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[4,35] 35.
Θεώρει διηνεκῶς πάντα κατὰ μεταβολὴν γινόμενα καὶ ἐθίζου ἐννοεῖν, ὅτι οὐδὲν οὕτως φιλεῖ ἡ τῶν ὅλων φύσις ὡς τὸ τὰ ὄντα μεταβάλλειν καὶ ποιεῖν νέα ὅμοια. Σπέρμα γὰρ τρόπον τινὰ πᾶν τὸ ὂν τοῦ ἐξ αὐτοῦ ἐσομένου, σὺ δὲ μόνα σπέρματα φαντάζῃ τὰ εἰς γῆν ἢ μήτραν καταβαλλόμενα, τοῦτο δὲ λίαν ἰδιωτικόν.
| [4,35] XXXV.
Ne te lasse point de considérer tout ce qui par un simple changement se produit en ce monde, et dis-toi bien que la nature universelle n’aime rien tant que de changer les choses qui existent, et d’en faire de nouvelles toutes pareilles à celles qui disparaissent ; car ce qui est, est toujours, on peut dire, le germe de ce qui doit en sortir. Mais toi, tu ne prends pour des germes que ceux qui sont déposés, ou dans la terre, ou dans une matrice, sans te douter que c’est là une opinion des plus grossières.
| [4,36] 36.
Ἤδη τεθνήξῃ καὶ οὔπω οὔτε ἁπλοῦς οὔτε ἀτάραχος οὔτε ἀνύποπτος τοῦ βλαβῆναι ἂν ἔξωθεν οὔτε ἵλεως πρὸς πάντας οὔτε τὸ φρονεῖν ἐν μόνῳ τῷ δικαιοπραγεῖν τιθέμενος.
| [4,36] XXXVI.
Tu seras mort dans quelques instants ; et tu n’as pas su encore, ni simplifier ta vie, ni assurer ta tranquillité, ni te débarrasser de cette fausse opinion que les choses du dehors peuvent te nuire, ni être bienveillant envers tout le monde, ni apprendre que la sagesse ne consiste que dans la justice.
| [4,37] 37.
Τὰ ἡγεμονικὰ αὐτῶν διάβλεπε καὶ τοὺς φρονίμους, οἷα μὲν φεύγουσιν, οἷα δὲ διώκουσιν.
| [4,37] XXXVII.
Examine avec soin les principes qui conduisent l’âme des sages, et rends-toi compte de ce qu’ils évitent et de ce qu’ils recherchent.
| [4,38] 38.
Ἐν ἀλλοτρίῳ ἡγεμονικῷ κακὸν σὸν οὐχ ὑφίσταται οὐδὲ μὴν ἔν τινι τροπῇ καὶ ἑτεροιώσει τοῦ περιέχοντος. Ποῦ οὖν; Ὅπου τὸ περὶ κακῶν ὑπολαμβάνον σοί ἐστι. Τοῦτο οὖν μὴ ὑπολαμβανέτω καὶ πάντα εὖ ἔχει. Κἂν τὸ ἐγγυτάτω αὐτοῦ, τὸ σωμάτιον, τέμνηται, καίηται, διαπυίσκηται, σήπηται, ὅμως τὸ ὑπολαμβάνον περὶ τούτων μόριον ἡσυχαζέτω· τουτέστι, κρινέτω μήτε κακόν τι εἶναι μήτε ἀγαθόν, ὃ ἐπίσης δύναται κακῷ ἀνδρὶ καὶ ἀγαθῷ συμβαίνειν. Ὃ γὰρ ‹καὶ τῷ παρὰ φύσιν› καὶ τῷ κατὰ φύσιν βιοῦντι ἐπίσης συμβαίνει, τοῦτο οὔτε κατὰ φύσιν ἐστὶν οὔτε παρὰ φύσιν.
| [4,38] XXXVIII.
Ton mal ne peut jamais être dans l’âme d’un autre, pas plus qu’il n’est dans les variations ou le changement de ton enveloppe matérielle. Où peut donc être réellement ton mal ? Là où est aussi pour toi la faculté qui juge des biens et des maux. Que cette faculté s’abstienne de juger ; et alors tout est bien. Que ton pauvre corps, qui est son voisin le plus proche, soit mutilé, brûlé, couvert d’ulcères et de plaies qui le dévorent, la partie qui, en toi, juge de tout cela doit garder néanmoins la paix la plus profonde, c’est-à-dire qu’elle doit toujours penser qu’il n’y a ni mal ni bien dans tous ces accidents, qui peuvent frapper également les méchants et les bons ; car il faut se dire que tout ce qui peut indifféremment atteindre celui-là même qui vit selon la nature,
n’est ni selon la nature, ni contre ses lois.
| [4,39] 39.
Ὡς ἓν ζῷον τὸν κόσμον, μίαν οὐσίαν καὶ ψυχὴν μίαν ἐπέχον, συνεχῶς ἐπινοεῖν καὶ πῶς εἰς αἴσθησιν μίαν τὴν τούτου πάντα ἀναδίδοται καὶ πῶς ὁρμῇ μιᾷ πάντα πράσσει καὶ πῶς πάντα πάντων τῶν γινομένων συναίτια καὶ οἵα τις ἡ σύννησις καὶ συμμήρυσις.
| [4,39] XXXIX.
Se représenter continuellement le monde comme un seul être animé, qui ne renferme qu’une seule substance et qu’une seule âme ; essayer de comprendre comment toutes choses, doivent se rapporter à une perception unique, qui est la sienne ; comment c’est lui qui fait tout par une unique impulsion ; comment chaque détail coopère réciproquement à tout ce qui arrive ; et enfin comment tout s’enchaîne et tout est solidaire dans l’ensemble de l’univers.
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