[3,35] Ἔτι τοίνυν, ὦ βουλή, καὶ ἐκ τῆς μάχης τῆς γενομένης
῎ῥᾴδιον γνῶναι ὅτι ψεύδεται. τὸ γὰρ μειράκιον ὡς ἔγνω, ῥῖψαν θοἰμάτιον, φεῦγον
ᾤχετο, οὗτοι δὲ αὐτὸν ἐπεδίω κον, ἐγὼ δὲ ἑτέραν ἀπελθὼν ὁδὸν ᾠχόμην. καίτοι
ποτέρους χρὴ αἰτίους τῶν γεγενημένων εἶναι νομίζειν, τοὺς φεύγοντας ἢ τοὺς
ζητοῦντας καταλαβεῖν; ἐγὼ μὲν γὰρ ἡγοῦμαι πᾶσιν εἶναι δῆλον ὅτι φεύγουσι μὲν οἱ
περὶ αὑτῶν δεδιότες, διώκουσι δὲ οἱ βουλόμενοί τι ποιῆσαι κακόν. οὐ τοίνυν ταῦτα
εἰκότα μέν, ἄλλως δὲ περὶ αὐτῶν πέπρακται, ἀλλὰ καταλαβόντες τὸ μειράκιον ἐκ τῆς
ὁδοῦ ἦγον βίᾳ, ἐντυχὼν δ' ἐγὼ τούτων μὲν οὐχ ἡπτόμην, τοῦ μειρακίου δ'
ἐπελαμβανόμην: οὗτοι δὲ ἐκεῖνόν τε ἦγον βίᾳ καὶ ἐμὲ ἔτυπτον. καὶ ταῦθ' ὑμῖν ὑπὸ τῶν
παραγενομένων μεμαρτύρηται. ὥστε δεινὸν εἰ περὶ τούτων ἐγὼ δόξω προνοηθῆναι,
περὶ ὧν οὗτοι τυγχάνουσιν οὕτω δεινὰ καὶ πα ράνομα πεποιηκότες. τί δ' ἄν ποτε
ἔπαθον, εἰ τἀναντία τῶν νῦν γεγενημένων ἦν, εἰ πολλοὺς ἔχων τῶν ἐπιτηδείων ἐγώ,
ἀπαντήσας Σίμωνι, ἐμαχόμην αὐτῷ καὶ ἔτυπτον αὐτὸν καὶ ἐδίωκον καὶ καταλαβὼν
ἄγειν βίᾳ ἐζήτουν, ὅπου νῦν τούτου ταῦτα πεποιηκότος ἐγὼ εἰς τοιοῦτον ἀγῶνα
καθέστηκα, ἐν ᾧ καὶ περὶ τῆς πατρίδος καὶ τῆς οὐσίας τῆς ἐμαυτοῦ ἁπάσης
κινδυνεύω; Τὸ δὲ μέγιστον καὶ περιφανέστατον πάντων: ὁ γὰρ ἀδικηθεὶς καὶ
ἐπιβουλευθεὶς ὑπ' ἐμοῦ, ὥς φησιν, οὐκ ἐτόλμησε τεττάρων ἐτῶν ἐπισκήψασθαι εἰς
ὑμᾶς. καὶ οἱ μὲν ἄλλοι, ὅταν ἐρῶσι καὶ ἀποστερῶνται ὧν ἐπιθυμοῦσι καὶ συγκοπῶσιν,
ὀργιζόμενοι παραχρῆμα τιμωρεῖσθαι ζητοῦσιν, οὗτος δὲ χρόνοις ὕστερον.
| [3,35] A considérer encore, citoyens du Conseil, la façon
dont la bagarre se produisit, il est facile de voir qu'il ment.
Le jeune garçon, dès qu'il comprit ce qui se passait, lâcha
son manteau et prit la fuite, tandis que mes gens étaient à
ses trousses et que moi-même je m'éloignais par une autre
rue. 36 Or, qui faut-il tenir pour responsables des incidents?
Ceux qui fuyaient ou ceux qui cherchaient à atteindre
le fuyard? Il me parait, à moi, de toute évidence que, lorsqu'on
fuit, c'est parce qu'on craint pour soi-même, et que, si on
poursuit les gens, c'est pour leur faire du mal. 37 Et
qu'on ne dise pas que, si tout cela est vraisemblable, les
choses, en fait, se sont passées autrement. Ayant rattrapé le
garçon, ils l'entraînaient de force hors de sa route ; je les
rencontre par hasard, et, sans les toucher eux-mêmes, je
m'accroche à lui; eux, au contraire, cherchent à l'entraîner
brutalement et me frappent moi-même; les témoins de la
scène l'ont attesté. Il serait donc étrange qu'on me déclare
coupable de préméditation, quand ce sont eux qui ont commis
ces brutalités révoltantes. 38 A quoi aurais-je dù
m'attendre, si c'était le contraire qui se fût produit, si c'était
moi qui, avec une bande d'amis, étant allé à la rencontre
die Simon, l'avais attaqué, battu, poursuivi, rattrapé, tiré et
entraîné de force, lorsque je me vois en ce moment, pour
des actes que lui seul a commis, engagé dans un procès qui
m'expose à perdre ma patrie et tout mon bien ? 39 Mais
voici la preuve la plus forte, la plus éclatante de ses mensonges :
lui qui se prétend la victime de mes attentats, pendant
quatre ans il n'a pas osé porter plainte devant vous.
D'ordinaire, quand on est amoureux, qu'on se voit dépouillé
de ce qu'on aime et roué de coups, c'est dans le premier
mouvernent de la colère qu'on cherche à se venger. Lui, il a
attendu longtemps pour cela.
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