[1,9] Εἰ τοιούτου δεῖ λόγου τοῖς φιλοσοφίας ἐφιεμένοις, τὸν
ἔχοντα ἀθρητέον καὶ δοκιμαστέον καὶ αἱρετέον, ἐάν τε
πρεσβύτης οὗτος ᾖ, ἐάν τε νέος, ἐάν τε πένης, ἐάν τε
πλούσιος, ἐὰν ἔνδοξος· ἀσθενέστερον δέ, οἶμαι, καὶ νεότητος
γῆρας, καὶ πλούτου πενία, καὶ δόξης ἀδοξία. Οἷς
δ´ ἂν τὰ ἐλαττώματα ταῦτα προσῇ, ῥᾷον ἐπ´ αὐτοὺς
οἱ ἄνθρωποι παραγίγνονται, καὶ γεγόνασιν αἱ παρὰ
τῆς τύχης συμφοραὶ πρὸς φιλοσοφίαν ἐφόδια· καὶ ὅτι
μὲν πένης ἦν ὁ Σωκράτης, ὁ πένης εὐθὺς μιμήσεται
τὸν Σωκράτην· ὡς ὠνάμεθα, ὅτι μὴ καὶ οἱ σιμοὶ καὶ
οἱ προγάστορες ἀμφισβητοῦσιν φιλοσοφίας· ὅτι δὲ Σωκράτης
οὐκ ἐπὶ τοὺς πένητας ὠθεῖτο μόνον, ἀλλὰ καὶ
ἐπὶ τοὺς πλουσίους καὶ τοὺς ἐνδόξους καὶ τοὺς εὐγενεστάτους,
διαμέμνηται οὐδείς. Ἡγεῖτο γάρ, οἶμαι, ὁ
Σωκράτης Αἰσχίνου μὲν φιλοσοφήσαντος καὶ Ἀντισθένους
ὄνασθαι ἂν ὀλίγα τὴν Ἀθηναίων πόλιν· μᾶλλον
δὲ μηδένα τῶν τότε, πλὴν ἡμῶν τῶν ἔπειτα, κατὰ τὴν
μνήμην τῶν λόγων· εἰ δὲ Ἀλκιβιάδης ἐφιλοσόφει, ἢ
Κριτίας, ἢ Κριτόβουλος, ἢ Καλλίας, οὐδὲν ἂν τῶν
δεινῶν τοῖς τότε Ἀθηναίοις ξυνέπεσεν· οὐδὲ γὰρ ἡ
Διογένους ζήλωσις θυλάκιον καὶ βακτηρία, ἀλλ´ ἔξεστίν
που καὶ ταῦτα περιβεβλημένον Σαρδαναπάλλου εἶναι
κακοδαιμονέστερον· ὁ Ἀρίστιππος ἐκεῖνος πορφυρίδι
ἀμπισχόμενος, καὶ μύροις χριόμενος, οὐχ ἧττον τοῦ
Διογένους ἐσωφρόνει. Ὥσπερ γάρ, εἴ τις δύναμιν
σώματος παρεσκευάσατο οὐδὲν ὑπὸ πυρὸς λυμαινομένην,
ἐθάρσει ἂν, οἶμαι, καὶ τῇ Αἴτνῃ αὐτοῦ παραδοὺς
τὸ σῶμα· οὕτω καὶ ὅστις πρὸς ἡδονὴν παρεσκεύασται
καλῶς, οὐδὲ ἐν αὐταῖς ὢν θάλπεται, οὐδὲ ἐμπίμπραται,
οὐδὲ ἐκτήκεται.
| [1,9] IX. Si tel est le genre d'éloquence nécessaire à ceux qui embrassent l'étude de la
philosophie, il faut chercher avec soin celui qui en a le talent, l'éprouver, et le choisir,
soit vieux, soit jeune, soit pauvre, soit riche, soit qu'il ait, ou qu'il n'ait point de
réputation. Ce n'est pas qu'à mon avis la vieillesse ne le cède à la jeunesse, la
pauvreté à l'opulence, et l'obscurité à la renommée. Mais les hommes songent plus
volontiers à devenir philosophes, lorsqu'ils pèchent par tous ces désavantages ; et
les disgrâces de la fortune sont regardées comme le véhicule de la philosophie. Parce
que Socrate était pauvre, le pauvre s'empressera donc de marcher sur les traces de
Socrate ? Nous serons heureux, si ceux qui, comme Socrate, ont un petit nez et un
gros ventre, ne viennent pas se mettre aussi sur les rangs. Que personne d'ailleurs ne
reproche à Socrate de ne s'être exclusivement occupé que des pauvres, et de n'avoir
fait aucune attention à ceux qui se distinguaient par leurs richesses, leur réputation, et
l'illustration de leur origine. Car Socrate pensait, je crois, que la République
d'Athènes ne recueillerait que peu de fruit des élucubrations philosophiques d'Eschine
ou d'Antisthène, et que même nul de leurs contemporains n'en recueillerait plus
d'avantages, que n'en produirait vis-à-vis de nous, qui devions leur succéder, la
mémoire de leurs discours. Mais si, en effet, ou Alcibiade, ou Critias, on Cléobule, ou
Callias, eussent été philosophes, les Athéniens de ce temps-là n'auraient point
éprouvé les maux qui leur arrivèrent. Il ne suffit pas, pour ressembler à Diogène, de
porter comme lui une besace et un bâton. On peut avec cet attirail n'être pas
moins malheureux que Sardanapale. Le célèbre Aristippe, vêtu de pourpre, et
embaumé de parfums, n'avait pas moins de tempérance que Diogène. Car de même
que celui qui parviendrait à mettre son corps à l'épreuve de l'action du feu, pourrait,
sans rien craindre, s'élancer dans les gouffres du mont Etna ; de même celui qui s'est
pleinement mis en mesure contre les impressions de la volupté, n'a rien à craindre au
milieu de ses prestiges, de ses amorces, de ses séductions.
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