων·
εἰ γὰρ ἀνθρώπου ψυχὴ ἐγγύτατον θεῷ καὶ ἐμφερέστατον,
οὐ δήπου εἰκὸς τὸ ὁμοιότατον αὐτῷ περιβαλεῖν,
τὸν θεόν, σκήνει ἀτοπωτάτῳ, ἀλλ´ ὅπερ ἔμελλεν
ψυχῆς ἀθανάτοις εὔφορόν τε ἔσεσθαι καὶ κοῦφον καὶ
εὐκίνητον μόνον, τοῦτο τῶν ἐν γῇ σωμάτων ἀνατεῖνον
τὴν κορυφὴν ὑψοῦ, σοβαρὸν, καὶ γαῦρον, καὶ σύμμετρον,
οὔτε διὰ μέγεθος ἐκπληκτικόν, οὔτε διὰ χαίτην
φοβερόν, οὔτε διὰ βάρος δυσκίνητον, οὔτε διὰ
λειότητα ὀλισθηρόν, οὔτε διὰ τραχύτητα ἀντίτυπον,
οὔτε διὰ ψυχρότητα ἑρπηστικόν, οὔτε ἰταμὸν διὰ θερμότητα,
οὔτε νηκτὸν διὰ μανότητα, οὐκ ὠμοφάγον δι´
ἀγριότητα, οὐ ποιηφάγον δι´ ἀσθένειαν, ἀλλὰ κεκραμένον
μουσικῶς πρὸς τὰ αὑτοῦ ἔργα· φοβερὸν μὲν
δειλοῖς, ἥμερον δὲ ἀγαθοῖς, βαδιστικὸν μὲν τῇ φύσει,
πτηνὸν δὲ τῷ λόγῳ, νηκτὸν δὲ τέχνῃ, σιτοφάγον καὶ
γεωπόνον καὶ καρποφάγον καὶ εὔχρουν καὶ εὐσταλὲς
καὶ εὐωπὸν καὶ εὐγένειον, διὰ τοιούτου σώματος τύπων
τοὺς θεοὺς τιμᾶν ἐνόμισαν οἱ Ἕλληνες.
| [2,3] III. D'ailleurs, il n'existe nulle uniformité touchant ces images, ces représentations
des Dieux, ni dans l'objet fondamental de l'institution religieuse qu'on leur attache, ni
dans le mode du cérémonial qu'on leur approprie, ni dans la forme même qu'on leur
donne, ni dans la matière dont on les compose. Les Grecs, par exemple, ont jugé
convenable de consacrer à leurs Dieux les premiers genres de beau qui sont sur la
terre, la matière la plus pure, la forme humaine, l'art le plus parfait. Et ce n'est pas
sans raison qu'on a imaginé de faire ressembler à l'homme les représentations, les
images des Dieux. Car si l'âme de l'homme est ce qui approche le plus de la Divinité,
ce qui lui ressemble davantage, il n'y avait nulle apparence de représenter la Divinité,
qui lui ressemble le plus à elle-même, sous les figures les plus difformes, mais sous
celle qui par sa prestance, sa légèreté, sa mobilité devait être appropriée à des âmes
immortelles ; mais sous la figure du seul des êtres qui sont sur la terre, qui soit
capable de tourner ses regards vers le ciel, qui ait de la dignité, de la majesté, une
régulière ordonnance; qui n'épouvante point par sa grandeur, qui n'en impose point
par sa force ; qui n'est ni par son poids difficile à mouvoir, ni par sa légèreté facile
à renverser; qui ne repousse point par ses aspérités; qui ne se traîne point terre à terre
à cause de sa frigidité; qui n'a point de chaleureuse impétuosité; qui n'est réduit, ni à
vivre dans l'eau à cause du peu de consistance de son organisation, ni à manger de la
chair crue, à cause de sa férocité, ni à se nourrir d'herbe, à cause de sa faiblesse;
mais harmoniquement doué de toutes les qualités propres à sa destination, offrant un
aspect terrible au méchant, montrant de l'aménité à l'homme de bien; ayant toujours
ses pieds attachés à la terre, mais s'élançant dans les airs sur les ailes de
l'intelligence, au milieu des mers sur les ailes de la navigation; vivant des
productions de la terre, la cultivant par ses labeurs, se nourrissant des fruits qu'il lui fait
produire, ne présentant à l'œil que des agréments sous le rapport de la teinte de la
carnation, sous le rapport de la stature et sous celui de la physionomie. C'est en
représentant les Dieux sous la forme d'un pareil être, que les Grecs crurent les honorer.
|