[1,16]
Παρὰ τοῦ πατρὸς τὸ ἥμερον καὶ μενετικὸν ἀσαλεύτως ἐπὶ τῶν
ἐξητασμένως κριθέντων· καὶ τὸ ἀκενόδοξον περὶ τὰς δοκούσας τιμάς· καὶ
τὸ φιλόπονον καὶ ἐνδελεχές· καὶ τὸ ἀκουστικὸν τῶν ἐχόντων τι κοινωφελὲς
εἰσφέρειν· καὶ τὸ ἀπαρατρέπτως {εἰς} τοῦ κατ ἀξίαν ἀπονεμητικὸν ἑκάστῳ·
καὶ τὸ ἔμπειρον ποῦ μὲν χρεία ἐντάσεως, ποῦ δὲ ἀνέσεως· καὶ τὸ παῦσαι
τὰ περὶ τοὺς ἔρωτας τῶν μειρακίων· καὶ ἡ κοινονοημοσύνη καὶ τὸ ἐφεῖσθαι
τοῖς φίλοις μήτε συνδειπνεῖν αὐτῷ πάντως μήτε συναποδημεῖν ἐπάναγκες,
ἀεὶ δὲ ὅμοιον αὐτὸν καταλαμβάνεσθαι ὑπὸ τῶν διὰ χρείας τινὰς
ἀπολειφθέντων· καὶ τὸ ζητητικὸν ἀκριβῶς ἐν τοῖς συμβουλίοις καὶ
ἐπίμονον, † ἀλλ οὐ τό· προαπέστη τῆς ἐρεύνης, ἀρκεσθεὶς ταῖς προχείροις
φαντασίαις· καὶ τὸ διατηρητικὸν τῶν φίλων καὶ μηδαμοῦ ἁψίκορον μηδὲ
ἐπιμανές· καὶ τὸ αὔταρκες ἐν παντὶ καὶ τὸ φαιδρόν· καὶ τὸ πόῤῥωθεν
προνοητικὸν καὶ τῶν ἐλαχίστων προδιοικητικὸν ἀτραγῴδως· καὶ τὸ τὰς
ἐπιβοήσεις καὶ πᾶσαν κολακείαν ἐπ αὐτοῦ ‹συ›σταλῆναι· καὶ τὸ φυλακτικὸν
ἀεὶ τῶν ἀναγκαίων τῇ ἀρχῇ καὶ ταμιευτικὸν τῆς χορηγίας καὶ ὑπομενετικὸν
τῆς ἐπὶ τῶν τοιούτων τινῶν καταιτιάσεως· καὶ τὸ μήτε περὶ θεοὺς
δεισίδαιμον μήτε περὶ ἀνθρώπους δημοκοπικὸν ἢ ἀρεσκευτικὸν ἢ
ὀχλοχαρές, ἀλλὰ νῆφον ἐν πᾶσι καὶ βέβαιον καὶ μηδαμοῦ ἀπειρόκαλον
μηδὲ καινοτόμον· καὶ τὸ τοῖς εἰς εὐμάρειαν βίου φέρουσί τι, ὧν ἡ τύχη
παρεῖχε δαψίλειαν, χρηστικὸν ἀτύφως ἅμα καὶ ἀπροφασίστως, ὥστε
παρόντων μὲν ἀνεπιτηδεύτως ἅπτεσθαι, ἀπόντων δὲ μὴ δεῖσθαι· καὶ τὸ
μηδὲ ἄν τινα εἰπεῖν μήτε ὅτι σοφιστὴς μήτε ὅτι οὐερνάκλος μήτε ὅτι
σχολαστικός, ἀλλ ὅτι ἀνὴρ πέπειρος, τέλειος, ἀκολάκευτος, προεστάναι
δυνάμενος καὶ τῶν ἑαυτοῦ καὶ ἄλλων. Πρὸς τούτοις δὲ καὶ τὸ τιμητικὸν τῶν
ἀληθῶς φιλοσοφούντων, τοῖς δὲ ἄλλοις οὐκ ἐξονειδιστικὸν οὐδὲ μὴν
εὐπαράγωγον ὑπ αὐτῶν· ἔτι δὲ τὸ εὐόμιλον καὶ εὔχαρι οὐ κατακόρως· καὶ
