[1,10] Ἐξεταστέον δὴ τὸν φιλόσοφον οὐ σχήματι, οὐχ
ἡλικίᾳ, οὐ τύχῃ, ἀλλὰ γνώμῃ, καὶ λόγῳ, καὶ παρασκευῇ
ψυχῆς, ὑφ´ ὧν μόνων χειροτονεῖται φιλόσοφος·
τὰ δὲ ἄλλα ταυτὶ παρὰ τῆς τύχης σχήματα ἔοικεν
τοῖς ἐν Διονύσου περιβλήμασιν. Τὸ μὲν γὰρ τῶν
ποιημάτων κάλλος ἓν καὶ ταυτόν, ἐάν τε δυνάστης ὁ
λέγων ᾖ, ἐάν τε οἰκέτης· αἱ δὲ χρεῖαι τῶν δραμάτων
μεταποιοῦσι τὰ σχήματα. Ὁ Ἀγαμέμνων τὸ σκῆπτρον
φέρει, ὁ βουκόλος διφθέραν, ὁ Ἀχιλλεὺς ὅπλα, Τήλεφος
ῥάκια καὶ θύλακον· ἀκροῶνται δὲ οἱ θεώμενοι
οὐδὲν μᾶλλον τοῦ Τηλέφου, ἢ τοῦ Ἀγαμέμνονος· ἀποτείνεται
γὰρ ἡ ψυχὴ ἐπὶ τὰ ποιήματα αὐτά, οὐ τὰς
τύχας τῶν λεγόντων. Νόμιζε δὴ κἀν τοῖς τῶν φιλοσόφων
λόγοις, τὸ μὲν καλὸν οὐκ εἶναι παντοδαπὸν
οὐδὲ διαπεφορημένον, ἀλλ´ ἓν καὶ αὐτὸ αὑτῷ παραπλήσιον·
τοὺς δὲ ἀγωνιστὰς αὐτούς, ἄλλον ἄλλῳ
σχήματι ὑπὸ τῆς τύχης περιβεβλήμενον, εἰσπέμπεσθαι
ἐπὶ τὴν σκηνὴν τοῦ βίου, Πυθαγόραν μὲν πορφυρᾷ
ἀμπισχόμενον, τρίβωνι δὲ Σωκράτην, Ξενοφῶντα δὲ
θώρακι καὶ ἀσπίδι, τὸν δὲ ἐκ τῆς Σινώπης ἀγωνιστήν,
κατὰ τὸν Τήλεφον ἐκεῖνον, βακτηρίᾳ καὶ θυλάκῳ. Συνετέλει
δὲ αὐτοῖς καὶ τὰ σχήματα αὐτὰ πρὸς τὴν
δραματουργίαν· καὶ διὰ τοῦτο ὁ μὲν Πυθαγόρας ἐξέπληττεν,
ὁ δὲ Σωκράτης ἤλεγχεν, ὁ δὲ Ξενοφῶν ἔπειθεν,
ὁ δὲ Διογένης ὠνείδιζεν. Ὦ μακάριοι μὲν τῶν
δραμάτων οἱ ὑποκριταί, μακάριοι δὲ τῶν ἀκουσμάτων
οἱ θεαταί. Τίς ἂν ἡμῖν καὶ νῦν ποιητὴς καὶ ἀγωνιστὴς
γένοιτο οὐκ ἀσχήμων, οὐδὲ ἄφωνος, ἀλλ´ ὁμιλεῖν
ἀξιόχρεως θεάτροις Ἑλληνικοῖς; Ζητῶμεν τὸν
ἄνδρα· τάχα που φανήσεται, καὶ φανεὶς οὐκ ἀτιμασθήσεται.
| [1,10] X. La pierre de touche du philosophe n'est donc ni son costume, ni son âge, ni sa
situation sous le rapport de la fortune. Ce sont les opinions, les principes, la manière
d'être sous le rapport de l'âme, qui seuls en constituent, en déterminent le vrai
caractère. Tout le reste dont la fortune fait les frais, ressemble aux décorations et aux
habits de théâtre pendant les fêtes de Bacchus. La beauté des ouvrages des poètes
est toujours une, toujours la même, que ce soit un Roi, que ce soit un esclave qui
parle. Le costume dépend des rôles. On donne à Agamemnon un sceptre, à un
homme des champs un gilet de peau, à Achille une armure, à Télèphe des haillons et
une besace. Les spectateurs ne prêtent pas plus d'attention à Agamemnon qu'à
Télèphe. L'âme embrasse le poème entier, et non point la situation isolée des
interlocuteurs. Qu'on pense de même que dans les discours des philosophes, ce qui
en fait le beau n'est ni cisaillé, ni morcelé, mais toujours un, mais toujours en cohésion
avec lui-même. Ceux qui entrent dans la carrière de la vie dont il est le but, s'y
présentent avec la diversité de costume dont la fortune les a revêtus. Tels on vit
Pythagore avec un habit de pourpre, Socrate avec un mauvais manteau, Xénophon
avec la cuirasse et le bouclier, le champion de Sinope, comme Télèphe, dont
nous parlions tout à l'heure, avec une besace et un, bâton. Leur costume même prêtait
à leurs rôles. En effet, Pythagore répandait l'admiration, Socrate le reproche,
Xénophon la docilité, et Diogène le sarcasme. O heureux les personnages de ces
drames ! heureux les spectateurs qui les entendirent en scène ! Où trouverons-nous
aujourd'hui un acteur et un personnage, non point de ceux dont le costume n'a rien
d'agréable, et qui sont condamnés aux rôles muets, mais de ceux qui auraient pu se
présenter sur le théâtre des Grecs ? Cherchons-le, peut-être le trouverons-nous
quelque part, et si cela nous arrive, il n'aura point à se plaindre d'avoir été dédaigné.
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