HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, I

Chapitre 3

  Chapitre 3

[1,3] Εἰ δὲ διὰ βίου τάξις μία καὶ εἶδος ἕν, ἑνὸς ἔδει λόγου καὶ ἤθους ἑνός· νῦν δὲ ἀοιδοῦ μὲν πρὸς κιθάραν μινυρίζοντος καιρὸς εἷς, ἐπειδὰν πλήθωσιν αἱ τράπεζαι σίτου καὶ κρειῶν, μέθυ δ´ ἐκ κρητῆρος ἀφύσσων οἰνοχόος προχέῃσιν· καὶ ῥήτορος καιρὸς εἷς, ἐπειδὰν ἀθροισθῇ τὰ δικαστήρια· καὶ ποιητοῦ καιρὸς ἐν Διονυσίοις, ἐπειδὰν χοροῦ δέῃ· τῷ δὲ φιλοσόφῳ λόγῳ οὐδεὶς ἀποτέτμηται καιρὸς ἴδιος, ἀλλὰ συμπέφυκεν ἀτεχνῶς τῷ βίῳ καὶ ἀνακέκραται, καθάπερ τοῖς ὀφθαλμοῖς τὸ φῶς· τίς γὰρ ἂν ἐπινοήσαι ὀφθαλμοῦ ἔργον, ἀφελὼν τὸ φῶς; Ἀλλ´ ὄψις μὲν ἤδη καὶ ἐν νυκτὶ θαρσεῖ, ἀμβλὺ μὲν ὁρῶσα, εἰκάζουσα δὲ ἐν τῷ ἀφανεῖ τὴν χειραγωγίαν· τοῦ δὲ τῶν ἀνθρώπων βίου ἂν ἀφέλῃς λόγον, οἰχήσεται κατὰ κρημνῶν τινῶν πονηρὰς καὶ ἀσαφεῖς ὁδοὺς καὶ τραχείας, οἵας ὁδοὺς καὶ τὸ βαρβαρικὸν ἔρχεται, ὅσον αὐτοῦ μὴ μετέσχεν λόγου, τὸ μὲν ληϊζόμενον, τὸ δὲ μένον, τὸ δὲ μισθοφοροῦν, τὸ δὲ πλανώμενον. Ἀλλ´ αἰπολίου μὲν ἂν ἀποστήσας τὸν ποιμένα καὶ ἀφελὼν τὴν σύριγγα, διέλυσας τὸ αἰπόλιον· τῆς δὲ τῶν ἀνθρώπων ἀγέλης ἐὰν ἀποστήσῃς τὸν ἡγεμόνα τοῦτον καὶ συναγωγέα λόγον, τί ἄλλο δράσεις; λυμαίνῃ καὶ διαλύεις ἀγέλην ἥμερον μὲν τὴν φύσιν, δυσπειθῆ δὲ ὑπὸ πονηρᾶς τροφῆς, καὶ δεομένην ποιμένος μουσικοῦ, μὴ μάστιγι μηδὲ κέντρῳ κολάζοντος αὐτῶν τὴν ἀπείθειαν. Παραπλήσιόν μοι γὰρ δοκεῖ δρᾶν, ὅστις οὐκ ἀξιοῖ τὸν φιλόσοφον μηδένα παριέναι καιρὸν λόγου, οἷον εἴ τις καὶ ἀνδρὶ δεινῷ τὰ πολέμια, ἀγαθῷ μὲν ὁπλιτεύειν, ἀγαθῷ δὲ ἑκηβολεῖν καὶ ἐφ´ ἵππου καὶ ξὺν ἅρματι, ἀποκρίναι καιρὸν ἕνα ἐξελόμενος τῆς ὅλης τοῦ πολέμου χρείας καὶ τύχης, πράγματος οὐχ ἑστῶτος οὐδ´ ὡμολογημένου. [1,3] III. Si la vie n'avait qu'une même marche, qu'une même manière d'être, il ne faudrait qu'une seule règle, qu'un identique plan de conduite. Mais il n'est qu'un moment unique marqué pour le musicien qui sait marier les doux accents de sa voix aux tendres sons de la guitare, c'est celui où les tables regorgent « de mets et de vins, et où les échansons versent à boire à la ronde ». II n'est qu'un moment unique marqué pour l'orateur, c'est celui où le tribunal qui doit l'entendre est en séance. Il n'est qu'un moment unique marqué pour le poète dramatique, c'est celui où dans les fêtes de Bacchus on demande un chœur. Au lieu que les discours philosophiques n'ont aucun moment propre qui leur ait été spécialement assigné. Ils s'appliquent à tous les moments de la vie. Ils en embrassent toutes les circonstances. Il en est comme de la lumière, à l'égard des yeux. Car, quelle fonction imaginerait-on que pussent remplir les yeux, si on ôtait la lumière ? Encore même les yeux aident-ils à quelque chose en pleine nuit. A peine discernent-ils les objets les uns des autres ; ils ont néanmoins comme la main leur tâtonnement au milieu des ténèbres. Tandis que, si on ôte à la vie humaine la droite raison destinée à la guider, elle se jettera au travers de routes, inconnues, scabreuses, funestes, qui la conduiront dans des précipices : routes, auxquelles ne peuvent point s'arracher, tant qu'ils demeurent étrangers aux principes de la droite raison, les Barbares, sans cesse livrés au brigandage, à l'impudicité, aux affections mercenaires, aux égarements de tout genre. Éloignez d'un troupeau de chèvres le berger, ôtez au berger son flageolet, vous dispersez le troupeau. Si vous ôtez à l'espèce humaine cette droite raison qui doit lui servir de régulateur et de guide, que faites-vous autre chose que jeter dans le désordre et la perdition des êtres d'une aménité naturelle, mais qu'une mauvaise éducation pervertit facilement, et qui demandent à être gouvernés avec ordre et mesure, sans que pour châtier leur indocilité ou réprimer leurs écarts, on se serve ou d'aiguillons, ou de verges. Ceux donc qui ne pensent pas qu'il n'y a pas un seul moment où le philosophe n'ait occasion de faire usage des principes de la droite raison, ressemblent à peu près à ceux qui prescriraient à un guerrier habile dans tous les détails du métier de la guerre, également propre à combattre au milieu de l'infanterie, ou parmi les troupes légères, à cheval, ou sur un char, de ne charger son ennemi qu'à une époque déterminée, sans avoir égard aux accidents, aux conjonctures de tout genre, que produit la guerre, la chose du monde la plus féconde en vicissitudes, et sur les règles de laquelle on est le moins unanime.


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Dernière mise à jour : 20/12/2007