[3,40] Ὅτι μὲν οὖν, ὦ βουλή, οὐδενὸς αἴτιός εἰμι τῶν γεγενημένων, ἱκανῶς ἀποδεδεῖχθαι
νομίζω: οὕτω δὲ διάκειμαι πρὸς τὰς ἐκ τῶν τοιούτων πραγμάτων διαφοράς, ὥστε καὶ
ἄλλα πολλὰ ὑβρισμένος ὑπὸ Σίμωνος καὶ καταγεὶς τὴν κεφαλὴν ὑπ' αὐτοῦ οὐκ
ἐτόλμησα αὐτῷ ἐπισκήψασθαι, ἡγούμενος δεινὸν εἶναι, εἰ ἄρα περὶ παίδων
ἐφιλονικήσαμεν ἡμεῖς πρὸς ἀλλήλους, τούτου ἕνεκα ἐξελάσαι τινὰς ζητῆσαι ἐκ τῆς
πατρίδος. ἔπειτα δὲ καὶ οὐδεμίαν ἡγούμην πρόνοιαν εἶναι τραύματος ὅστις μὴ
ἀποκτεῖναι βουλόμενος ἔτρωσε. τίς γὰρ οὕτως ἐστὶν εὐήθης, ὅστις ἐκ πολλοῦ προ
νοεῖται ὅπως ἕλκος τις αὐτοῦ τῶν ἐχθρῶν λήψεται; ἀλλὰ δῆλον ὅτι καὶ οἱ τοὺς νόμους
ἐνθάδε θέντες, οὐκ εἴ τινες μαχεσάμενοι ἔτυχον ἀλλήλων κατάξαντες τὰς κεφαλάς,
ἐπὶ τούτοις ἠξίωσαν τῆς πατρίδος φυγὴν ποιήσασθαι: ἢ πολλούς γ' ἂν ἐξήλασαν: ἀλλ'
ὅσοι ἐπιβουλεύσαντες ἀποκτεῖναί τινας ἔτρωσαν, ἀποκτεῖναι δὲ οὐκ ἐδυνήθησαν,
περὶ τῶν τοιούτων τὰς τιμωρίας οὕτω μεγάλας κατεστήσαντο, ἡγούμενοι, ὑπὲρ ὧν
ἐβούλευσαν καὶ προὐνοήθησαν, ὑπὲρ τούτων προσήκειν αὐτοῖς δίκην δοῦναι: εἰ δὲ μὴ
κατέσχον, οὐδὲν ἧττον τό γ' ἐκείνων πεποιῆσθαι. καὶ ταῦτα ἤδη καὶ πρότερον
πολλάκις ὑμεῖς οὕτω διέγνωτε περὶ τῆς προνοίας. καὶ γὰρ δεινὸν ἂν εἴη, εἰ ὅσοι ἐκ
μέθης καὶ φιλονικίας ἢ ἐκ παιδιῶν ἢ ἐκ λοιδορίας ἢ περὶ ἑταίρας μαχόμενοι ἕλκος
ἔλαβον, εἰ ὑπὲρ τούτων ὧν, ἐπειδὰν βέλτιον φρονήσωσιν, ἅπασι μεταμέλει, οὕτως καὶ
ὑμεῖς μεγάλας καὶ δεινὰς τὰς τιμωρίας ποιήσεσθε, ὥστε ἐξελαύνειν τινὰς τῶν
πολιτῶν ἐκ τῆς πατρίδος.
Θαυμάζω δὲ μάλιστα τούτου τῆς διανοίας. οὐ γὰρ τοῦ αὐτοῦ μοι δοκεῖ εἶναι ἐρᾶν τε
καὶ συκοφαντεῖν, ἀλλὰ τὸ μὲν τῶν εὐηθεστέρων, τὸ δὲ τῶν πανουργοτάτων.
ἐβουλόμην δ' ἂν ἐξεῖναί μοι παρ' ὑμῖν καὶ ἐκ τῶν ἄλλων ἐπιδεῖξαι τὴν τούτου
πονηρίαν, ἵνα ἐπίστησθε ὅτι πολὺ ἂν δικαιότερον αὐτὸς περὶ θανάτου ἠγωνίζετο ἢ
ἑτέρους ὑπὲρ τῆς πατρίδος εἰς κίνδυνον καθίστη.
| [3,40] Ainsi donc, citoyens du Conseil, je ne suis nullement
responsable de ce qui s'est passé : la preuve en est faite, je
crois, suffisamment. Au reste, vous avez vu quel est mon
sentiment sur les démêlés de ce genre : Simon m'a outragé
de bien des manières; il m'a notamment blessé à la tête et
j'ai répugné à porter plainte contre lui : il me paraissait
inadmissible, pour une simple querelle au sujet d'un enfant,
de chercher à le faire chasser de la patrie. 41 Avec cela,
je ne voyais pas du tout où était la préméditation de coups
et blessures dans le fait de blesser quelqu'un sans intention
de le tuer. Quel est en effet l'homme assez simple pour méditer
longtemps à l'avance sur le moyen de biesser un de
ses ennemis? 42 Évidemment, dans l'esprit de nos législateurs,
ce ne sont pas ceux qui, au hasard d'une rixe, se
portent des coups à la tête qui méritent l'exil (que de gens
alors il aurait fallu bannir !). C'est contre ceux qui, se proposant
de tuer, n'ont fait que blesser, parce qu'ils n'ont pas
pu tuer, c'est contre ceux-là qu'ils ont établi des peines aussi
rigoureuses; à leurs yeux, c'était l'intention et la préméditation qui méritaient un châtiment : si les agresseurs n'ont
pas réussi, ils n'en ont pas moins fait tout ce qu'ils pouvaient.
43 C'est dans ce sens que vous-mêmes avez déjà souvent
tranché cette question de la préméditation. Il serait inadmissible
en effet que, pour avoir blessé quelqu'un dans une de
ces rixes causées par l'ivresse, par une querelle, par des insultes,
par une rivalité pour un enfant ou une femme, toutes
choses que l'on regrette dès qu'on revient à la raison, des
citoyens se vissent infliger par vous des châtiments aussi
rigoureux, aussi terribles que l'exil.
44 J'admire fort le caractère de Simon, car je ne vois
pas bien chez le même homme les sentiments d'un amoureux
et ceux d'un sycophante. Les premiers conviennent à un
homme tout simple, les seconds à un franc coquin. Je voudrais
qu'il me fût permis, à votre tribunal, de citer les autres
traits qui vous éclaireraient sur la perversité de cet homme;
vous verriez que ce serait bien plutôt à lui d'encourir la peine
de mort que d'exposer les autres à l'exil.
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