[1,6] Πάλιν αὖ μοι δεῖ τῆς τῶν ἀθλητῶν εἰκόνος. Ἐκείνων
μέν γε εὔξαιτ´ ἂν ἕκαστος μηδένα ἀγωνιστὴν
ἄλλον παρελθεῖν ἐπὶ τὸ στάδιον, ἀλλ´ ἀκονιτεὶ νικᾶν
αὐτάς· δεῖ γὰρ νικᾶν ἐκ πολλῶν ἕνα· ἐνταῦθα δὲ
οὗτος μάλιστα τῶν ἀγωνιστῶν νικηφόρος, ὃς ἂν πολλοὺς
ἐπὶ τὴν ἀγωνίαν παρακαλέσῃ. Εἰ γάρ, ὦ θεοί, ἐμῶν
θεατῶν γένοιτό τις συναγωνιστής, ἐμοὶ ἐπὶ ταυτησὶ
τῆς ἕδρας συγκονιούμενος καὶ συμπονῶν, ἐγὼ τότε
εὐδοκίμως στεφανοῦμαι, τότε κηρύττομαι, τότ´, ἐν τοῖς
Πανέλλησιν. Ἕως δὲ νῦν, ἀστεφάνωτος εἶναι ὁμολογῶ
καὶ ἀκήρυκτος, κἂν ὑμεῖς βοᾶτε. Τί γὰρ ἐμοὶ ὄφελος
τῶν πολλῶν λόγων καὶ τῆς συνεχοῦς ταύτης ἀγωνίας;
ἔπαινοι; ἅλις τούτων· ἔχω δόξαν, διακορής εἰμι τοῦ
χρήματος· τὸ δὲ ὅλον, ἐπαινεῖ τὶς λόγους καὶ οὐ λέγει,
φωνὴν ἔχων, ἀκοὴν ἔχων; ἐπαινεῖ τὶς φιλοσοφίαν καὶ
οὐ λαμβάνει, ψυχὴν ἔχων, διδάσκαλον ἔχων; γέγονεν
τοίνυν τὸ χρῆμα οἷον αὐλήματα ἢ κιθαρίσματα, ἢ εἴ
τις ἄλλη ἐν Διονύσου μοῦσα τραγική τις καὶ κωμῳδική·
ἐπαινοῦσιν μὲν πάντες, μιμεῖται δὲ οὐδείς.
| [1,6] VI. J'ai besoin encore de cette allégorie des athlètes. Chacun d'eux désirerait que
nul compétiteur ne se présentât avec eux dans l'arène. Il voudrait vaincre sans se
couvrir de poussière. Car entre plusieurs, la victoire ne peut appartenir qu'à un seul.
Dans les autres combats au contraire le comble de la gloire est d'attirer à soi un grand
nombre de concurrents. Car, si les Dieux faisaient que quelqu'un de ceux qui
m'écoutent se lançât à côté de moi dans la même carrière, et que dans la même arène
il vînt se couvrir de la même poussière, et se livrer aux mêmes efforts, c'est alors
que j'acquerrais de la gloire, c'est alors que je ceindrais mon front de couronnes, c'est
alors que je serais proclamé avec honneur dans toute la Grèce.
Mais j'avoue que jusqu'à ce jour, je n'ai obtenu ni couronne, ni proclamation de ce
genre, de quelques applaudissements que je sois d'ailleurs honoré. Car quel fruit ai-je
recueilli de tant de discours, et de ma continuelle assiduité dans la carrière? Des
éloges ? j'en ai assez. De la gloire ? j'en suis rassasié. En un mot, loue-t-on l'art
oratoire, sans en faire usage, lorsqu'on a de la voix et des oreilles ? Loue-t-on la
philosophie sans en pratiquer les leçons, lorsqu'on a une âme à morigéner, et un
maître pour remplir cette tâche ? Mais il en est comme de ces belles choses dont la
flûte, ou la guitare, ou toute autre harmonie musicale, relève l'éclat, dans les
représentations de tragédie, ou de comédie, aux fêtes de Bacchus ; tout le monde les
couvre d'éloges, et personne ne les imite.
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