[1,1] Τί δήποτε οἱ ἐν Διονύσου τὰ δράματα ὑποκρινόμενοι,
νῦν μὲν τὰς τοῦ Ἀγαμέμνονος ἱέντες φωνάς, νῦν
δὲ τὰς τοῦ Ἀχιλλέως, καὶ αὖθις Τήλεφόν τινα ὑποδυόμενοι
ἢ Παλαμήδην ἢ ἄλλ´ ὅ, τι περ ἂν τὸ δρᾶμα
ἐθέλῃ, οὐδὲν πλημμελὲς οὐδὲ ἔξω τρόπου νομίζονται
ποιεῖν, ἄλλοτε ἄλλοι φαινόμενοι οἱ αὐτοί· εἰ δέ τις τὰ
μὲν τῷ Διονύσου φυλάττει τὴν παιδιὰν καὶ τῷ θεάτρῳ,
ἡγεῖται δέ τι εἶναι αὐτῷ δρᾶμα πολιτικόν, οὐκ
ἰαμβείων τινῶν, μὰ Δία, πρὸς ἕνα ἑορτῆς καιρὸν ὑπὸ
ποιητοῦ τέχνης συντεθέντων, οὐδὲ ᾀσμάτων χορῷ ἐς
ἁρμονίαν συνταχθέντων, ἀλλὰ τῆς περὶ τὸν βίον πραγματείας,
ὅπερ ἂν εἴη τῷ φιλοσόφῳ δρᾶμα, ἀληθέστερον
μὲν τῇ ὑποθέσει, διηνεκὲς δὲ τῷ χρόνῳ, διδασκόμενον
δὲ ὑπὸ ποιητῇ τῷ θεῷ, κᾆτα τὶς τὸ δρᾶμα τοῦτο
ὑποδυόμενος, καὶ τάξας ἑαυτὸν πρωταγωνιστὴν τοῦ
χοροῦ, φυλάττοι μὲν τὸ τῶν ποιημάτων ἀξίωμα, σχηματίζοιτο
δὲ τῷ ἤθει τοῦ λόγου πρὸς τὴν φύσιν τῶν
πραγμάτων, ὧν δραματουργεῖ ὁ θεός· ἆρ´ ἄν τις ἡγήσαιτο
τοῦτον πλημμελῆ καὶ πολύφωνον, καὶ οἷον τὸν
Πρωτέα διηγεῖται Ὅμηρος ἥρω θαλάττιον, πολύμορφόν
τινα καὶ παντοδαπὸν τὴν φύσιν; ἢ καθάπερ εἰ μουσικῆς
τέχνης καὶ δυνάμεως τοῖς ἀνθρώποις ἔδει πρὸς
εὐδαιμονίαν, οὐθεὶς ἂν δήπου λόγος ἦν ἀνδρὸς πρὸς
μὲν τὸν Δώριον τρόπον ἡρμοσμένου καλῶς, εἰ δέ που
ἐδέησεν Ἰάστιον ἁρμόσασθαι, ἢ κᾆτα τὸ Αἰόλιον
ἦθος, ἀφώνου γιγνομένου ἐν τῇ πολυφωνίᾳ τῆς τέχνης.
| [1,1] QUOI donc ! ceux qui représentent les pièces de théâtre dans les fêtes de
Bacchus, lorsqu'ils prennent tantôt le rôle d'Agamemnon, tantôt celui d'Achille,
lorsqu'ils jouent tantôt le personnage de Télèphe, tantôt celui de Palamède, ou tout
autre quelconque, selon que le drame l'exige, ne sont censés rien faire ni contre les
bienséances, ni contre les mœurs, quoique les mêmes individus se montrent sous des
formes si variées : et si, mettant à part ces divertissements, ces jeux de théâtre, et les
renfermant dans le cercle de ce qui appartient aux fêtes, nous réfléchissons qu'il est
un drame politique où nous avons un rôle à jouer ; non point un drame en vers ïambes
qu'un poète ait habilement composé à l'unique occasion de quelque fête ; ni en
musique dont un chœur doive faire briller l'harmonie ; mais le drame de tous les
événements de la vie que le philosophe regarde comme plus vrai sous le rapport du
sujet, comme plus long sous le rapport de la durée, et d'ailleurs comme l'ouvrage et la
leçon des Dieux mêmes ; si ensuite nous disposant à figurer dans ce drame, et nous
plaçant à la tête du chœur, nous gardons les bienséances des situations, nous
n'offrons que le caractère, nous ne parlons que le langage, convenables à la nature de
l'action dramatique dont les Dieux eux-mêmes ont tracé le plan ; nous reprochera-t-on
d'être incohérents, de faire plusieurs personnages, de ressembler à ce Protée dont
parle Homère, à ce héros marin, qui se métamorphosait de tant de manières ? Ou
bien en est-il comme de la supposition où il faudrait que les hommes, pour être
heureux, fussent musiciens de profession et en même temps susceptibles des
impressions musicales ; comme de la supposition où l'on ne ferait nulle part nul cas
d'un musicien, capable à la vérité de briller seul dans le mode dorien, mais qui resterait
muet s'il s'agissait de faire aller ensemble plusieurs parties, et de mettre en harmonie
le ton ïastien avec le ton aeolien ?
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