[2,2] Ὥσπερ δέ, οἶμαι, τῷ κατὰ τὰς φωνὰς λόγῳ οὐδὲν δεῖ
πρὸ0ς σύστασιν χαρακτήρων Φοινικίων τινῶν, ἢ Ἰωνικῶν,
ἢ Ἀττικῶν, ἢ Ἀσσυρίων, ἢ Αἰγυπτίων, ἀλλ´ ἡ ἀνθρωπίνη
ἀσθένεια ἐξεῦρεν σημεῖα ταῦτα, ἐν οἷς ἀποτιθεμένη
τὴν αὑτῆς ἀμβλύτητα ἐξ αὐτῶν ἀναμάττεται τὴν
αὖθις μνήμην· οὕτως ἀμέλει καὶ τῇ τοῦ θείου
φύσει δεῖ μὲν οὐδὲν ἀγαλμάτων οὐδὲ ἱδρυμάτων, ἀλλὰ
ἀσθενὲς ὂν κομιδῇ τὸ ἀνθρώπειον, καὶ διεστὸς τοῦ
θείου ὅσον ‘οὐρανὸς γῆς,’ σημεῖα ταῦτα ἐμηχανήσατο,
ἐν οἷς ἀποθήσεται τὰ τῶν θεῶν ὀνόματα καὶ τὰς
φήμας αὐτῶν. Οἷς μὲν οὖν ἡ μνήμη ἔρρωται, καὶ
δύνανται εὐθὺ τοῦ οὐρανοῦ ἀνατεινόμενοι τῇ ψυχῇ τῷ
θείῳ ἐντυγχάνειν, οὐδὲν ἴσως δεῖ τούτοις ἀγαλμάτων·
σπάνιον δὲ ἐν ἀνθρώποις τὸ τοιοῦτο γένος, καὶ οὐκ
ἂν ἐντύχοις δήμῳ ἀθρόῳ τοῦ θείου μνήμονι, καὶ μὴ
δεομένῳ τοιαύτης ἐπικουρίας· οἷον καὶ τοῖς παισὶν οἱ
γραμματισταὶ μηχανῶνται ὑποχαράττοντες αὐτοῖς σημεῖα
ἀμυδρά, οἷς ἐπάγοντες τὴν χειρουργίαν, ἐθίζονται
τῇ μνήμῃ πρὸς τὴν τέχνην. Δοκοῦσιν δή μοι καὶ οἱ
νομοθέται, καθάπέρ τινι παίδων ἀγέλῃ, ἐξευρεῖν τοῖς
ἀνθρώποις ταυτὶ τὰ ἀγάλματα, σημεῖα τῆς πρὸς τὸ
θεῖον τιμῆς, καὶ ὥσπερ χειραγωγίαν τινὰ καὶ ὁδὸν
πρὸς ἀνάμνησιν.
| [2,2] II. De même, à mon avis, qu'en ce qui concerne la parole et le langage nous
n'avons nul besoin qu'il consiste en caractères, ou Phéniciens, ou Ioniens, ou Attiques,
ou Assyriens, ou Égyptiens, et que tous ces signes ont été inventés par la faiblesse
humaine, comme un supplément à l'imperfection de l'intelligence, et comme une
ressource pour la mémoire; de même, sans doute, les Dieux n'ont nul besoin ni
d'emblèmes, ni d'autels. Mais les hommes, dans l'excès de leur faiblesse, éloignés
comme ils le sont des Dieux, autant que le ciel l'est de la terre, imaginèrent ce
genre de signes auxquels ils imposèrent les noms des Dieux, et auxquels ils
attachèrent ce qu'ils en disaient. Ceux donc qui ont de la vigueur dans l'intelligence,
et qui peuvent faire prendre à leur âme un essor direct vers le ciel, et s'y aller
mettre en commerce avec les Dieux, ceux-là peut-être peuvent se passer d'emblèmes.
Mais le nombre en est assez rare parmi les hommes, et il serait impossible de trouver
une nation entière qui eût la connaissance des Dieux, et à laquelle un tel secours ne
fût point nécessaire. De même que ceux qui enseignent à lire aux enfants pratiquent
certains artifices, comme de crayonner à leurs yeux les caractères dans une forme
très défectueuse, pour leur donner lieu de rectifier eux-mêmes ces défectuosités, et
s'imprimer par ce moyen dans la mémoire le souvenir de ces caractères; de même les
législateurs, tout ainsi que s'ils avaient eu affaire à des troupeaux d'enfants, me
paraissent avoir inventé pour les hommes ces représentations, ces images des Dieux,
comme des signes du culte qui leur est dû, comme un moyen propre à conduire, à
diriger vers ce souvenir.
|