τὸ τοῦ ἰδίου σώματος ἐπιμελητικὸν ἐμμέτρως, οὔτε ὡς ἄν τις φιλόζωος οὔτε
πρὸς καλλωπισμὸν οὔτε μὴν ὀλιγώρως, ἀλλ ὥστε διὰ τὴν ἰδίαν προσοχὴν
εἰς ὀλίγιστα ἰατρικῆς χρῄζειν ἢ φαρμάκων καὶ ἐπιθεμάτων {ἐκτός}· μάλιστα
δὲ τὸ παραχωρητικὸν ἀβασκάνως τοῖς δύναμίν τινα κεκτημένοις, οἷον τὴν
φραστικὴν ἢ τὴν ἐξ ἱστορίας νόμων ἢ ἐθῶν ἢ ἄλλων τινῶν πραγμάτων, καὶ
συσπουδαστικὸν αὐτοῖς, ἵνα ἕκαστοι κατὰ τὰ ἴδια προτερήματα
εὐδοκιμῶσι· πάντα δὲ κατὰ τὰ πάτρια πράςσων, οὐδὲ αὐτὸ τοῦτο
ἐπιτηδεύων φαίνεσθαι, τὸ τὰ πάτρια φυλάςσειν. Ἔτι δὲ τὸ μὴ εὐμετακίνητον
καὶ ῥιπταστικόν, ἀλλὰ καὶ τόποις καὶ πράγμασι τοῖς αὐτοῖς ἐνδιατριπτικόν·
καὶ τὸ μετὰ τοὺς παροξυσμοὺς τῆς κεφαλαλγίας νεαρὸν εὐθὺς καὶ ἀκμαῖον
πρὸς τὰ συνήθη ἔργα· καὶ τὸ μὴ εἶναι αὐτῷ πολλὰ τὰ ἀπόῤῥητα, ἀλλ
ὀλίγιστα καὶ σπανιώτατα καὶ ταῦτα ὑπὲρ τῶν κοινῶν μόνον· καὶ τὸ ἔμφρον
καὶ μεμετρημένον ἔν τε θεωριῶν ἐπιτελέσει καὶ ἔργων κατασκευαῖς καὶ
διανομαῖς καὶ τοῖς τοιούτοις, ‹ὡς› ἀνθρώπου πρὸς αὐτὸ τὸ δέον πραχθῆναι
δεδορκότος, οὐ πρὸς τὴν ἐπὶ τοῖς πραχθεῖσιν εὐδοξίαν. Οὐκ ἦν ἀωρὶ
λούστης, οὐχὶ φιλοικοδόμος, οὐ περὶ τὰς ἐδωδὰς ἐπινοητής, οὐ περὶ
ἐσθήτων ὑφὰς καὶ χρόας, οὐ περὶ σωμάτων ὥρας. Ἡ ἀπὸ Λωρίου στολὴ
ἀνάγουσα ἀπὸ τῆς κάτω ἐπαύλεως· καὶ τῶν ἐν Λανουβίῳ τὰ πολλά· τῷ
τελώνῃ ἐν Τούσκλοις παραιτουμένῳ ὡς ἐχρήσατο καὶ πᾶς ὁ τοιοῦτος
τρόπος. Οὐδὲν ἀπηνὲς οὐδὲ μὴν ἀδυσώπητον οὐδὲ λάβρον οὐδὲ ὥστ ἄν
τινα εἰπεῖν ποτε· “ἕως ἱδρῶτοσ”· ἀλλὰ πάντα διειλημμένα λελογίσθαι ὡς ἐπὶ
σχολῆς, ἀταράχως, τεταγμένως, ἐῤῥωμένως, συμφώνως ἑαυτοῖς.
Ἐφαρμόσειε δ ἂν αὐτῷ τὸ περὶ τοῦ Σωκράτους μνημονευόμενον, ὅτι καὶ
ἀπέχεσθαι καὶ ἀπολαύειν ἐδύνατο τούτων, ὧν πολλοὶ πρός τε τὰς ἀποχὰς
ἀσθενῶς καὶ πρὸς τὰς ἀπολαύσεις ἐνδοτικῶς ἔχουσι. Τὸ δὲ ἰσχύειν καὶ ἔτι
καρτερεῖν καὶ ἐννήφειν ἑκατέρῳ ἀνδρός ἐστιν ἄρτιον καὶ ἀήττητον ψυχὴν
ἔχοντος, οἷον ἐν τῇ νόσῳ τὴν Μαξίμου.
