|
[4,20] 20.
Εἰ διαμένουσιν αἱ ψυχαί, πῶς αὐτὰς ἐξ ἀιδίου χωρεῖ ὁ ἀήρ; Πῶς δὲ ἡ γῆ χωρεῖ τὰ τῶν ἐκ τοσούτου αἰῶνος θαπτομένων σώματα; Ὥσπερ γὰρ ἐνθάδε ἡ τούτων ‹μετὰ› ποσήν τινα ἐπιδιαμονὴν μεταβολὴ καὶ διάλυσις χώραν ἄλλοις νεκροῖς ποιεῖ, οὕτως αἱ εἰς τὸν ἀέρα μεθιστάμεναι ψυχαί, ἐπὶ ποσὸν συμμείνασαι, μεταβάλλουσι καὶ χέονται καὶ ἐξάπτονται εἰς τὸν τῶν ὅλων σπερματικὸν λόγον ἀναλαμβανόμεναι καὶ τοῦτον τὸν τρόπον χώραν ταῖς προσσυνοικιζομέναις παρέχουσι. Τοῦτο δ ἄν τις ἀποκρίναιτο ἐφ ὑποθέσει τοῦ τὰς ψυχὰς διαμένειν. Χρὴ δὲ μὴ μόνον ἐνθυμεῖσθαι τὸ πλῆθος τῶν θαπτομένων οὑτωσὶ σωμάτων, ἀλλὰ καὶ τὸ τῶν ἑκάστης ἡμέρας ἐσθιομένων ζῴων ὑφ ἡμῶν τε καὶ τῶν ἄλλων ζῴων. Ὅσος γὰρ ἀριθμὸς καταναλίσκεται καὶ οὑτωσί πως θάπτεται ἐν τοῖς τῶν τρεφομένων σώμασι, καὶ ὅμως δέχεται ἡ χώρα αὐτὰ διὰ τὰς ἐξαιματώσεις, διὰ τὰς εἰς τὸ ἀερῶδες ἢ πυρῶδες ἀλλοιώσεις.
Τίς ἐπὶ τούτου ἡ ἱστορία τῆς ἀληθείας; Διαίρεσις εἰς τὸ ὑλικὸν καὶ εἰς τὸ αἰτιῶδες.
| [4,20] XX.
Si les âmes subsistent et continuent de vivre, comment, depuis des temps infinis, l’air est-il assez vaste pour les contenir toutes ? Mais comment la terre contient-elle les corps de tant d’êtres ensevelis depuis tant de siècles dans son sein ? Eh bien ! de même que, dans la terre, après un séjour plus ou moins long, la transformation et la dissolution de ces cadavres font de la place à d’autres ; de même, les âmes, après un certain séjour dans l’air où elles sont transportées, changent, s’épanchent et se consument, absorbées et reprises dans la raison génératrice de l’univers. De cette manière, elles font place aux autres, qui viennent habiter les mêmes lieux. Voilà bien ce qu’on peut répondre quand on soutient le système de la permanence des âmes. Mais il ne faut pas supputer seulement cette foule innombrable de corps ensevelis de la sorte ; il faut calculer aussi cette autre foule d’animaux que nous mangeons ou que d’autres animaux dévorent. Quel nombre n’en est pas détruit, et comme enseveli de cette façon dans les corps de ceux qui s’en nourrissent ! Et pourtant, cet étroit espace les peut conserver parce qu’ils changent, et qu’elles se transforment en particules de sang, d’air ou de feu.
Mais, dans une telle question, quel est le moyen de savoir la vérité ? C’est de distinguer l’élément matériel, et la cause d’où vient cet élément.
| [4,21] 21.
Μὴ ἀπορρέμβεσθαι, ἀλλ ἐπὶ πάσης ὁρμῆς τὸ δίκαιον ἀποδιδόναι καὶ ἐπὶ πάσης φαντασίας σῴζειν τὸ καταληπτικόν.
| [4,21] XXI.
Ne point se laisser entraîner par le tourbillon ; mais, dans toute entreprise, s’appliquer à ce qui est juste ; et, dans toute pensée, conserver avant tout la plénitude de
l’intelligence, qui comprend les choses.
| [4,22] 22.
