[1,8] Εἰ μὲν οὖν τις τοῦτ´ εἶναι φιλοσοφίαν λέγει, ῥήματα
καὶ ὀνόματα, ἢ τέχνας λόγων, ἢ ἐλέγχους καὶ ἔριδας
καὶ σοφίσματα, καὶ τὰς ἐν τούτοις διατριβάς, οὐ χαλεπὸν
εὑρεῖν τὸν διδάσκαλον· πάντα ὑμῖν μεστὰ τοιούτων
σοφιστῶν, εὔπορον τὸ χρῆμα, καὶ ταχὺ ἀναφαινόμενον·
θαρρήσαιμι δ´ ἂν ἔγωγε εἰπεῖν, ὅτι τῆς
τοιαύτης φιλοσοφίας πλείους οἱ διδάσκαλοι τῶν μαθητῶν.
Εἰ δὲ ταῦτα μὲν ὀλίγη τοῦ φιλοσοφεῖν μοῖρα,
καὶ τοσαύτη, ὅση αἰσχρὸν μὲν μὴ εἰδέναι, οὐ σεμνὸν
δὲ εἰδέναι, διαφεύγομεν τὸ αἰσχρὸν καὶ ταῦτα εἰδότες,
μὴ καλλωπιζώμεθα δὲ ἐπ´ αὐτοῖς· ἢ γὰρ ἂν πολλοῦ
ἄξιοι καὶ οἱ γραμματισταὶ εἶεν, πραγματευόμενοι περὶ
τὰς συλλαβάς, καὶ συμψελλίζοντες ἔθνει παίδων ἀνοητοτάτῳ.
Τὸ δὲ ἐν φιλοσοφίᾳ κεφάλαιον καὶ ἡ ἐπ´
αὐτὸ ὁδὸς δεῖται διδασκάλου τὰς τῶν νέων ψυχὰς ξυνεπαίροντος,
καὶ διαπαιδαγωγοῦντος αὐτῶν τὰς φιλοτιμίας,
καὶ οὐδὲν ἀλλ´ ἢ λύπαις καὶ ἡδοναῖς τὰς ὀρέξεις
αὐτῶν συμμετρουμένου· οἷόν που καὶ οἱ πωλευταὶ
δρῶσιν, μήτε ἀποσβεννύντες τὸν θυμὸν τῶν πωλευμάτων,
μήτε ἐφιέντες αὐτοῖς ἀνέδην χρῆσθαι
τῇ γενναιότητι. Οἰκονομεῖ δὲ πώλου μὲν θυμὸν χαλινός,
καὶ ῥυτῆρες, καὶ ἱππέως καὶ ἡνιόχου τέχνη· ψυχὴν δὲ
ἀνδρὸς λόγος, οὐκ ἀργός, οὐδὲ ῥυπῶν, οὐδὲ ἠμελημένος,
ἀλλὰ ἀνακεκραμένος ἤθει καὶ πάθει, καὶ μὴ παρέχων
σχολὴν τοῖς ἀκροωμένοις τὰς φωνὰς ἐξετάζειν καὶ τὰς
ἐν αὐταῖς ἡδονάς, ἀλλὰ ἀνίστασθαι προσαναγκάζει καὶ
συνενθουσιᾶν, ὥσπερ ὑπὸ σάλπιγγι, νῦν μὲν τὸ ἐφορμητικὸν
φθεγγομένῃ, νῦν δὲ τὸ ἀνακλητικόν.
| [1,8] VIII. Si quelqu'un dit donc que la philosophie consiste en mots, en paroles, en
discours artificieux, en controverses, en disputes, en sophismes, et en futilités de cette
nature, il n'est pas difficile alors de trouver un maître. On rencontre partout de pareils
sophistes. Ils abondent de toutes parts. Il s'en sera bientôt présenté. J'oserai même
dire que les professeurs d'une semblable philosophie sont en plus grand nombre que
les disciples. Mais si ce n'est là qu'une petite partie de la philosophie, une partie telle,
qu'à la vérité il soit honteux de l'ignorer, mais dont la science ne donne aucune
recommandation, évitons la honte de l'ignorance ; mais en remplissant ce but, ne nous
en faisons pas accroire à nous-mêmes. Car certes ceux-là même qui donnent les
premières leçons de la lecture, mériteraient beaucoup de considération, quoiqu'ils ne
s'occupent que de syllabes, et qu'à faire bégayer des troupes d'enfants lorsqu'ils sont
le plus dépourvus d'intelligence. Ce qui constitue la partie fondamentale de la
philosophie, le chemin qui y conduit, exigent un maître qui sache donner de l'élévation
à l'âme des jeunes gens, régler leurs désirs, et leur faire sentir que la douleur et la
volupté en sont l'unique mesure : selon la méthode de ceux qui dressent les jeunes
chevaux, qui n'éteignent point toute leur fougue, et qui ne leur permettent pas non plus
de s'y laisser entièrement emporter. Si d'ailleurs l'impétuosité des jeunes chevaux est
gouvernée par le frein, par les rênes, par le manège du cavalier, ou du cocher, l'âme
de l'homme est gouvernée par le discours, non point par un discours insignifiant,
abject, dénué d'intérêt, mais par un discours où le pathétique est allié à la saine
morale, qui ne donne point à ceux qui l'entendent le temps d'occuper leur attention à
ce qui concerne le style, et le plaisir qu'il peut faire, mais qui produit une espèce de
transport, une sorte d'enthousiasme, semblable à celui des trompettes qui sonnent
tantôt la charge, tantôt la retraite.
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