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Φιλοσόφως ὁ Θεόφραστος ἐν τῇ συγκρίσει τῶν ἁμαρτημάτων, ὡς ἄν
τις κοινότερον τὰ τοιαῦτα συγκρίνειε, φησὶ βαρύτερα εἶναι τὰ κατ ἐπιθυμίαν
πλημμελούμενα τῶν κατὰ θυμόν. Ὁ γὰρ θυμούμενος μετά τινος λύπης καὶ
λεληθυίας συστολῆς φαίνεται τὸν λόγον ἀποστρεφόμενος· ὁ δὲ κατ
ἐπιθυμίαν ἁμαρτάνων, ὑφ ἡδονῆς ἡττώμενος ἀκολαστότερός πως φαίνεται
καὶ θηλύτερος ἐν ταῖς ἁμαρτίαις. Ὀρθῶς οὖν καὶ φιλοσοφίας ἀξίως ἔφη
μείζονος ἐγκλή ματος ἔχεσθαι τὸ μεθ ἡδονῆς ἁμαρτανόμενον ἤπερ τὸ μετὰ
λύπης· ὅλως τε ὁ μὲν προηδικημένῳ μᾶλλον ἔοικε καὶ διὰ λύπης
ἠναγκασμένῳ θυμωθῆναι· ὁ δὲ αὐτόθεν πρὸς τὸ ἀδικεῖν ὥρμηται,
φερόμενος ἐπὶ τὸ πρᾶξαί τι κατ ἐπιθυμίαν.
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C’est une idée bien philosophique que celle de Théophraste lorsque,
comparant les fautes entre elles d’une manière plus claire que personne ne
l’avait fait avant lui, il établit que les fautes qu’un désir réfléchi fait
commettre sont plus graves que celles qu’on commet dans l’enivrement de
la colère. En effet, quand la colère nous transporte, il semble que c’est
avec une certaine douleur et un entraînement dont on n’a pas conscience
qu’on s’égare loin de la raison, tandis qu’au contraire celui que le calcul
du désir rend coupable et qui se laisse vaincre par le plaisir, paraît en
quelque sorte plus intempérant et plus relâché dans ses fautes. C’est donc
une sentence bien vraie et d’une bonne philosophie que celle de
Théophraste, quand il dit que la faute accompagnée d’un sentiment de
plaisir mérite bien plus de blâme que celle que la douleur accompagne. Et
de fait, l’un a bien plutôt l’air d’un homme qui a été provoqué et qu’on a
contraint à se mettre en colère, tandis que l’autre s’est porté de son plein
gré au méfait, en se laissant aller à des actes reprochables, uniquement
pour contenter le désir qu’il ressent.
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