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[4,15] 15.
Ἐντὸς δέκα ἡμερῶν θεὸς αὐτοῖς ‹τούτοις› δόξεις οἷς νῦν θηρίον καὶ πίθηκος, ἐὰν ἀνακάμψῃς ἐπὶ τὰ δόγματα καὶ τὸν σεβασμὸν τοῦ λόγου.
| [4,15] XV.
Dans dix jours, tu sembleras un dieu pour les gens qui te traitent aujourd’hui de bête fauve ou de singe, pour peu que tu t’en tiennes aux principes et au culte de la raison.
| [4,16] 16.
Μὴ ὡς μύρια μέλλων ἔτη ζῆν. Τὸ χρεὼν ἐπήρτηται· ἕως ζῇς, ἕως ἔξεστιν, ἀγαθὸς γενοῦ.
| [4,16] XVI.
Ne te conduis pas comme si tu devais vivre des millions d’années. L’inévitable dette est suspendue sur toi. Pendant que tu vis, pendant que tu le peux encore, deviens homme de bien.
| [4,17] 17.
Ὅσην εὐσχολίαν κερδαίνει ὁ μὴ βλέπων τί ὁ πλησίον εἶπεν ἢ ἔπραξεν ἢ διενοήθη, ἀλλὰ μόνον τί αὐτὸς ποιεῖ, ἵνα αὐτὸ τοῦτο δίκαιον ᾖ καὶ ὅσιον ἢ † κατὰ τὸν ἀγαθὸν· μὴ μέλαν ἦθος περιβλέπεσθαι, ἀλλ ἐπὶ τῆς γραμμῆς τρέχειν ὀρθόν, μὴ διερριμμένον.
| [4,17] XVII.
Que de temps on pourrait se ménager en ne regardant point à ce qu’a dit le voisin, à ce qu’il a fait, à ce qu’il a pensé, et en ne songeant qu’à ce qu’on fait, afin de rendre toutes ses actions justes et saintes ! Oui, à l’exemple de l’homme de bien, il faut ne point plonger ses regards dans les mœurs ténébreuses, mais marcher tout droit sur la ligne, sans le moindre écart.
| [4,18] 18.
Ὁ περὶ τὴν ὑστεροφημίαν ἐπτοημένος οὐ φαντάζεται ὅτι ἕκαστος τῶν μεμνημένων αὐτοῦ τάχιστα καὶ αὐτὸς ἀποθανεῖται· εἶτα πάλιν ὁ ἐκεῖνον διαδεξάμενος, μέχρι καὶ πᾶσα ἡ μνήμη ἀποσβῇ διὰ ἁπτομένων καὶ σβεννυμένων προιοῦσα. Ὑπόθου δ, ὅτι καὶ ἀθάνατοι μὲν οἱ μεμνησόμενοι, ἀθάνατος δὲ ἡ μνήμη· τί οὖν τοῦτο πρὸς σέ; Καὶ οὐ λέγω, ὅτι οὐδὲν πρὸς τὸν τεθνηκότα, ἀλλὰ πρὸς τὸν ζῶντα τί ὁ ἔπαινος, πλὴν ἄρα δἰ οἰκονομίαν τινά; Παρίης γὰρ νῦν ἀκαίρως τὴν φυσικὴν δόσιν ἄλλου τινὸς ‹οὐκ› ἐχομένην λόγου. Λοιπόν ..
| [4,18] XVIII.
Si l’on ambitionne avec tant d’ardeur la renommée qu’on doit laisser après soi, c’est qu’on ne réfléchit pas assez qu’il n’est point un seul de ces hommes qui se seront souvenus de vous qui ne doive aussi mourir à son tour, qu’il en sera de même indéfiniment, et pour celui qui héritera de ce premier admirateur, et pour tous ceux qui suivront, jusqu’à ce que, enfin, s’éteigne cette renommée tout entière, passant de ceux qui la recherchent avec tant d’ardeur à ceux qui s’éteignent après l’avoir un instant entretenue. Suppose même, si tu le veux, que ceux qui garderont ton souvenir soient immortels et que le souvenir soit immortel ainsi qu’eux ; qu’est-ce que tout cela peut te faire, je ne dis pas après la mort, mais je dis de ton vivant ? Qu’est-ce que la louange des hommes, à moins toutefois qu’on ne veuille en faire un calcul et un profit ? Car voilà que tu négliges bien à contretemps les dons de la nature, tandis que le reste suit une tout autre raison.
| [4,19] 19.
Πᾶν τὸ καὶ ὁπωσοῦν καλὸν ἐξ ἑαυτοῦ καλόν ἐστι καὶ ἐφ ἑαυτὸ καταλήγει, οὐκ ἔχον μέρος ἑαυτοῦ τὸν ἔπαινον· οὔτε γοῦν χεῖρον οὔτε κρεῖττον γίνεται τὸ ἐπαινούμενον. Τοῦτό φημι καὶ ἐπὶ τῶν κοινότερον καλῶν λεγομένων, οἷον ἐπὶ τῶν ὑλικῶν καὶ ἐπὶ τῶν τεχνικῶν κατασκευασμάτων· τὸ δὲ δὴ ὄντως καλὸν τίνος χρείαν ἔχει; Οὐ μᾶλλον ἢ νόμος, οὐ μᾶλλον ἢ ἀλήθεια, οὐ μᾶλλον ἢ εὔνοια ἢ αἰδώς· τί τούτων διὰ τὸ ἐπαινεῖσθαι καλόν ἐστιν ἢ ψεγόμενον φθείρεται; Σμαράγδιον γὰρ ἑαυτοῦ χεῖρον γίνεται, ἐὰν μὴ ἐπαινῆται; Τί δὲ χρυσός, ἐλέφας, πορφύρα, λύρα, μαχαίριον, ἀνθύλλιον, δενδρύφιον;
| [4,19] XIX.
Tout ce qui est beau, en quelque genre que ce puisse être, est beau de soi seul, et
n’aboutit qu’à soi-même, sans que la louange qu’on peut en faire en constitue une partie essentielle. Ainsi donc, un objet quelconque, parce qu’on le loue, n’en est ni pire ni meilleur. Et ce que je dis ici s’applique aux choses qu’on qualifie de belles dans un sens plus vulgaire, à savoir les objets purement matériels et les œuvres de l’art. Quand une chose est belle réellement, de quoi peut-elle avoir encore besoin ? Il ne lui manque absolument rien pas plus qu’à la loi, pas plus qu’à la vérité, pas plus qu’à la bonté ou à la pudeur. De tous ces biens, en est-il un qui soit beau parce qu’on le loue, ou qui puisse périr parce qu’on le critique ? Une émeraude perd-elle du prix qu’elle avait parce qu’on ne la loue pas ? Et l’or, et l’ivoire, et la pourpre, et la lyre, et le poignard, et la fleur, et l’arbuste ?
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