[1,4] Ἀθλητῇ μὲν γάρ ἐστιν Ὀλυμπιάσιν ἀγωνισαμένῳ
ἀμελῆσαι τοῦ Ἰσθμοῦ· καίτοι κἀνταῦθα ἐπονείδιστος ἡ
ῥᾳθυμία· καὶ οὐκ ἀνέχεται ἡ φιλότιμος ψυχὴ ῥᾳστώνης
πόθῳ τὸ μὴ διὰ πάντων ἐλθεῖν, καὶ μετασχεῖν μὴ
κοτίνου μόνον Ὀλυμπιάσιν, ἀλλὰ καὶ πίτυος Ἰσθμικῆς
καὶ σελίνου Ἀργολικοῦ καὶ μήλων Πυθικῶν·
καὶ ταῦτα οὐκ αὐτὴ ἔχουσα ἡ ψυχὴ τὴν αἰτίαν τῆς
ἀγωνίας, ἀλλὰ διὰ τὴν συνοίκησίν τε καὶ πρὸς τὸ
σῶμα ὁμιλίαν συναπολαύουσα τῆς νίκης αὐτῷ καὶ τῶν
κηρυγμάτων· ὅπου δὲ καὶ ὁ πόνος τῆς ψυχῆς αὐτῆς
καὶ τὸ ἀγώνισμα τῆς ψυχῆς μόνης, καὶ νίκη μόνης, ἐνταῦθα
παρόψεταί τινα ἀγῶνος καιρὸν καὶ ῥᾳθυμήσει
ἑκοῦσα; ὅπου μήτε μῆλα μήτε κότινος τὸ ἆθλον, ἀλλ´
ἀντὶ τούτων ὡραιότερον μὲν πρὸς φιλοτιμίαν, ἀνυσιμώτερον
δὲ τοῖς θεαταῖς πρὸς ὠφέλειαν, εὐδρομώτερον
δὲ τῷ λέγοντι πρὸς πίστιν βίου. Οἱ δὲ καιροὶ
τῆς ἀγωνίας καὶ οἱ τόποι ἄλλοτε ἄλλοι ἄφνω κηρυττόμενοι
καὶ ἀθροίζοντες πανδημεὶ Ἑλληνικὸν αὐτόκλητον
καὶ αὐτεπάγγελτον καὶ ξυνιὸν οὐκ ἐφ´ ἡδονῇ
ὀφθαλμῶν, ἀλλὰ ἀρετῆς ἐλπίδι, ὅπερ οἶμαι τῇ τοῦ ἀνθρώπου
ψυχῇ ἡδονῆς συγγενέστερον. Ἰδεῖν γοῦν
ἐστιν ἐπὶ μὲν τὰς ἄλλας θέας, ὁπόσαι ῥώμης ἢ τέχνης
σωμάτων, ἀφικνουμένους σπουδῇ οὐδένα τῶν θεατῶν
ὡς τὸ θέαμα ζηλώσαντα ἢ μιμησόμενον· ἀλλ´ ἐκεῖ
μὲν ἐξ ἀλλοτρίων πόνων τὰς ἡδονὰς τοῖς ὀφθαλμοῖς
ἐρανιζόμεθα, καὶ ἐκ μυρίων θεατῶν οὐδεὶς ἂν εὔξαιτο
εἷς εἶναι τῶν ἐν μέσῳ τῷ σταδίῳ κονιωμένων ἢ θεόντων,
ἢ ἀγχόντων, ἢ ἀγχομένων, ἢ τυπτομένων, πλὴν εἴ
που τὶς ἀνδραποδώδης ψυχή· ἐνταῦθα δὲ τοσοῦτον
οἶμαι καὶ τὴν ἀγωνίαν τήνδε ἐκείνης τῆς ἀγωνίας φιλοτιμοτέραν
εἶναι, καὶ τοὺς πόνους τῶν πόνων ἀνυσιμωτέρους,
καὶ τὸ θέατρον τοῦ θεάτρου συμπαθέστερον,
ὥστε οὐδεὶς τῶν παρόντων νοῦν ἔχων οὐκ ἂν εὔξαιτο
ἀποθέμενος τὸν θεατὴν ἀγωνιστὴς γενέσθαι.
| [1,4] IV. Un athlète qui a combattu dans les Jeux Olympiques peut dédaigner les Jeux
Isthmiques. Dans ce cas-là même, on ne laisse pas de lui reprocher sa nonchalance.
Une âme qui a l'amour de la gloire ne supporte point la paresse. Elle ne renonce point
au désir de s'illustrer dans toutes les occasions; elle ambitionne non seulement la
couronne d'olivier d'Olympie, mais encore la couronne de pin des Jeux Isthmiques, la
couronne d'ail des Jeux de l'Argolide, et la couronne de pommier des Jeux Pythiques ;
et cela, non que l'âme soit personnellement intéressée dans ces combats, mais elle
habite avec le corps, elle est avec lui dans des relations si étroites, qu'elle est sensible
aux acclamations dont il est l'objet, qu'elle jouit de sa victoire. Et dans les choses où
l'âme est proprement intéressée, dans les combats où le rôle est tout entier pour elle,
où la victoire n'appartient qu'à elle seule, elle laissera échapper l'occasion d'acquérir
de la gloire, elle s'abandonnera spontanément à l'indolence, lorsque ce n'est ni de
rameaux d'olivier, ni de branches de pommier qu'elle doit être couronnée, mais lorsque
le prix qui l'attend est bien plus propre par son éclat à flatter son ambition, à frapper les
regards des spectateurs sous le rapport de l'utilité, et à faire marcher avec plus de
sécurité dans la carrière de la vie celui qui l'obtient ! Dans ces combats, les
circonstances, les lieux, varient. Quelquefois on les proclame à l'improviste. La Grèce
ne s'y réunit pas de son pur mouvement. Elle ne s'y rassemble pas sans y être
convoquée. On ne vient point s'y repaître d'une vaine volupté. On s'y engage dans
l'espérance d'y recueillir la vertu, ce qui a bien plus de rapport avec l'âme de l'homme
que la volupté. Dans les autres combats, on voit en quoi consistent ceux qui ont pour
objet la force et les autres dons du corps, et on y remarque que dans la foule des
spectateurs qui ont mis de l'intérêt à s'y rendre, il n'en est pas un seul qui songe à se
piquer d'émulation, et à imiter ce qu'il voit. C'est dans la critique situation d'autrui que
les yeux puisent les plaisirs qu'ils y goûtent ; et dans la multitude de ceux qui assistent
au spectacle, il n'est personne qui voulût être du nombre de ceux qui se couvrent de
poussière, qui courent, qui froissent, qui sont froissés, qui succombent sous les coups
au milieu de l'arène, à moins d'avoir une âme d'esclave. Au lieu que les combats de
l'âme me paraissent d'autant plus nobles que les autres combats, au lieu que les
fatigues auxquelles on s'y livre me paraissent d'autant plus utiles que les autres
fatigues, au lieu que l'intérêt des spectateurs me paraît d'autant plus vif en faveur des
athlètes, qu'il n'est aucun de ceux qui sont témoins de ce qui s'y passe, s'il a une
raison saine, qui ne désire de quitter son rôle, et de se mettre au nombre des
combattants.
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