HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Marc-Aurèle, Pensées, livre IV

Pensées 30-34

  Pensées 30-34

[4,30] 30. Τὸ τεχνίον ἔμαθες φίλει, τούτῳ προσαναπαύου· τὸ δὲ ὑπόλοιπον τοῦ βίου διέξελθε ὡς θεοῖς μὲν ἐπιτετροφὼς τὰ σεαυτοῦ πάντα ἐξ ὅλης τῆς ψυχῆς, ἀνθρώπων δὲ μηδενὸς μήτε τύραννον μήτε δοῦλον σεαυτὸν καθιστάς. [4,30] XXX. Plais-toi au pauvre métier que tu as appris, et sache t’en contenter et t’y tenir ; et, pour tout le reste dans la vie, supporte-le comme un homme qui, du fond de l’âme, a remis aux Dieux le soin de tout ce qui le regarde, et ne veut se faire le maître ni l’esclave de qui que ce soit.
[4,31] 31. Ἐπινόησον λόγου χάριν τοὺς ἐπὶ Οὐεσπασιανοῦ καιρούς, ὄψει τὰ αὐτὰ πάντα· γαμοῦντας, παιδοτροφοῦντας, νοσοῦντας, ἀποθνῄ σκοντας, πολεμοῦντας, ἑορτάζοντας, ἐμπορευομένους, γεωργοῦντας, κολακεύοντας, αὐθαδιζομένους, ὑποπτεύοντας, ἐπιβουλεύοντας, ἀποθανεῖν τινας εὐχομένους, γογγύζοντας ἐπὶ τοῖς παροῦσιν, ἐρῶντας, θησαυρίζοντας, ὑπατείας, βασιλείας ἐπιθυμοῦντας· οὐκοῦν ἐκεῖνος μὲν τούτων βίος οὐκ ἔτι οὐδαμοῦ. Πάλιν ἐπὶ τοὺς καιροὺς τοὺς Τραιανοῦ μετάβηθι· πάλιν τὰ αὐτὰ πάντα· τέθνηκε κἀκεῖνος βίος. Ὁμοίως καὶ τὰς ἄλλας ἐπιγραφὰς χρόνων καὶ ὅλων ἐθνῶν ἐπιθεώρει καὶ βλέπε, πόσοι κατενταθέντες μετὰ μικρὸν ἔπεσον καὶ ἀνελύθησαν εἰς τὰ στοιχεῖα· μάλιστα δὲ ἀναπολητέον ἐκείνους, οὓς αὐτὸς ἔγνως κενὰ σπωμένους, ἀφέντας ποιεῖν τὸ κατὰ τὴν ἰδίαν κατασκευὴν καὶ τούτου ἀπρὶξ ἔχεσθαι καὶ τούτῳ ἀρκεῖσθαι. Ἀναγκαῖον δὲ ὧδε τὸ μεμνῆσθαι, ὅτι καὶ ἐπιστροφὴ καθ ἑκάστην πρᾶξιν ἰδίαν ἀξίαν ἔχει καὶ συμμετρίαν· οὕτως γὰρ οὐκ ἀποδυςπετήσεις, ἐὰν μὴ ἐπὶ πλέον προσῆκε περὶ τὰ ἐλάσσω καταγίνῃ. [4,31] XXXI. Songe un peu, pour prendre cet exemple entre tant d’autres, au temps de Vespasien. Voici tout ce que tu y verras : On se marie, on élève ses enfants, on est malade, on meurt, on fait la guerre, on est en fête, on trafique, on cultive, on flatte, on a de l’arrogance, on a des soupçons, on dresse des embûches, on ourdit la perte de ses ennemis, on se plaint de l’état où l’on est, on fait l’amour, on amasse de l’argent, on brigue le consulat, on recherche la couronne ; eh bien ! cette existence que menaient tous les gens de ce temps a disparu complètement. Passe si tu le veux au temps de Trajan ; c’est toujours la même chose, et son monde a cessé d’exister, comme a cessé l’autre. Considère si tu le veux encore les souvenirs de tous les autres temps, le souvenir de nations entières ; vois quelle multitude d’êtres humains sont tombés après quelques efforts passagers et se sont dissous dans les éléments matériels. Surtout rappelle-toi ceux que tu as vus toi-même s’épuiser en vains projets, négligeant d’accomplir ce qu’exigeait leur condition particulière, oubliant de s’y tenir opiniâtrement et de s’en contenter. Une autre chose non moins nécessaire, c’est de te souvenir que chacun des actes auxquels on se livre a son mérite propre et son harmonie avec le tout. En prenant ainsi les choses, tu n’auras jamais de mécomptes, puisque tu n’auras pas donné à des choses inférieures plus de prix qu’elles n’en ont réellement.