| [1,16]
De mon père adoptif, j’ai appris la bonté ; l’inébranlable constance
dans les jugements qui ont été une fois mûris par la réflexion ; le dédain
pour ces honneurs factices qui séduisent la vanité ; la passion du travail ;
l’application perpétuelle ; la disposition à prêter l’oreille à toutes les idées
qui concernent l’intérêt public ; l’invariable attention à rendre à chacun
selon son mérite ; le discernement à juger des occasions où l’on doit tendre
les ressorts et de celles où on peut les relâcher ; la sévérité à poursuivre et
à punir les amours pour les jeunes gens ; le dévouement au bien de
l’État ; la liberté qu’il laissait à ses amis, sans les astreindre
nécessairement à partager tous ses repas, ou à le suivre dans tous ses
voyages ; l’absolue égalité d’humeur, où le retrouvaient au retour ceux qui
avaient dû le quitter pour quelque cause urgente ; la consciencieuse
analyse des choses dans toutes les délibérations ; la persistance à ne point
se départir de son examen, en se contentant des premières solutions qui se
présentaient ; l’attachement rempli de soins pour ses amis, aussi peu porté
à se dégoûter d’eux sans raison qu’à les aimer à la fureur ; l’indépendance
d’esprit en toutes choses et la sérénité ; la prévoyance à longue vue et la
vigilance à régler les moindres détails, sans en faire tragiquement étalage ;
la précaution de repousser les acclamations populaires et la flatterie sous
toutes ses formes ; l’économie à ménager les ressources nécessaires à
l’autorité ; la retenue dans les dépenses pour les fêtes, tout prêt à souffrir
les critiques sur ce chapitre ; la piété sans superstition envers les dieux ; la
dignité avec le peuple, qu’il ne fatigua jamais de ses adulations ni de son
empressement à complaire à la foule ; la sobre mesure en toutes choses ; le
solide respect de toutes les convenances, sans un goût trop vif pour les
nouveautés ; l’usage, sans faste et aussi sans façon, des choses qui rendent
la vie plus douce dans les occasions où c’est le hasard qui les offre, les
prenant quand elles se trouvaient sous sa main avec indifférence, et n’en
ayant nul besoin, si elles venaient à manquer ; l’attitude de quelqu’un dont
on ne peut dire ni qu’il est un sophiste, ni qu’il est un provincial, ni qu’il
est entiché de l’école, mais d’un homme dont on dit qu’il est mur et
complet, au-dessus de la flatterie, capable d’être à la tête de ses affaires
propres et des affaires des autres. Ajoutez-y encore l’estime pour les vrais
philosophes ; l’indulgence exempte de blâme pour les philosophes
prétendus, sans d’ailleurs être jamais leur dupe ; le commerce facile ; la
bonne grâce sans fadeur ; un soin modéré de sa personne, comme il
convient quand on n’est pas trop amoureux de la vie, sans songer à
rehausser ses avantages, mais aussi sans négligence, de manière à n’avoir
presque jamais besoin, grâce à ce régime tout individuel, ni de médecine,
ni de remèdes intérieurs ou extérieurs ; la facilité extrême à s’effacer sans
jalousie devant les gens qui s’étaient acquis une supériorité quelconque,
soit en éloquence, soit en connaissance approfondie des lois, des mœurs, et
des matières de cet ordre ; la condescendance qui s’associait à leurs efforts
pour les faire valoir, chacun dans leur domaine spécial ; la fidélité en
toutes choses aux traditions des ancêtres, sans d’ailleurs vouloir se donner
l’air d’y tenir essentiellement ; un esprit qui n’était ni mobile, ni agité,
mais sachant endurer la monotonie des lieux et des choses ; reprenant les
occupations habituelles, dès que le permettaient des maux de tête cruels,
avec plus d’ardeur et de vivacité que jamais ; n’ayant pas beaucoup de
secrets qui lui appartinssent, et ces secrets en très petit nombre et fort rares
ne concernant guère que l’État ; circonspect et très regardant dans la
célébration des fêtes solennelles, dans le développement des travaux
publics, dans les distributions au peuple ; et quand il les croyait
nécessaires, ayant en vue ce que la convenance exigeait bien plutôt que le
renom qu’il en pourrait retirer pour ce qu’il aurait fait ; ne prenant jamais
de bains hors des heures régulières ; sans passion pour les bâtisses ; ne
songeant nullement à la composition de ses repas, ni à la qualité ou à la
couleur de ses habits, ni à la beauté de ses gens. Ses vêtements étaient faits
de la laine de Lorium, sa petite ferme, et le plus souvent de la laine de
Lanuvium ; le manteau qu’il avait à Tusculum était d’emprunt ; et
toute sa façon était aussi simple. Jamais rien de dur, rien même de
brusque, rien de pressé, et comme dit le proverbe : « Jamais jusqu’à la
sueur : » mais toute chose faite avec pleine réflexion, comme à loisir, sans
le moindre trouble, dans un ordre absolu, robustement, et en harmonieuse
correspondance de toutes les parties. C’est bien à lui que s’applique cette
louange adressée jadis à Socrate « qu’il savait s’abstenir et jouir de ces
choses dont la plupart des hommes ne s’abstiennent qu’à contrecœur, et
dont ils jouissent en s’y abandonnant avec ivresse. » Demeurer fort dans
l’une et l’autre rencontre, conserver constamment sa vigueur et sa
tempérance, n’appartient qu’à l’homme qui a l’âme ferme et invincible,
comme fut mon père durant la maladie de Maxime.
|