HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Maxime de Tyr, Dissertations, I

Chapitre 2

  Chapitre 2

[1,2] Ἀλλ´ ἐπεὶ ᾠδῆς μὲν καὶ τῆς ἐκ μελῶν ψυχαγωγίας ὀλίγη τοῖς ἀνθρώποις χρεία· δεῖ δέ τινος ἄλλης μούσης ἀνδρικωτέρας, ἣν Ὅμηρος μὲν Καλλιόπην ὀνομάζων χαίρει, Πυθαγόρας δὲ φιλοσοφίαν, ἄλλος δὲ ἴσως ἄλλό τι· τὸν τῇ μούσῃ ταύτῃ κάτοχον ἄνδρα καὶ λόγον ἄρα ἧττον ἐκείνων τῶν ᾠδικῶν ἡρμόσθαι δεῖ πολυφώνως τὲ καὶ πολυτρόπως, σώζοντα μὲν ἀεὶ τὸ τῶν ποιημάτων κάλλος, μηδέποτε δὲ ὑπ´ ἀφωνίας ἐκπληττόμενον. Εἰ μὲν γάρ ἐστίν τις χρόνος βίου ἐν τῷ μακρῷ τούτῳ καὶ διηνεκεῖ αἰῶνι ἀδεὴς φιλοσόφου λόγου, οὐθὲν δεῖ τῆς πολυμεροῦς ταύτης καὶ πολυτρόπου μούσης τὲ καὶ ἁρμονίας, εἴπερ τὰ ἀνθρώπινα εἰς ἓν σχῆμα συνταχθέντα ὁμοίως πρόεισιν, οὔτε εἰς λύπας ἐξ ἡδονῆς, οὔτε εἰς ἡδονὴν ἐκ λύπης μεθιστάμενα, οὔτε πάθος ἀμείβοντα ἐκ πάθους, οὔτε ἄνω καὶ κάτω στρέφοντα καὶ μεταβάλλοντα τὴν ἑκάστου γνώμην· τοῖος γὰρ νόος ἐστὶν ἐπιχθονίων ἀνθρώπων, οἷον ἐπ´ ἦμαρ ἄγῃσι πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε· ἀντίστροφα γὰρ ὑπὲρ τῶν ἀνθρωπίνων βουλεύεται τὸ δαιμόνιον, καὶ ἔστιν αὐτῶν ἐφήμερος φύσις. Ὧσπερ οὖν τῶν ποταμῶν, οὓς ἀφιᾶσιν αἱ ἀέναοι πηγαί, τὸ μὲν ὄνομα ἕν, Σπερχειὸς Ἀλφειὸς ἄλλό τι, ἀμείβουσα δὲ γένεσις τὸ ἐπιὸν πρὸς τὸ οἰχόμενον ἐξαπατᾷ τὴν ὄψιν τῇ συνεχείᾳ τῆς φορᾶς, ὡς ἑνὸς ὄντος ποταμοῦ διηνεκοῦς καὶ ἡνωμένου· οὕτω καὶ τῶν ἀνθρωπίνων πραγμάτων ὥσπερ ἐκ πηγῆς ἀενάου ῥεῖ γένεσις καὶ χορηγία, ὀξέως μὲν καὶ μετὰ ἀμηχάνου τάχους, ἀνεπαίσθητος δὲ φορά· καὶ ἐξαπατᾶται λογισμός, ὥσπερ ἐπὶ τοῦ ποταμοῦ ὄψις, καὶ καλεῖ βίον ἕνα καὶ τὸν αὐτόν, τὸ δέ ἐστιν χρῆμα πολύμορφον καὶ παντοδαπόν, πολλαῖς μὲν τύχαις, πολλοῖς δὲ πράγμασιν, πολλοῖς δὲ καιροῖς ἀλλοιούμενον· ἐπιτέτακται δὲ αὐτῷ λόγος, σχηματιζόμενος ἀεὶ τοῖς παροῦσιν, ὥσπερ ἰατροῦ τέχνη ἐπὶ σώματι οὐχ ἑστῶτι, ἀλλὰ φερομένῳ ἄνω καὶ κάτω, καὶ ὑπὸ κενώσεως καὶ πλησμονῆς κυκωμένῳ, οἰκονομοῦσα αὐτοῦ τὴν ἔνδειαν καὶ τὸν κόρον. Τοῦτο καὶ τῷ τῶν ἀνθρώπων βίῳ τῶν φιλοσόφων δύναται λόγος, ξυναρμοζόμενος τοῖς πάθεσιν καὶ πεπαίνων μὲν τὰ σκυθρωπά, συνευφημῶν δὲ τοῖς φαιδροτέροις. [1,2] II. Mais, puisque les hommes font peu d'usage de la musique, et qu'ils sont peu sensibles aux affections attrayantes que l'âme en reçoit, puisqu'il leur faut une autre muse plus digne d'eux, sous le nom de Calliope, pour parler le langage d'Homère, sous le nom de Philosophie, pour parler le langage de Pythagore, ou sous tout autre nom ; les Auteurs et leurs ouvrages, dirigés par l'influence de cette muse, doivent-ils être moins capables que les musiciens de se prêter à cette variété d'harmonie, à cette diversité de tons qui lui sont propres, sans porter jamais atteinte à la beauté de ses inspirations, et en même temps sans se laisser déconcerter, ni réduire au silence ? Car, si dans le cours étendu, si dans la longue durée de la vie, il est quelques intervalles auxquels les principes de la philosophie ne soient point nécessaires, nous n'avons nul besoin de cette muse capable de se prêter à divers accents, de cette harmonie susceptible de varier ses modulations. Il en serait de même, si les choses humaines allaient toujours le même train, sous une forme unique, si elles n'établissaient point d'alternative, de la volupté à la douleur, et de la douleur à la volupté, si elles ne formaient point entre les passions une réciprocité de succession et de correspondance, si elles ne bouleversaient pas, si elles ne mettaient pas sens dessus dessous les têtes de chacun des hommes, « car chaque jour les pensées des mortels sont ce que le père des mortels et des immortels veut qu'elles soient». Il est dans le décret des Dieux que les choses humaines soient dans un état continuel de vicissitudes, et que chaque manière d'être n'ait qu'une durée éphémère. De même que les fleuves qui prennent leur origine dans des sources qui coulent continuellement, n'ont qu'un nom unique, tels que le Sperchius, l'Alphée, ou tout autre; et que la succession de leurs eaux qui se remplacent et se renouvellent sans cesse en impose aux yeux par la continuité du courant, comme s'il restait toujours le même sans se mouvoir ; de même les choses humaines naissent, se suivent, comme si elles émanaient d'une source intarissable. Elles marchent avec une célérité vive et désordonnée. Leur cours est insensible. Elles produisent sur les yeux de l'esprit la même illusion que l'aspect des fleuves sur les yeux du corps ; et la raison appelle tout cela une seule et même vie. C'est néanmoins une chose très diverse, très variée, modifiée par une infinité d'accidents, de conjonctures, de circonstances. A la vérité, elle a été soumise à l'empire de la raison, qui s'accommode toujours au présent : semblable à un médecin habile vis-à-vis d'un corps qui n'a point de consistance, qui se porte d'une extrémité à l'autre, qui se jette tour à tour dans les excès de la satiété ou de l'inanition, et qu'il doit gouverner de manière à prévenir l'une et l'autre. Telle est la fonction des principes de la philosophie à l'égard de la vie de l'homme ; ils se mettent en harmonie avec les passions, ils mitigent ce qu'elles ont de hideux, ils applaudissent à ce qu'elles ont d'agréable.


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Dernière mise à jour : 20/12/2007