[4,32] 32. Αἱ πάλαι συνήθεις λέξεις γλωσσήματα νῦν· οὕτως οὖν καὶ τὰ ὀνόματα τῶν πάλαι πολυυμνήτων νῦν τρόπον τινὰ γλωσσήματά ἐστιν· Κάμιλλος, Καίσων, Οὐόλεσος, Δεντάτος, κατ ὀλίγον δὲ καὶ Σκιπίων καὶ Κάτων, εἶτα καὶ Αὔγουστος, εἶτα καὶ Ἁδριανὸς καὶ Ἀντωνῖνος· ἐξίτηλα γὰρ πάντα καὶ μυθώδη ταχὺ γίνεται, ταχὺ δὲ καὶ παντελὴς λήθη κατέχωσεν. Καὶ ταῦτα λέγω ἐπὶ τῶν θαυμαστῶς πως λαμψάντων· οἱ γὰρ λοιποὶ ἅμα τῷ ἐκπνεῦσαιἄιστοι, ἄπυστο”. Τί δὲ καὶ ἔστιν ὅλως τὸ ἀείμνηστον; Ὅλον κενόν. Τί οὖν ἐστι περὶ δεῖ σπουδὴν εἰσφέρεσθαι; Ἓν τοῦτο· - διάνοια δικαία καὶ πράξεις κοινωνικαὶ καὶ λόγος, οἷος μήποτε διαψεύσασθαι, καὶ διάθεσις ἀσπαζομένη πᾶν τὸ συμβαῖνον ὡς ἀναγκαῖον, ὡς γνώριμον, ὡς ἀπ ἀρχῆς τοιαύτης καὶ πηγῆς ῥέον. [4,32] XXXII. Les mots qui naguère étaient compris de tout le monde ont aujourd’hui besoin d’explications. Il en est de même des noms qui jadis étaient les plus illustres, et qui à cette heure ont aussi besoin en quelque sorte qu’on les explique. Camille, Céson, Volésus, Léonnatus, et, peu de temps après eux, Scipion, et Caton, puis ensuite Auguste, et ensuite encore Adrien et Antonin, tous ces noms s’effacent pour passer bientôt à l’état de légendes. Le plus parfait oubli les a bien vite submergés. Encore, je ne parle ici que de ceux qui ont jeté, on peut dire, un éclat prodigieux. Car, pour les autres, a peine ont-ils rendu le dernier soupir : « On ne les connaît plus, on ne s’en inquiète plus. » Qu’est-ce donc après tout même que cette éternelle mémoire ? Une pure vanité. Alors à quoi donc devons-nous appliquer nos soins ? A une seule chose, et la voici : Pensée dévouée à la justice ; activité consacrée au bien commun ; disposition à aimer tout ce qui nous arrives comme chose nécessaire, comme chose familière, qui découle du principe et de la source d’où nous venons nous-mêmes.
[4,33] 33. Ἑκὼν σεαυτὸν τῇ Κλωθοῖ συνεπιδίδου παρέχων συννῆσαι οἷστισί ποτε πράγμασι βούλεται. [4,33] XXXII Abandonne-toi de ton plein gré à l’empire de Clotho, l’aidant à tisser la trame de tous les événements qu’il lui plaira de t’envoyer.
[4,34] 34. Πᾶν ἐφήμερον, καὶ τὸ μνημονεῦον καὶ τὸ μνημονευόμενον. [4,34] XXXIV. Tout est éphémère, et l’être qui se souvient des choses, et la chose dont il se souvient.


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Dernière mise à jour : 26/08/2009