Πᾶν μοι συναρμόζει ὃ σοὶ εὐάρμοστόν ἐστιν, ὦ κόσμε· οὐδέν μοι πρόωρον οὐδὲ ὄψιμον ὃ σοὶ εὔκαιρον. Πᾶν μοι καρπὸς ὃ φέρουσιν αἱ σαὶ ὧραι, ὦ φύσις· ἐκ σοῦ πάντα, ἐν σοὶ πάντα, εἰς σὲ πάντα. Ἐκεῖνος μέν φησιν· “‹ὦ› πόλι φίλη Κέκροπος”· σὺ δὲ οὐκ ἐρεῖς· “ὦ πόλι φίλη Διός”;
| [4,22] XXII.
Ô monde, tout me convient de ce qui peut convenir à ton harmonie ; rien n’est pour moi prématuré ni tardif de ce qui pour toi vient à son temps. Tout est fruit pour moi, ô nature, de ce que produisent les saisons fixées par toi. Tout vient de toi, tout vit en toi, tout retourne en toi. Dans la tragédie, un personnage s’écrie : « Ô douce cité de Cécrops ! » Et toi, tu ne t’écrierais pas : « Ô douce cité de Jupiter ! »
| [4,23] 23.
“Ὀλίγα πρῆσσε, φησίν, εἰ μέλλεις εὐθυμήσειν.” Μήποτε ἄμεινον τἀναγκαῖα πράσσειν καὶ ὅσα ὁ τοῦ φύσει πολιτικοῦ ζῴου λόγος αἱρεῖ καὶ ὡς αἱρεῖ; Τοῦτο γὰρ οὐ μόνον τὴν ἀπὸ τοῦ καλῶς πράςσειν εὐθυμίαν φέρει, ἀλλὰ καὶ τὴν ἀπὸ τοῦ ὀλίγα πράσσειν. Τὰ πλεῖστα γὰρ ὧν λέγομεν καὶ πράσσομεν οὐκ ἀναγκαῖα ὄντα ἐάν τις περιέλῃ, εὐσχολώτερος καὶ ἀταρακτότερος ἔσται. Ὅθεν δεῖ καὶ παῤ ἕκαστα ἑαυτὸν ὑπομιμνῄσκειν· μήτι τοῦτο οὐ τῶν ἀναγκαίων; Δεῖ δὲ μὴ μόνον πράξεις τὰς μὴ ἀναγκαίας περιαιρεῖν, ἀλλὰ καὶ φαντασίας· οὕτως γὰρ οὐδὲ πράξεις παρέλκουσαι ἐπακολουθήσουσιν.
| [4,23] XIIII.
« Si tu veux conserver la paix de ton âme, dit un philosophe, n’agis que le moins possible. » Mais ne serait-ce pas encore mieux de ne s’occuper que de ce qui est absolument nécessaire, et uniquement de ce qu’exige la raison d’un être essentiellement sociable, dans les conditions où la raison l’exige ? De cette façon on ne jouit pas seulement de la satisfaction d’avoir fait bien ; mais on jouit en outre de l’avantage de
n’avoir agi que fort peu. C’est qu’en effet la plupart du temps ce que nous disons, ce que nous faisons n’a rien de bien nécessaire ; retrancher tout cela, ce serait s’assurer plus de loisir et aussi plus de tranquillité. Par conséquent, il faut, pour chaque chose, se souvenir de se poser cette question : « N’est-ce point là quelque chose qui n’est point nécessaire ? » Bien plus, ce qu’il faut ainsi retrancher, ce ne sont pas seulement les actions qui ne sont pas indispensables, mais ce sont en outre les pensées ; car, de ce moment, les actions qui nous entraînent et nous dévient ne pourraient plus suivre des pensées qui n’existeraient point.
| [4,24] 24.
Πείρασον πῶς σοι χωρεῖ καὶ ὁ τοῦ ἀγαθοῦ ἀνθρώπου βίος τοῦ ἀρεσκομένου μὲν τοῖς ἐκ τῶν ὅλων ἀπονεμομένοις, ἀρκουμένου δὲ τῇ ἰδίᾳ πράξει δικαίᾳ καὶ διαθέσει εὐμενεῖ.
| [4,24] XXIV.
Essaie de voir dans quelle mesure tu peux, toi aussi, réaliser la vie de l’homme de bien, qui sait se contenter du destin qu’il reçoit en partage dans l’ordre universel des choses, et qui se borne, en ce qui dépend de lui, à pratiquer la justice et à conserver la sérénité de son âme.
| | |