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[4,25] 25.
Ἑώρακας ἐκεῖνα, ἴδε καὶ ταῦτα. Σεαυτὸν μὴ τάρασσε· ἅπλωσον σεαυτόν. Ἁμαρτάνει τις; Ἑαυτῷ ἁμαρτάνει. Συμβέβηκέ σοί τι; Καλῶς· ἐκ τῶν ὅλων ἀπ ἀρχῆς σοι συγκαθείμαρτο καὶ συνεκλώθετο πᾶν τὸ συμβαῖνον. Τὸ δ ὅλον, βραχὺς ὁ βίος· κερδαντέον τὸ παρὸν σὺν εὐλογιστίᾳ καὶ δίκῃ. Νῆφε ἀνειμένος.
| [4,25] XXV.
As-tu vu cela ? Vois encore ceci. Ne te trouble pas ; simplifie ta vie tant que tu le peux. Quelqu’un a-t-il fait une faute ? C’est à son détriment qu’il l’a commise. Te survient-il un accident ? C’est fort bien ; car tout ce qui t’arrive t’était destiné dès l’origine et faisait partie de la trame universelle des choses. Somme toute, la vie est bien courte, et il faut mettre le présent à profit avec un calcul éclairé et avec justice. Sois sobre dans le relâche que tu te donnes.
| [4,26] 26.
Ἤτοι κόσμος διατεταγμένος ἢ κυκεὼν συμπεφορημένος μέν, ἀλλὰ κόσμος· ἢ ἐν σοὶ μέν τις κόσμος ὑφίστασθαι δύναται, ἐν δὲ τῷ παντὶ ἀκοσμία; Καὶ ταῦτα οὕτως πάντων διακεκριμένων καὶ διακεχυμένων καὶ συμπαθῶν.
| [4,26] XXVI.
Ou le monde a été bien réglé, ou ce n’est qu’un chaos. Dit-on qu’il est confus ? Il n’en est pas moins le monde. Eh quoi ! Ne peux-tu pas réaliser en toi-même un certain monde régulièrement ordonné ? Et dans l’univers, il y aurait du désordre ! Et cela quand toutes choses sont si bien distinctes les unes des autres, si habilement combinées et si harmonieuses entre elles !
| [4,27] 27.
Μέλαν ἦθος, θῆλυ ἦθος, περισκελὲς ἦθος, θηριῶδες, βοσκηματῶδες, παιδαριῶδες, βλακικόν, κίβδηλον, βωμολόχον, καπηλικόν, τυραννικόν.
| [4,27] XXVII.
Caractère sombre, caractère efféminé, caractère opiniâtre, féroce, puéril, brutal, bouffon, perfide, sacrilège, cupide, tyrannique.
| [4,28] 28.
Εἰ ξένος κόσμου ὁ μὴ γνωρίζων τὰ ἐν αὐτῷ ὄντα, οὐχ ἧττον ξένος καὶ ὁ μὴ γνωρίζων τὰ γινόμενα. Φυγὰς ὁ φεύγων τὸν πολιτικὸν λόγον· τυφλὸς ὁ καταμύων τῷ νοερῷ ὄμματι· πτωχὸς ὁ ἐνδεὴς ἑτέρου καὶ μὴ πάντα ἔχων παῤ ἑαυτοῦ τὰ εἰς τὸν βίον χρήσιμα· ἀπόστημα κόσμου ὁ ἀφιστάμενος καὶ χωρίζων ἑαυτὸν τοῦ τῆς κοινῆς φύσεως λόγου διὰ τοῦ δυσαρεστεῖν τοῖς συμβαίνουσιν· ἐκείνη γὰρ φέρει τοῦτο, ἣ καὶ σὲ ἤνεγκεν· ἀπόσχισμα πόλεως ὁ τὴν ἰδίαν ψυχὴν τῆς τῶν λογικῶν ἀποσχίζων, μιᾶς οὔσης.
| [4,28] XXVIII.
Si c’est être étranger au monde que d’ignorer les éléments qui le composent, ce n’est pas l’être moins que d’ignorer ce qui s’y passe. On n’est qu’un fuyard, quand on se soustrait aux lois et à la raison de la cité ; on n’est qu’un aveugle, quand on ferme l’œil de
l’entendement ; un mendiant, quand on a besoin d’autrui et qu’on ne sait pas se procurer par soi-même tout ce qu’il faut pour vivre ; une superfétation du monde, quand on s’y dérobe et qu’on s’isole de l’existence de la commune nature, en se révoltant contre ce qui arrive ; car c’est elle qui produit les événements, comme c’est elle qui t’a produit toi-même ; enfin, on n’est plus qu’un fragment détaché de la cité, quand on détache son âme de celle des êtres raisonnables, dont on brise ainsi l’unité.
| [4,29] 29.
Ὁ μὲν χωρὶς χιτῶνος φιλοσοφεῖ, ὁ δὲ χωρὶς βιβλίου. ἄλλος οὗτος ἡμίγυμνος· ἄρτους οὐκ ἔχω, φησί, καὶ ἐμμένω τῷ λόγῳ. - Ἐγὼ δὲ τροφὰς τὰς ἐκ τῶν μαθημάτων ἔχω καὶ οὐκ ἐμμένω.
| [4,29] XXIX.
Celui-ci, quoique sans tunique, n’en est pas moins philosophe ; celui-là sait l’être même sans livres ; tel autre sait l’être aussi quoique à moitié nu. — « Je n’ai pas de pain, dit-il, et je n’en reste pas moins fidèle à la raison. » — Et moi, je dis : Je n’ai pas même besoin de l’aliment de la science pour y demeurer également fidèle.
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